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Les marchés font peser de nouveaux dangers sur les investisseurs.
Les marchés font peser de nouveaux dangers sur les investisseurs.
©Reuters

Decod'Eco

Les marchés ne fonctionnent pas de manière normale en ce moment et, surtout, ils font peser de nouveaux dangers sur les investisseurs.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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Étrange, étrange...

Oui, ce qui se passe en ce moment sur les marchés est fort intrigant. D'un côté, les plus-hauts historiques ont été touchés, franchis, et largement dépassés par les principaux indices actions américains. De l'autre, Ben Bernanke semble enfin reconnaître que la politique pratiquée depuis 2009 par la Fed risque de ne pas être sans conséquence.

Voici ce qu'expliquait Claire Diaz dans Protection & Rendements : "Ben Bernanke s'exprimait vendredi [10 mai 2013] dans le cadre de la conférence annuelle sur les structures bancaires et les systèmes de compensation financière organisée par la Réserve fédérale de Chicago. Il a rappelé que quatre ans après la phase la plus intense de la crise financière, son héritage reste'."

"Des risques importants demeurent dans les marchés du crédit de gros à court terme", s'alarme le chef de la Fed. Il poursuit : "l'un des risques clé est lié à la réponse que donnerait le système à la faillite d'un courtier négociateur ou à un autre grand emprunteur professionnel. Même si le système bancaire occulte est moins important aujourd'hui qu'il ne l'était avant la crise... les régulateurs et le secteur privé doivent résorber les poches de fragilité restantes", a insisté Ben Bernanke, qui s'est dit "très attentif aux risques croissants de bulles financières".

Les marchés ne fonctionnent pas de manière normale.

Lisez la phrase ci-dessus. Relisez-la encore une fois car il est indispensable de bien l'intégrer, surtout pour nous, investisseurs particuliers.

L'or nous ne le dit...

Quand l'or a violemment décroché le mois dernier, certains y ont vu le signe d'un retour à la normale, de bonne santé retrouvée des marchés financiers. Effectivement, si les investisseurs se détournaient de l'or, ne s'intéressaient plus à son rôle de protection contre les dérives des monnaies fiduciaires et de l'inflation, si les banques centrales n'utilisaient plus le métal jaune dans une tentative de diversifier leurs réserves financières, alors oui, cela serait le signe que les marchés fonctionnent de nouveau normalement.

Mais ce n'est pas le cas : les investisseurs continuent à se ruer sur l'or physique, comme le soulignait Cyrille Jubert, auteur d'une Histoire de l'Argent : "La Banque du Mexique a vendu en janvier, février et mars de cette année 46 714 onces, 82 634 onces et 44 063 onces d'argent. Le 23 avril, elle annonçait avoir déjà vendu 174 000 onces, soit plus que les trois mois précédents. Au Royaume-Uni, les ventes de pièces en métaux précieux ont triplé en avril par rapport au mois précédent. En Australie, la Mint de Perth travaille 7 jours sur 7. La société avait programmé ce rythme de travail en espérant reconstituer des stocks, mais leur constat actuel, c'est qu'ils n'ont même pas réussi à répondre à la demande".

"La Royal Canadian Mint a vendu sur les quatre premiers mois de l'année 2013 440 000 pièces d'or d'une once et 9 millions d'onces d'argent en Silver Maple Leaf. Par rapport à la même période en 2012, cela représente une hausse de 123%".

"L'US Mint a vendu en avril 209 500 onces d'or contre un total de 292 000 durant les trois mois précédents. Un record. Au mois d'avril, elle a vendu plus de 4 millions de Silver Eagle. Ce qui amène le total de 2013 à 18 310 000 onces, soit plus que les ventes de 2005 et 2006 réunies. Depuis le début de l'année, elle a vendu 26 tonnes d'or et 569 tonnes d'argent".

"A Hong-Kong, le président de la Chinese Gold & Silver Exchange, Haywood Cheung Tak-hay déclare que, pendant les trois jours de vacances liés au 1er mai, 60 tonnes d'or ont été vendues aux touristes venus en masse pour profiter des soldes organisées par les traders. Les ventes ont doublé par rapport à la même période l'an dernier".

Ce qui ne veut pas qu'un krach de l'or n'est pas de nouveau possible. Nous en avions parlé dans le cadre de la Quotidienne d'Agora : une nouvelle plongée de l'once est très probable, peut-être même avec un recul vers les 1220 $-1225 $, et même – en cas d'attaque violente – vers les 1000 $. Depuis quelques jours, l'or décroche à nouveau, de manière pas brutale pour que nous puissions craindre actuellement un nouveau krach mais de manière assez significative pour nous rappeler que l'or papier est facilement manipulable et qu'il vaut mieux privilégier l'or physique.

... les marchés obligataires aussi

Revenons à Ben Bernanke : "Nous suivons de particulièrement près les exemples de 'recherche du rendement' et les autres formes de prises de risques excessives qui peuvent affecter les prix des actifs et leurs relations avec les fondamentaux". Qu'est-ce que cela signifie ?

Que la politique de la Fed a complètement brouillé les cartes, aussi bien pour les marchés actions que pour les marchés obligataires. Les rendements des obligations souveraines les mieux notées sont au plus bas, ce qui est absolument contradictoire avec le risque réel qu'elles présentent. Les investisseurs sont donc à la recherche de rendements dignes de ce nom et se précipitent à la fois sur les marchés actions et sur les obligations à risque, mais rémunératrices, les junk bonds. La Fed nous assure qu'elle surveille ces prises de risques... qu'elle a elle-même encouragées par sa politique d'impression monétaire et de taux bas. Le risque de krach obligataire ne peut donc pas être écarté.

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