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Peut-on être adulte et jouer au Dodgeball ?
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Balle aux prisonniers

Un tournoi de "dodgeball", le Be Street Dodgeball Championship, aura lieu le 17 mai à Paris, en présence de personnalités comme le rappeur Orelsan. Ce jeu collectif vous semble inconnu ? Il s'agit en fait de la bonne vieille "balle au prisonnier", transformée et modernisée. Faut-il pour autant prendre la balle au bond et pratiquer ce sport popularisé par Ben Stiller ?

Eric Dugas

Eric Dugas

Eric Dugas est maître de conférences HDR à l'UFR STAPS Paris Descartes. Il a écrit « L’homme systémique. Pour comprendre les pratiquants de jeux sportifs» Nancy, Presses Universitaires de Nancy- 2011.

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Le 17 mai prochain à Paris se déroulera un tournoi d’un jeu sportif collectif : le Dodge ball. Inconnu par la plupart d’entre nous, il existe pourtant bel et bien une fédération sportive internationale : l'International Dodge Ball Fédération (IDBF), créée par Rusty Walker (1996). Sa réputation traverse même l’atlantique pour venir s’implanter en Europe sous l’égide de l’Européenne Dodge ball. Cette dernière organise d’ailleurs prochainement en Italie, l'édition 2012 des Championnats d'Europe de Dodge ball (25-26 août 2012 à Cesenatico).

Mais qu’est-ce que ce jeu sportif ? Est-ce un simple espace de défoulement pour quelques illuminés nostalgiques des jeux de leur enfance ou bien est-ce un nouveau sport d’opposition collective original à l’instar de l’attractif Urban football ou du moins connu Jorkyball, ou encore de plus étrange et hybride kronum (qui dispose d’un championnat professionnel aux Etats-Unis (Kronum.com) ? Ne vous faisons pas languir car le jeu du Dodgeball, sous cette appellation, est encore trop peu connu du public français, alors que l’IDBF prévoit sur le sol américain pour fin 2013 des rencontres sportives dans 50 états, drainant dans son sillage environ 300 000 joueurs.

Selon le règlement instauré dans les différents tournois, ce jeu oppose généralement deux équipes composées respectivement de 5 joueurs (+ 1 ou 2 joueurs éventuellement) dans un gymnase sur un terrain rectangulaire (le rebond des ballons sur les murs engendre du piment aux joutes interactionnelles). Les camps sont séparés par une ligne médiane sur laquelle, au début du jeu, est déposée au minimum 4 ballons en mousse, recouvert de caoutchouc. Au coup de sifflet, les joueurs se précipitent pour récupérer les ballons afin de se tirer dessus et tenter d’éliminer leurs adversaires un à un en les touchant (il est interdit aux joueurs de franchir corporellement la ligne médiane). Si un joueur capte la balle directement (sans rebond au préalable) au cours d’un tir adverse, le joueur élimine le tireur, mais celui-ci est remplacé par un de ses coéquipiers (déjà sorti ou remplaçant). Au final, selon les organisateurs, le match peut se terminer soit par un temps limite (au bout de 3 à 5 minutes, l’équipe possédant le plus de joueurs dans l’aire de jeu est désignée gagnante), soit, plus rare en tournoi, par un score limite (lorsque tous les joueurs d’une équipe sont tous éliminés), soit habituellement un mixte des deux (et en cas d’égalité, on peut convenir d’une « mort subite » :  au premier touché, l’équipe est éliminée).

De par ces caractéristiques, le Dodgeball s’inscrit dans la famille des jeux d’esquive-ballon tels que les jeux de « balle aux chasseurs par équipes » et/ou de la fameuse « balle aux prisonniers » de notre enfance. Ce jeu sportif, comme bon nombre d’entre eux au cours des derniers siècles, s’est sportifié en créant des règles sous l’égide de fédérations de type sportif. À ce titre, l’engouement constaté des jeunes et moins jeunes montre bien qu’un jeu n’est pas réservé exclusivement à l’univers enfantin. Certains jeux resteront « jeu » sans passer par la case « sport » (par volonté ou pas), comme des sports peuvent redevenir jeu et perdre ainsi leur légitimité institutionnelle.

Pour illustration, le handball se jouait auparavant à 11 contre 11 sur un terrain de handball. Si sa création et son éclosion en jeu réduit à 7 contre 7 ne s’était pas produite, il serait sûrement resté un simple jeu sportif (car, entre autres, moins spectaculaire à regarder). Si la mayonnaise ne prend pas, est-ce pour autant qu’un jeu reste futile et réservé aux enfants ? Non. Qu’il se pratique de façon informelle (pratique de loisir en dehors d’une fédération) ou dans le cadre du sport avec son lot de rencontres officielles, le Dodge ball n’en perd pas moins sa saveur : quand on entre dans le jeu, on se prend au jeu, et ce de 7 à 77 ans !

Le sel de ce jeu réside donc dans les subtiles et rapides interactions entre les joueurs où se mêlent avec bonheur ruses, feintes, tirs, esquives, stratégies individuelles et collectives, habiletés, précisions, etc. D’ailleurs une version du Dodge ball sur trampoline géant fait fureur actuellement.

Guettons, comme de nombreux autres jeux qui se sportifient, si son ascension peut l’amener au panthéon du sport, c’est-à-dire aux portes des jeux olympiques, à l’instar du Korfball (sport collectif mixte de démonstration au JO de 1920 et 1928 et reconnu encore actuellement par le CIO) ou du Tir à la Corde (TWIF). Seul l’avenir nous le dira…

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