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Ces dossiers sur lesquels la belle entente Donald Trump - Boris Johnson risque vite de voler en éclat
©Brendan Smialowski / AFP

Bromance

Même si les deux hommes affichent une bonne entente, ils sont loin d'être similaires et les sujets de discorde entre eux sont nombreux.

Marc Roche

Marc Roche

Marc Roche a été journaliste au Soir, au Quotidien de Paris et au Point, avant de rejoindre l'équipe du Monde. Il publie également dans des journaux britanniques (The Independant, The Guardian) et participe à l'émission Dateline London de la BBC News. Ses écrits concernent principalement les institutions financières (Goldman Sachs) et la monarchie britannique.

Il est notamment l'auteur de Elizabeth II : Une vie, un règne et Elizabeth II : La dernière reine aux éditions La table ronde.

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Atlantico : On fait beaucoup de parallèles entre Boris Johnson et Donald Trump. Peut-on vraiment rapprocher ces deux hommes politiques ?

Marc Roche : C'est tout à fait artificiel pour plusieurs raisons. D'abord, Boris Johnson est un homme très éduqué, il a étudié les lettres classiques avant de faire de la politique. Avant de prendre ses fonctions ministérielles, il a été journaliste au New-York Times et dans d'autres journaux réputés. Il n'a donc rien en commun sur le CV avec Donald Trump qui a été un homme d'affaire. 

Boris Johnson est un libéral et non un protectionniste. Il est très proche de la CITIC qui devrait créer, et même renforcer et encourager la zone offshore du Royaume-Uni et des paradis fiscaux. Johnson n'est pas un nationaliste mais un cosmopolite mondialiste qui ne croit pas du tout au Royaume-Uni comme Donald Trump avec "America first". Pour lui, seuls comptent les trois piliers traditionnels de la diplomatie que sont l'Europe, les Etats-Unis et le Commonwealth. Ces deux hommes politiques n'ont donc en réalité rien à voir.

S'ils sont si différents pourquoi certains aiment tant les comparer, en faire des frères en politique ? 

Les personnes qui font des raccourcis se basent sur la position position pro-Brexit de Boris Johnson et sur le fait, qu'étant loué par Donald Trump, il doit forcément ressembler à ce dernier. En réalité, Boris Johnson est pour le Brexit non pas parce qu'il est un nationaliste opposé à l'immigration : au contraire, il est ouvert à l'immigration. Comme maire de Londres, il s'est toujours occupé du sort des ressortissants européens. C'est une des premières choses qu'il a dites dans son discours : qu'il faut que les ressortissants européens restent au Royaume-Uni. Ensuite, c'est un francophile, un Européen qui est contre l'Union Européenne. 

Il n'a donc rien à voir avec Donald Trump, qui n'est pas un allié même si Johnson a besoin des Etats-Unis pour un accord commercial ainsi que, comme tous les premiers ministres britanniques, sur un plan militaire et du renseignement. Cela ne fait pas d'eux des frères en politique.

Si leurs positions sont parfois opposées, quels pourraient donc être leurs principaux points de désaccords ? 

Johnson et Trump ont un certain nombre de points de désaccords. Parmi les plus importants, on pense notamment à l'attitude à adopter face à l'Iran. Le Royaume-Uni a toujours eu de grands intérêts commerciaux et économiques avec l'Iran. En plus, une anglo-iranienne a été arrêtée en Iran et naturellement le Royaume-Uni veut obtenir sa libération. Une libération et des intérêts économiques qui sont incompatibles avec l'attitude adoptée par Donald Trump face à l'Iran.

Viennent ensuite de nombreux désaccords en terme de commerce et d'économie. Les deux hommes pourraient s'opposer sur l'accord de libre-échange entre les deux pays. En effet, les Etats-Unis vont essayer d'obtenir des britanniques l'ouverture du marché de leur service national de santé, qui est énorme : une éventualité dont ces derniers ne veulent pas entendre parler. En terme de commerce, on pense aussi à d'éventuels accords avec le Mexique et le Canada, lesquels pourraient créer des tensions entre les deux pays puisque Boris Johnson aimeraient signer un accord commercial avec le Canada. 

Les positions des deux hommes divergent également à propos de l'Organisation Mondiale du Commerce. Donald Trump veut s'en débarrasser tandis que les britanniques veulent la remettre à jour, notamment pour mener une politique économique indépendante. 

La question de la défense et de l'Otan divise également : Donald Trump estime que le Royaume-Uni ne participe pas trop peu, économiquement parlant, au budget de la défense commune. A l'heure actuelle, les Anglais participent à hauteur de 2% du PIB et estiment, de leur côté, que c'est amplement suffisant.

Il y a donc énormément de sujets de désaccords potentiels. A court terme, la question iranienne pourrait faire monter la tension d'un cran entre les deux pays. A plus long terme,  l'accord de libre échange entre les deux pays pourraient peser sur leurs relations puisque les négociations risquent d'être lentes et longues et que les Américains sont en position de force face à des Britanniques demandeurs. Le clash pourrait donc être inévitable. 

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