"Il faut produire avant de distribuer"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le maire de Saint-Dié-des-Vosges joue les outsiders dans la primaire socialiste.
Le maire de Saint-Dié-des-Vosges joue les outsiders dans la primaire socialiste.
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Sa différence

Le maire de Saint-Dié-des-Vosges, ancien ministre de l'Industrie, joue les outsiders dans la primaire socialiste. Plus très loin d'obtenir les parrainages nécessaires, il défend un programme axé autour d'une priorité : le retour de la croissance pour faire reculer le chômage.

Christian  Pierret

Christian Pierret

Christian Pierret est maire PS de Saint-Dié-des-Vosges.

Il a été Ministre délégué à l'Industrie, aux Petites et Moyennes Entreprises, au Commerce, à l'Artisanat et à la Consommation.  Il est à l'origine de la "loi Pierret" sur l'ouverture des marchés français, de l’électricité, et des télécommunications à la concurrence.

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Atlantico : Vous mettez essentiellement l’accent sur l’économie dans votre livre-programme. Est-ce que vous estimez que cette dimension est négligée par le projet socialiste ?

Christian Pierret : Le programme socialiste aborde un certain nombre de perspectives économiques, mais comme je crois qu'au cours d'un mandat présidentiel qui ne dire que cinq ans il est nécessaire de s'occuper d'abord de priorités et de centrer son effort sur ce qui paraît le plus important à un moment donné dans l'action publique, il me semble que le plus important aujourd'hui est de lutter contre le chômage. Toutes les formations politiques, tous les gouvernements et tous les présidents de la République n'y ont jamais réussi.

Si la priorité est de lutter contre le chômage, il faut s'en donner les moyens. Pour cela, il faut hausser la croissance économique du pays au niveau le plus élevé possible, et il reste encore aujourd'hui beaucoup de marge. Nous ne faisons aujourd'hui qu'entre 1,2 et 1,3 % de croissance quand l'Allemagne fait plus de 3,5 %. Le gros problème des sociétés européennes, et plus particulièrement encore de la France, c'est cette incapacité quasi structurelle d'avoir un taux de croissance suffisant pour faire régresser le chômage. L'économie est au cœur de mon projet.

Il y a une deuxième raison qui m'oppose à ce que le projet socialiste indique. Celui-ci part de la société française pour rester sur des considérations hexagonales, alors que je pense qu'il faut partir de la situation internationale pour arriver en fin de raisonnement à ce qui se passe en France. Autrement dit, par rapport à d'autres candidats à la candidature avec lesquels je suis en contradiction absolue, comme monsieur Montebourg, je joue à plein l'idée que, acceptant la mondialisation comme un fait, j'en déduis un certain nombre de conséquences sur ce qu'il doit être fait en France pour nous y adapter en la rendant plus supportable et pour combattre le chômage.

Il s'agit d'une social-démocratie, je tiens à ce mot, qui soit en accord avec tous ce que nos autres collègues et amis ont fait à travers l'Europe, du Nord jusqu’à l'Espagne. Le Parti socialiste ne s'est pas transformé autant dans son approche des problèmes que ne l'ont fait les autres partis, et il faut que nous choisissions, nous, socialistes français, une voie clairement social-démocrate.

Qu’est-ce qui vous différencie de François Hollande sur la question de la social-démocratie ?

Il y a beaucoup de points qui nous rapprochent, mais il ne parle pas, comme moi, de l'importance des contraintes internationales sur notre marge de manœuvre. Je pense par exemple, compte tenu de ces contraintes, tenir compte du fait que notre premier budget en France est celui de la dette. Que le président soit de droite ou de gauche, il y a un impératif absolu de réduire la dette publique.

Je pense que les Français sont aujourd'hui très conscients que leur pays, pour exister dans la compétition mondiale et se donner des chances de retrouver un emploi dynamique, doit résoudre la question de l'endettement public et du fait que l'on vit sur le crédit des générations futures. Ce n'est ni sérieux ni juste. Il y a pendant trois ans un effort considérable de redressement des finances publiques à opérer, un effort considérable de meilleure répartition des efforts entre l'Etat et les collectivités territoriales, et une défense de l'autonomie des collectivités territoriales.

Je dis une chose tout à fait vraie qui me différencie des autres candidats : il faut produire avant de distribuer.

D’après vous, pourquoi vos concurrents ne font pas le même diagnostic ? Pensez-vous qu’ils préfèrent ménager l’aile gauche du PS et les autres partis de gauche ?

Il ne faut surtout pas - c'est votre question qui m'incite à répondre comme ça - penser au deuxième tour des présidentielles avant d'avoir gagné le premier, c'est à dire refaire l'erreur qui nous fut fatale en 2002 en travaillant pour ramener à nous d'autres candidats, leurs voix et celles de l'ensemble des familles susceptibles de voter pour le candidat social-démocrate au deuxième tour. Il faut déjà gagner le premier. Et je pense que, compte tenu de la maturité du peuple français, qui se rend bien compte de la situation, l'une des conditions de la victoire est de parler un langage de vérité. Il faudra donc dire aux gens qu'il y aura un effort à faire pour nous adapter et pour combattre nos défauts.

Est-ce que vous aurez le nombre de parrainages nécessaires avant la date fatidique du 13 juillet ?

Je suis très proche d'aboutir au nombre de signatures nécessaires.

Est-ce que vous craignez d’être inaudible dans une campagne où les médias vont se concentrer sur les deux ou trois candidats les plus connus, comme cela s’est passé pour la primaire des écologistes ?

Les écologistes disaient tous à peu près la même chose, surtout ceux qui restent en lice, alors que nous avons au PS des différences notables, entre ceux qui tirent vers une présentation très "1981", ou très "1997", et d'autres, comme moi, qui proposent carrément une mutation social-démocrate de nos propositions. Je prends le projet socialiste comme une base, et autour de cette base je bâtis une conception qui a sa cohérence. Les gens sont tellement las de la politique, de gauche comme de droite, que si quelqu'un dit la vérité, il va forcément attirer l'attention.

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