Ceux qui voulaient changer le monde : les idées pour 2015 d’Alexis Corbière du Parti de gauche<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour Alexis Corbière, le vote aux élections doit devenir obligatoire et le vote blanc pris en compte
Pour Alexis Corbière, le vote aux élections doit devenir obligatoire et le vote blanc pris en compte
©Reuters

Renouer le peuple avec la politique

Pour ce premier épisode des idées pour changer le monde en 2015, Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche, nous présente son diagnostic des vrais problèmes auxquels nous sommes confrontés. Perte de foi en la démocratie, déroute économique, creusement des inégalités... Et propose des solutions marquées pour y répondre.

Alexis Corbière

Alexis Corbière

Alexis Corbière est porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. Il est également l'auteur de l'ouvrage Le piège des primaires (éditions du Cerf, septembre 2016).

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Renouer avec la croissance économique par la réduction des inégalités

Le modèle économique actuel défendu par MM. Hollande et Valls, mais aussi auparavant à peu de choses près par MM. Sarkozy et Fillon, marqué essentiellement par la baisse des recettes et par voie de conséquences des dépenses publiques ne fonctionne pas. On fait ainsi souffrir les peuples pour rembourser les banques, qui continuent par ailleurs à afficher des bénéfices records. Quel intérêt démocratique y a-t-il à cette politique économique ? Aucun. Pourtant, il existe un entêtement politique de la part du gouvernement actuel à vouloir s'y conformer coûte que coûte, à accepter en permanence la pression de Bruxelles et de manière sous-jacente, de l'Allemagne dirigée par Mme Merckel. Non seulement cet ultra libéralisme, conduit par des exaltés méprisant les peuples, est un échec, mais surtout, au regard de ce qui se déroule actuellement dans notre pays et dans le reste de l'Europe, chacune de ses potions ne soigne aucun des maux et manque de tuer le malade. Elles sont des facteurs aggravants pour les peuples qui voient avec colère le chômage et la misère augmenter. 

Ouvrons les yeux. En France, en raison de mauvaises décisions politiques, la répartion des richesses a été profondément bousculée au profit du Capital. En l'espace de 30 ans, près de 10% des richesses produites ont été versées vers le Capital plutôt que vers le Travail tel que c'était le cas auparavant. En modifiant cette état de fait, en revenant seulement à la situation de 1983, il serait possible de réduire les inégalités, en faisant revenir cet argent vers le travail, c'est à dire par exemple en augmentant les salaires (nous voulons placer le SMIC à 1700 euros) plutôt que voir augmenter la part reversée aux actionnaires. Ainsi, on s'attaque vraiment à la finance et à la paupérisation des populations les plus fragiles, tout en renouant avec la croissance. Le levier de la consomation populaire est celui qui est, pour le Parti de gauche, à privilégier pour relancer l'économie de notre pays. Sortons du prêchi-prêcha courant, la croissance française ne repose pas sur la compétition internationale mais sur la consommation nationale, ou dit autrement la demande intérieure.

Autre priorité : que faire contre les inégalités salariales ? Nous proposons par exemple de mettre en place un écart de  salaire ne pouvant excéder l'échelle de 1 à 20 dans l'entreprise, pour lutter contre les écarts de salaires. L'idée est donc de créer un cercle vertueux pour que quiconque, en haut de l'échelle des salaires de l'entreprise, souhaite s'augmenter, en fasse également profiter les bas salaires.

Il faut également la fin du gel du point d'indice des fonctionnaires qui a fait baisser leurs revenus ces dix dernières années, relever les minimas sociaux, et notamment pour les retraités qui devraient tous bénéficier d'une pension au moins égale au SMIC.

Nous proposons aussi une réforme fiscale en profondeur, c'est à dire une vraie révolution fiscale, avec plus de justice et progressivité en mettant en place 14 tranches d'impôts. Ainsi on pourrait faire gagner près de 20 milliards à l'Etat. Notre réforme ne commencerait à impacter que les salaires supérieurs à 8 200 euros par mois et n'aurait pas de conséquences par les autres.

Si pour mettre en oeuvre cet ensemble de mesures en France, il faut désobeir aux traités européens et plus généralement aux traités de libre échange, nous l'assumerons sans complexe. Il est devenu évident qu'aucun chagment n'est possible sans rompre avec le Pacte de stabilité et son étau budgétaire. Ceux qui disent l'inverse sont des bonimenteurs.

Donner les moyens au peuple d'être un peuple politique

Notre peuple doit retrouver sa pleine souveraineté. Elle n'est pas possible dans le cadre de la Ve République née dans la crise de 1958, et taillée sur mesure pour l'épanouissement d'un "monarque présidentiel". C'est infantilisant pour les citoyens et ne correspond pas aux exigences démocratiques de notre temps. Il est frappant d'observer que les politiques d'austérités, en France comme ailleurs, vont souvent de pair avec des méthodes autoritaires. Cela produit des effets délétères. L'un des problèmes majeurs actuellement réside dans la perte d'intérêt pour l'action civique. De plus en plus de personnes s'abstiennent lors des élections, elles se sentent légitimement mises à l'écart de la vie publique, dégoûtées du fait que les hommes et les femmes politiques ne tiennent pas leurs engagements. C'est le symptôme de la décomposition de la Vème République, où les pouvoirs concentrés en une seule personne ont pour effet de déresponsabiliser le citoyen et les élus.

C'est pourquoi il faut d'urgence abandonner cette Ve République. Et la méthode pour le faire est importante. Ce changement vers une VIème république ne doit pas se faire avec un comité d'expert. Il est nécessaire de convoquer une Assemblée constituante, pour que le peuple s 'empare de ce grand débat démocratique, et fasse entendre ses choix pour aller vers une 6ème République. C'est ainsi que le peuple, actuellement simple multitude, deviendra un peuple politique défendant l'intérêt général. Dans le cadre de cette grande réflexion, des idées nouvelles vont émerger. Pourquoi pas le vote obligatoire avec prise en compte du vote blanc ? Il n'est pas acceptable que des élus réprésentent le peuple en ayant seulement bénéficé parfois de moins de 25 % des électeurs inscrits. Aucune démocratie réelle ne doit s'habituer à l'abstention de masse. Autre idée, celle d'un droit de révocation de tous les élus à mi-mandat si un nombre significatif de citoyens le réclame, cela permettrait d'assurer une représentativité constante et une pression démocratique sur les élus qui ne pourront s'écarter de leurs engagements pris devant le peuple.

Mais la 6e République devra également accorder des droits nouveaux dans l'entreprise. Le citoyen du 21ème siècle ne doit plus être un "serf dans l'entreprise" comme disait en son temps le grand Jaurès.  Il faudrait aussi assurer une réprésentation proportionennelle des courants de pensées politiques, inscrire dans la nouvelle constitution ce que nous appelons "une règle verte", qui consisterait à refuser de puiser de la planète davantage que ce qu'elle peut produire. Au Parti de Gauche nous appelons cela "l'écosocialisme". Une évidence s'impose à présent : il faut sortir du productivisme qui détruit notre planète pour le profit d'une poignée de profiteurs.

Mais la liste de propostions est encore longue. Soyons imaginatif, et surtout faisons confiance à notre peuple !

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