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Ces arnaques au compte bancaire qui explosent et dont il est difficile de se faire rembourser
©DENIS CHARLET / AFP

Pièges à éviter

Les fraudes bancaires augmentent sensiblement en France. Les techniques restent les mêmes mais d'autres se sophistiquent. Et s'il existe des façons de se protéger, personne ne semble à l'abri.

Denis Jacopini

Denis Jacopini

Denis Jacopini est expert de justice en informatique spécialisé en cybercriminalité et en RGPD (Protection des Données à Caractère Personnel).

Il réalise des audits RGPD et des mises en conformité RGPD et sous forme de conférences de formations ou d’interventions, dans la France Entière et à l’étranger sur les sujets de la Cybercriminalité et du RGPD, il sensibilise et accompagne les entreprises en vue d’améliorer ou de mettre en conformité de leur système d’information.

Diplômé en droit de l’expertise judiciaire, en cybercriminalité droit et sécurité de l’information, en investigation numérique pénale et certifié en gestion des risques sur les systèmes d’information, par son profil atypique pédago-technico-juridique, il est régulièrement contacté par des médias tels que C8, LCI, NRJ12, D8, France 2, Le Monde Informatique, Europe 1, Sud Radio, Atlantico pour vulgariser ces sujets et est également intervenu au Conseil de l’Europe à l’occasion de la conférence annuelle sur la lutte contre la cybercriminalité « Octopus ».

Auteur du livre « CYBERARNAQUES » (Plon 2018), diplômé en Cybercriminalité, Droit, Sécurité de l’information, informatique Légale, en Droit de l’Expertise Judiciaire et Certifié en Gestion des Risque sur les Systèmes d’Information (ISO 27005 Risk Manager), avant de devenir indépendant, il a été pendant une vingtaine d'année à la tête d'une société spécialisée en sécurité Informatique.

Denis JACOPINI peut être contacté sur :

http://www.leNetExpert.fr/contact

Voir la bio »

Atlantico : Comment évoluent les fraudes en France ?

Denis Jacopini : Les fraudes bancaires sont clairement à la hausse, si on analyse les chiffres communiqués par les logiciels de sécurité. Ils détectent les codes malveillants remontent des alertes auprès d'un serveur central qui les comptabilise. En France, il y a eu 10 millions d'alertes en 2010, 14 millions d'alertes en 2016, 19 millions d'alerte en 2017. Pour moi, ça va continuer. Quand on se penche sur des chiffres plus officiels en revanche - au niveau des banques – elles avancent un million de victimes de la fraude par carte bancaire. La gendarmerie nationale communique sur un chiffre de 60 000 plaignants. C'est complètement décalé par rapport au nombre réel des victimes. Pourquoi ? Il y a des personnes qui ne veulent pas aller porter plainte car elles sont sûres d'être remboursées par leur banque. D'autres banques portent plainte elles-mêmes pour le client. Il existe aussi des clients qui ont des choses à se reprocher et ne veulent pas approcher la police. Et puis tous ceux qui se font piéger sans le savoir. Par exemple via les arnaques sans bruit, comme les numéros surtaxés qui obligent à rappeler. Toutes ces arnaques qui vous font croire que vous avez gagné des cadeaux. Vous patientez, la personne raccroche, puis vous devez rappeler et vous attendez. L'être humain a une capacité de patience incroyable puisque c'est en moyenne au bout de 40 minutes que la personne commence à réaliser qu'il s'agit peut-être d'une arnaque. Il y a aussi les arnaques par la webcam, où de jeune amoureux ou une jolie fille russe blonde tombée amoureuse juste en voyant notre profil vous écrit. Plus tard,  il faut payer des frais de douanes pour le ou la faire venir. Les frais s'accumulent. J'ai recensé à peu près cinquante petites arnaques actuellement.

Tout le monde est-il vulnérable ?

