Cette guerre des monnaies qui menace l'économie mondiale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Cette guerre des monnaies qui menace l'économie mondiale
©Reuters

Esprit de 2008, es-tu là ?

Monnaie américaine en constante progression, repli de l'euro, baisse du prix du pétrole et autres matières premières, hausse du pouvoir d'achat, tout semble parfait. Mais, attention au retour de bâton : le souvenir de la crise de 2008 n’est pas loin.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

A première vue, tout le monde se réjouit en Europe de la hausse du dollar, car elle a pour corollaire un repli de l’euro qui était réclamé à cors et à cris par les gouvernements du vieux continent. Chaque jour apporte son lot de bonnes nouvelles sur les effets bénéfiques qui se sont déjà produits. Les prix du pétrole et des matières premières sont en chute accélérée, tandis que les taux d’intérêt flirtent avec le zéro. On évoque les hausses de pouvoir d’achat qui en résultent pour les populations et qui se chiffrent en milliards pour la France dès cette année. Les organismes internationaux revoient à la hausse leurs prévisions de croissance qui pourrait atteindre 1,1% dans l’hexagone en 2015 et 1,7% l’an prochain, des chiffres que les plus optimistes n’osaient pas envisager il y a seulement quelques mois.

Pourtant quelques craintes commencent à s’exprimer sur ce scénario rose. Certains s’interrogent pour savoir si le mouvement  de bascule qui affecte les monnaies et a replacé le dollar sur un piédestal n’est pas en train d’aller trop loin. En un an, le billet vert a progressé de vingt pour cent par rapport aux grandes devises internationales et même 27% vis-à-vis de l’euro. Sans compter qu’on n’en voit pas la fin. L’euro est sur la voie de la parité avec le dollar et pourrait même tomber en-dessous selon les analystes. Le mouvement engagé paraît si puissant qu’il commence à poser problème aux Etats-Unis.

Déjà, les industries exportatrices souffrent de la concurrence accrue qu’elles subissent sur les marchés étrangers, ce qui va entraîner un coup de frein à la croissance. La stratégie de la Fed en faveur d’un relèvement  progressif des taux d’intérêt se trouve battue en brèche, puisque toute nouvelle hausse du billet vert conduit au contraire à un abaissement du loyer de l’argent. Tombé souvent à des niveaux négatifs, au point que les grandes entreprises qui veulent déposer de l’argent dans leurs banques se voient taxées aujourd’hui au lieu de recevoir un intérêt, sans  parler des risques qui pèsent à  terme sur la rémunération de l’assurance-vie. Il est pourtant indispensable de relever le niveau du loyer de l’argent.

C’est tout l’ensemble du monde qui se trouve concerné : la Russie et les pays du Tiers Monde producteurs d’énergie et de matières premières voient leurs ressources s’effondrer à l’image de leurs devises  tandis que leurs dettes prennent des proportions  alarmantes. De son côté l’Allemagne voit ses exportations stimulées par la chute de l’euro, alors qu’elle a déjà des excédents excessifs de ses échanges.

Bref, les déséquilibres sont en train de s’installer partout avec le risque de faire renaître une guerre des changes qui serait préjudiciable à la reprise économique en train de s’esquisser en Europe notamment. La mondialisation permet un déplacement de masses considérables qui perturbe le fonctionnement des circuits traditionnels. Le souvenir de la crise de 2008 n’est pas loin et hante les esprits des financiers. Il est urgent de calmer le jeu. Le bon fonctionnement de l’économie suppose avant tout la stabilité et des évolutions lentes, le contraire de ce que l’on est en train de vivre aujourd’hui.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !