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Ces secteurs où les chances de  trouver un emploi en traversant la rue existent
©KAZUHIRO NOGI / AFP

Atlantico Business

Et parmi les secteurs concernés, à la fois des secteurs traditionnels comme l’industrie mais plus surprenant, on retrouve aussi l’informatique.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Un job ? « Je traverse la rue et je vous en trouve ».  On ne peut pas tout à fait donner tort au président de la République. Mais attention à dire toute la vérité.

Cela dit, la France n’est ni le Canada où la recherche d’emploi ne dure pas une semaine, ni l’Australie où le jeune Français est alpagué dès sa descente d’avion.

La France est encore un pays où le chômage officiel flirte avec les 10%. On est plus près de l’Italie ou de l’Espagne que de l’Allemagne. A côté de ça, il existe près d’un million d’emplois qui ne trouve pas preneur.

On en connaît les raisons majeures : problème de formation, problème de mobilité, problème de rémunération…

Tout le monde grogne, à commencer par les chefs d’entreprise. Malgré ce taux de chômage autour de 9%, beaucoup le disent haut et fort, ils ont des difficultés à embaucher comme ils  le voudraient.

L’enquête annuelle “Besoins en main-d’œuvre” de Pôle emploi rapporte que cette tendance des entreprises à connaître des difficultés d’embauches est même en forte hausse : 44,4% des entreprises, par rapport à 37,5% d’entre elles en 2017 partagent ce problème. Et au delà du fort taux de chômage et des dépenses sociales qui vont avec, c’est notre potentiel de croissance qui est touché. D’où les réformes sur le monde de l’apprentissage et de la formation, afin d’améliorer l’adéquation entre offre et demande de travail, principale raison évoquée par les professionnels du recrutement.

Parmi les pans de l’économie encore en sous-embauche, on retrouve les secteurs de services, qui emploient beaucoup de personnes, particulièrement chez les peu qualifiés.

Les services à la personne ont de gros besoins, mais éprouvent aujourd’hui des difficultés à pourvoir certains postes, on retrouve dedans beaucoup d’aides à domicile. Pour les professionnels, la difficulté de recrutement s’explique par des contraintes sectorielles : une majorité des emplois à pourvoir est en horaires décalés ou durant le weekend, ce sont des postes assez physiques alors que la moyenne d’âge dans cette profession est plus élevée qu’ailleurs (46 ans contre 41 ans pour l'ensemble de la population active). Enfin, les conventions collectives qui fixent les tarifs horaires ne permettent pas aux entreprises d’attirer suffisamment de main d’œuvre. Les entreprises se sont pas en mesure de se démarquer rendant l’offre d’emploi pas assez attractive.

Transport et logistique. Oui, le secteur profite à plein de la bonne santé du commerce en ligne.  Ici, les manutentionnaires ou les chauffeurs routiers sont recherchés et pas forcément diplômés, la formation s’effectuant pour beaucoup d’entreprises en interne. Seul hic : beaucoup de temps partiels qui réduit le spectre des potentiels candidats.

Dans la restauration, c’est surtout dans les cuisines où se concentrent les difficultés de recrutement et les professionnels pointent un manque de cuisiniers diplômés. Et en restauration plus particulièrement, ce sont le bouche à oreille ou les petites annonces sur internet qui fonctionnent mieux que Pôle Emploi.

Si l’on prend en compte l’ensemble du secteur hôtellerie-restauration, ce sont près de 140 000 offres qui seraient difficiles à pourvoir.  Mais le secteur reste plombé par sa forte instabilité et surtout la saisonnalité qui concerne plus de la moitié des emplois.

Le secteur du bâtiment. Le bâtiment en France a un potentiel énorme car c’est un secteur cyclique, qui bénéficie de la reprise de la croissance et des investissements. Avec l’accroissement de la population qui reste constant en France, la demande de constructions de logements est très forte, plus particulièrement dans les grandes agglomérations comme Paris. Les professions du secteurs qui recrutent sont très diverses : couvreurs, électriciens, conducteurs d’engins mais aussi des ingénieurs du BTP ou des métiers juridiques d’expertise et de conseil en immobilier. Mais même un ouvrier doit avoir les compétences techniques, qui se sont largement accrues ces dernières années avec la mécanisation, le développement du numérique et les contraintes écologiques.

Les métiers de l’industrie ont depuis longtemps l’habitude de ces difficultés de recrutement. L’industrie souffre d’un déficit d’attractivité depuis le boom des services, qu’elle a eu du mal à combler, même s’il existe des différences selon les secteurs qu’elle couvre. Par exemple, les industries chimiques ou pharmaceutiques sont assez plébiscitées à cause de leurs meilleurs salaires, alors qu’à l’inverse les industries de l’agroalimentaire ou la métallurgie ne bénéficient pas de la même image.

Ces industries sont plus cycliques et les entreprises ont besoin de personnels flexibles selon le remplissage des carnets de commande. Quand ceux-ci sont pleins, les industriels, qui ont du mal à embaucher et à former des conducteurs de ligne, se retrouvent bloqués par les délais que leur imposent leurs fournisseurs. La production effective ne suit pas celle qui pourrait théoriquement être fournie si les besoins étaient satisfaits.

Enfin, on retrouve les secteurs que l’on a longtemps estimés comme secteurs d’avenir, mais où les formations ne sont pas encore assez adaptées

L’IT, l’informatique, c’était il y a 10 ans le secteur qui faisait rêver les jeunes, mais qui se retrouve pourtant aujourd’hui comme ayant de grosses difficultés à embaucher. Les développeurs informatiques sont d’ailleurs parmi les plus chassés sur le marché du travail. Parce que les compétences sont à la fois pointues et multiples mais qu’elles deviennent vite obsolètes ou parce qu’un développeur à Paris gagne actuellement dix fois moins en revenu net (à comparer avec le coût de la vie) qu'un développeur à Seattle. Enfin, le secteur laisse de côté la moitié de la population active, car il a longtemps été boudé par les femmes.

On pourrait aussi parler de l’intelligence artificielle, car tout est encore tout nouveau. Il y a bien des difficultés d’embauches mais elles sont relativement faibles en nombre comparées à d’autres secteurs et sont surtout dues à l’émergence de tout nouveaux métiers, comme celui de géomaticien – un géographe chargé de mettre en relation carte et data.

Mais le point commun à tous les secteurs, c’est la taille des entreprises : ce sont surtout dans les PME et les ETI que les difficultés d’embauches se concentrent.

Le rêve de rejoindre un grand groupe pour les salariés reste le courant dominant, alors que ceux qui veulent développer leur fibre entrepeneuriale sont séduits par les startups. Au milieu, on recense près de 200 000 entreprises, PME et ETI, qui sont pourtant les plus créatrices d’emplois. Autant d’entreprises qui, pour se démarquer et attirer les candidats, sont obligées d’améliorer leurs conditions d’emploi : en proposant en interne une formation, ce qui peut être valorisant pour l’employé ou alors en assurant au salarié une plus grande sécurité. Alors que l’industrie était une grande consommatrice d’interim, elle a du s’adapter et proposer une nouvelle forme de contrat hybride : le CDI intérimaire.

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