Chant de la terre : des scientifiques percent à jour le mystère du bruit émis par la planète en permanence<!-- --> | Atlantico.fr
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La Terre "bourdonne" en permanence.
La Terre "bourdonne" en permanence.
©Reuters

Donnez-moi le "la"

La Terre "bourdonne". Les scientifiques le savaient mais ne parvenaient pas à trouver une explication satisfaisante. C'est désormais chose faite, grâce à trois chercheurs français.

Les scientifiques savent depuis longtemps que la Terre émet du bruit. La raison qui avait été identifiée jusqu'alors se trouvait dans les tremblements de terre. Ces derniers peuvent en effet pousser notre planète à pousser la chansonnette pendant plusieurs jours, voire des mois. Un son inaudible par la plupart des personnes. Dans les années 90, grâce à l’amélioration technologique des capteurs, ils se sont rendu compte que ce son était constant, en réalité, et ne dépendait donc pas de la survenance ponctuelle de tremblements de terre. On dit prosaïquement que la planète "bourdonne". Les poètes et amateurs d’opéra préfèreront parler du "Chant de la terre", en référence à l’œuvre de Gustav Mahler.

Une vision poétique que partagent moins les habitants de certaines zones très précises, comme Bristol (Angleterre), Bondi (Australie), Taos (Etats-Unis) ou Largs (Ecosse). Le "Hum", comme ont l’appelle, ou bourdonnement, aurait été remarqué pour la première fois dans les années 50, par quelques habitants de ces zones, généralement âgés de 55 à 70 ans. Ils n’ont beau être que 2 % à se plaindre de ce bruit qui ressemble à un moteur diesel dans le lointain, le phénomène a suscité la curiosité de plusieurs équipes de chercheurs, qui n’ont pu qu’avancer des hypothèses. Parmi elles, il y avait les vagues des océans : les vibrations générant ce son pourraient provenir de vagues immenses, dont l’ampleur est telle qu’elles atteignent les fonds marins. Imperceptiblement, elles "secoueraient" la Terre. Pour d’autres, cela pouvait s’expliquer par le choc entre certaines vagues. Mais ces pistes ne suffisaient pas à expliquer tout le champ des vibrations observées sur les capteurs de tremblements de terre.

Ecouter le "Hum" :

Des incertitudes insatisfaisantes, donc, auxquelles trois chercheurs français ont mis un terme grâce à une étude dont les résultats ont été publiés dans la revue Geophysical Research Letters. La raison se trouve dans les vagues dites "infragravitaires", bien plus longues que les autres, et donc de plus basse fréquence : ces ondes, en percutant le talus continental – là où le plateau continental se termine en pente brutale pour laisser place à la plaine abyssale – provoquent une vibration permanente, qui se traduit par un son perceptible en certains lieux, par quelques personnes.

Selon Fabrice Ardhuin, membre de l’équipe et chercheur à l’Ifremer, cette meilleure compréhension du bourdonnement de la Terre, devrait permettre aux scientifiques de créer de meilleures cartes de l’intérieur de la planète. Les ondes se propageant en profondeur sous la croûte terrestre, et peut-être même jusqu’au noyau, leur analyse améliorerait notre connaissance de la structure de la Terre. Reste encore à déterminer pourquoi le "Hum" s’entend dans certains endroits uniquement. De quoi occuper les chercheurs pendant quelque temps ecore.

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