On remarque qu'aujourd'hui, ce qui fait qu'une personne ne sera pas piégée, c'est qu'elle a déjà vu l'arnaque, qu'on lui a déjà expliqué ou qu'elle s'est déjà fait avoir. Lorsque je montre une arnaque sur le faux mail des impôts où le gouvernement vous rembourse la somme des 78 euros trop perçus, systématiquement on me dit :"Celui-là on le connaît". Mais dans le lot, il y a toujours une ou deux personnes qui n'ont pas connu cette arnaque. Elles sont vulnérables.  L'être humain a par défaut la capacité à faire confiance. Pourquoi toujours penser que la personne devant soi est malhonnête, malveillante ? C'est un comportement que très peu de gens ont. Nombreux sont ceux qui ne se méfient pas. Mais tout le monde peut devenir victime. Imaginez. Si demain votre banque vous appelle en vous disant que vous êtes à découvert et que, sur le coup de l'émotion, vous êtes stressés et commencez à donner des informations personnelles sur votre compte, un mot de passe, etc…La personne va vous piéger sans que vous vous en rendiez compte.

Quelle est la méthode privilégiée ?

70 % des arnaques ont lieu par mail. C'est une source de propagation. Beaucoup d'arnaques démarrent avec un mail. Avec des pièces jointes ou des contenus trompeurs. Exemple typique, les mails qui commencent par : "Vous êtes l'heureux gagnant de la loterie", "L'héritier de quelqu'un qui n'a pas d'héritier". Il n'y a pas forcément de pièce jointe, mais un premier échange avec une personne. Comme les arnaques avec la webcam, qui démarrent souvent par un mail, ou un message sur les réseaux sociaux. Même les réseaux sociaux finissent par être une source d'attaque pour les pirates. Les sites de rencontres, de loisirs, sont des moyens de rentrer en contact avec des gens qui sont à la recherche de quelque chose (et que les pirates proposent de donner, NDLR). Célibataires, chômeurs…Certains utilisent des faux mails signé de Pôle Emploi ! Ce sont les ressorts de l'escroquerie classique, mais Internet est ce facilitateur de relation qui permet l'anonymat, grâce à des pseudos. Aujourd'hui entre aller travailler huit heures par jour ou aller arnaquer plusieurs

Les nouvelles technologies participent de la sophistication de certaines arnaques…

Oui. On ne sait pas qui est l'auteur de ce programme informatique, mais en 2017 un programmeur a mis au point un outil qui peut s'installer sur n'importe quel site internet et qui permet d'utiliser le microprocesseur de votre ordinateur, qui fait des calculs très rapide, dans le but de miner (créer, NDLR) de la monnaie virtuelle. Comme votre ordinateur ne fonctionne pas à 100% tout le temps, il y a du temps de libre. Il existe des moyens qui permettent de rendre votre ordinateur disponible pour traiter d'autres tâches. Cela a été mis au point dans les années 70. Cela s'appelle le calcul distribué qui pétait à destination d'institutions scientifiques qui avaient besoin de ressources informatiques pour faire des énormes calculs. Ils avaient trouvé ce moyen pour accélérer le calcul en faisant travailler des milliers, voire des millions d'appareils. Pour le pirate, il y a une rétribution en échange du minage de bitcoin. Pour vous, votre microprocesseur chauffe, le ventilateur ralentit et entraîne une consommation électrique supérieure à la normale, entre 5 et 6 euros par mois. Quand des millions de personnes sont infectées, cela fait des coûts importants

Qui est derrière ces arnaques "classiques" ?

Ce sont surtout des personnes qui ont l'habitude de vivre selon des procédés non-traditionnels. Ceux qui veulent faire de l'argent facile, comme avec la drogue. Nombre d'attaques venaient d'Afrique. Des jeunes en marge de la société trouvaient ce moyen-là pour attaquer des gens crédules. Le développement de la police locale de ces différents pays, aidée par la France pour combattre ces réseaux, n'a pas empêché le développement des arnaques depuis d'autres pays qui n'ont pas été très regardants vis-à-vis de ces fléaux, notamment des pays de l'Est. Mais la localisation demeure difficile, notamment à cause des VPN (Virtual Private Network) qui ont pour objectif de cacher notre origine. C'est pour cela qu'on doit être très précautionneux avec la localisation des attaques informatiques notamment.

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