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Choses vues Place de la République et à Notre-Dame : ils sont comme ça, les Français
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Un dimanche, deux ambiances

Dimanche après-midi, les parisiens étaient nombreux à se rendre Place de la République et sur le parvis de Notre-Dame, au grand dam des forces de sécurité qui demandent pourtant à la population de rester chez soi.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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Ils sont comme ça, les Français. On leur dit de ne pas se rassembler dans les lieux publics et les voilà ce dimanche après-midi des centaines, probablement des milliers, à s’agglutiner Place de la République, au grand dam des nombreux CRS qui patrouillent, gilet pare-balle sur la poitrine et fusil à la main. "On a laissé tomber les appels à la dispersion par haut-parleur, il y a trop de monde, mais on veille".

Au pied de la statue de la République, les gens attendent patiemment pour approcher du monument et y déposer une bougie, un petit mot ou une fleur. Même cérémonial le long d’une grande fresque dessinée pendant la nuit sur une palissade sur laquelle s’étale en lettres géantes la devise de la capitale, "Fluctuat Nec Mergitur", ("Il est battu par les flots, mais ne sombre pas") et le navire du blason de la capitale. Ils sont comme ça, les Français. On assassine leurs dessinateurs pour les bâillonner et onze mois après, ils ne peuvent empêcher leur amour de l’art et leur génie créatif de reprendre le dessus.

Il y a aussi les désormais habituels "distributeurs de câlins". Equipés d’une pancarte en carton qui annonce "Free Hugs" (câlins gratuits), ces jeunes gens déclinent à la française la tradition anglo-saxonne du "Hug", cette embrassade qui permet aux Etats-Unis d’éviter la bise et dans laquelle on sert à peine les bras autour de l’autre. Place de la République, on sent bien que, quand la demoiselle qui se présente pour partager un Hug est jolie, la tentation d’appuyer un peu l’embrassade n’est jamais très loin. Ils sont comme ça, les Français. Indécrottables enjôleurs.

Dans la partie Nord de la place, c’est une chorale de jeunes qui chante un pot-pourri qui mêle les tubes de Bob Marley (Get up Stand up) et la Marseillaise. Les notes ne sont pas toujours très justes, mais peu importe. Ils se marrent et font le spectacle devant les caméras de télévision du monde entier. Ils sont comme ça, les Français. Fanfarons et fêtards.

Les familles sont venues avec les gosses qui font du vélo ou du patin à roulettes et devant les cafés de la rue de Turbigo, les terrasses sont bondées. Ils sont comme ça, les Français. Amoureux des moments passés ensembles autour d’un verre, même si c’est pour partager leur chagrin. Surtout si c’est pour exorciser leurs craintes.

Pendant ce temps-là, selon Alice, un témoin, le parvis de Notre-Dame était noir de monde pour le son du glas, donné avant la messe à la cathédrale en mémoire des victimes, dite par l'archevêque de Paris André Cardinal Vingt-Trois. "Ce qui m'a frappé c'est la densité du silence, pendant tout le temps où les cloches ont sonné," soit un quart d'heure. "On sentait une vraie présence, une vraie énergie, un vrai recueillement. C'était très très puissant." Toute la foule était digne, avec une grande diversité, catholiques ou non, sans mouvements d'humeurs--ni colère, ni pleurs.

Cet après-midi, les Français ont montré aux assassins que ces derniers ne pourront jamais gagner. Il faut que les tueurs de l’état islamique le sachent. S'ils veulent combattre la fronde, la fête, la musique et la drague, dans les rues ou sur les terrasses des cafés, dans les salles de concert ou dans  les stades : cette guerre, ils l'ont perdue d'avance.
Parce que les Français maîtrisent très bien le terrain et que nous sommes SUPER BIEN ENTRAINES !

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