Ces 5 images qui font que François Hollande restera jusqu’au bout de son quinquennat le président qui s’est dessiné sous nos yeux depuis un an<!-- --> | Atlantico.fr
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Plusieurs évènements forts ont déjà émaillé la première année du quinquennat de François Hollande.
Plusieurs évènements forts ont déjà émaillé la première année du quinquennat de François Hollande.
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Flashback

Plusieurs évènements forts ont déjà émaillé la première année du quinquennat de François Hollande et déçu les Français. A moins d'une nouvelle impulsion politique, le scénario des quatre prochaines années est déjà écrit.

Christian Delporte

Christian Delporte

Christian Delporte est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Il dirige également la revue Le Temps des médias.

Son dernier livre est intitulé Les grands débats politiques : ces émissions qui on fait l'opinion (Flammarion, 2012).

Il est par ailleurs Président de la Société pour l’histoire des médias et directeur de la revue Le Temps des médias. A son actif plusieurs ouvrages, dont Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), Dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine (avec Jean-François Sirinelli et Jean-Yves Mollier, PUF, 2010), et Les grands débats politiques : ces émissions qui ont fait l'opinion (Flammarion, 2012).

 

Son dernier livre est intitulé "Come back, ou l'art de revenir en politique" (Flammarion, 2014).

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Florange : ce site à la dérive que François Hollande s'était promis de sauver pendant sa campagne. Et qui, un an après son élection, a déposé le bilan.

C’est peut-être le plus gros coup dur pour l’image de François Hollande. Si, pendant la campagne électorale, son engagement sur ce dossier était resté plutôt flou, sa présence médiatisée sur le terrain, aux côtés des ouvriers, posait deux principes forts. Le premier, symbolique, mettait en évidence la "trahison" de Sarkozy qui avait abandonné ses promesses : lui les respecterait. Le second, plus fondamental en termes électoraux, marquait le début de la reconquête du monde ouvrier par la gauche socialiste : non, il n’y avait pas de fatalité face aux prédateurs financiers ; oui, Hollande serait le rempart contre les patrons voyous. La stratégie avait fonctionné : en 2012, les socialistes étaient redevenus la principale force dans l’électorat ouvrier, avant même le Front national. Et puis, en quelques jours, Florange est apparu comme le cauchemar de Hollande. Non seulement la gestion de l’affaire s’est révélée illisible, mais la solution économique choisie s’est distinguée comme une trahison des promesses de campagne. Le Président a perdu sur deux fronts : la valeur de la parole politique et le volontarisme politique face à puissante machine économique mondialisée. Les sondages le disent : la rupture est consommée avec une large partie de l’électorat populaire qui, première victime de la crise et du chômage, se sentant abandonné, hésite entre la résignation et la tentation des discours démagogiques. Sur un plan plus secondaire, les hésitations et les pas de côté, les propos contradictoires tenus par Arnaud Montebourg et Jean-Marc Ayrault, bref les couacs gouvernementaux, ont contribué à affaiblir l’autorité déjà fragile du président de la République et à donner la désagréable impression de l’improvisation. Quoiqu’il arrive, Florange poursuivra Hollande durant tout son quinquennat.

2

Mariage pour tous : la loi qui scinde les Français et qui est présentée comme un tournant sociétal majeur.

Cette loi "sociétale" devait être pour François Hollande ce qu’avaient été la loi sur l’IVG pour Valéry Giscard d’Estaing ou l’abolition de la peine de mort pour François Mitterrand : une mesure de "progrès" marquante de son mandat. Les enquêtes d’opinion indiquaient d’ailleurs une large adhésion au projet de mariage homosexuel (contrairement aux lois déjà citées). Mais rien ne s’est passé comme prévu. D’abord, le gouvernement a tardé à présenter la loi devant le Parlement et, du coup, n’a pas su profiter de l’état de sidération psychologique et de paralysie politique de la droite après la défaite de mai 2012. Ensuite, très vite, Hollande a sombré dans une impopularité, révélée dès l’automne dernier par les sondages. Mal en point après le psychodrame Fillon-Copé à l’UMP, la droite s’est saisie de la loi sur le mariage homosexuel pour faire oublier ses querelles et satisfaire la soif de revanche de ses troupes. Car, dans la rue, et au-delà du refus de la loi, s’est exprimée un violent rejet de toute l’action de François Hollande et de François Hollande lui-même. La gauche savait que l’opposition au projet s’exprimerait, mais elle n’avait pas anticipé son ampleur.Dans cette affaire, le Président s’est sans doute aliéné (au moins provisoirement) toute une frange des catholiques, proches de la famille centriste, qui avaient voté pour lui en mai 2012. Mais s’il avait cédé, le désastre aurait été pire pour lui, car il aurait ébranlé le noyau même de ses partisans, d’autant qu’il a éloigné la perspective d’une autre loi symbolique, celle du vote des étrangers aux élections locales. La loi sur le mariage pour tous sauve une autorité mise à mal sur bien d’autres dossiers, mais révèle une fracture dans la société française qui va au-delà de la question du mariage homosexuel, une fracture culturelle qui s’exprimera demain sans doute sur d’autres dossiers touchant aux valeurs partagées.

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La présidence normale : François Hollande voulait être un président normal avec cette volonté de faire comme tout le monde. 

La "présidence normale", fondée sur la volonté de rupture avec l’ "omniprésidence" de Sarkozy, reposait sur deux aspects. Le premier est quasi-anecdotique, même s’il a beaucoup retenu l’attention des médias guidés par la communication de l’Élysée : c’est le Président qui prend le train, la présidence modeste aux couleurs scandinaves… Le second est plus important, puisqu’il visait à revenir aux sources de la Ve République, c'est un Président qui fixe le cap, prend du recul, ménage ses interventions publiques, et laisse le Premier ministre gouverner, c’est-à-dire se charger de l’action quotidienne et  prendre des coups : un Premier ministre "fusible" qui protège le chef de l’État et qu’on remplace lorsqu’il est usé. Mais là, s’est posé un double problème. D’abord, un problème institutionnel : le schéma de Hollande fonctionnait au temps du septennat, où le chef de l’État, ayant la durée pour lui, incarnait l’arbitrage et la continuité (comme l’ont montré les temps de cohabitation). Mais, avec le quinquennat, le sort du Président et de sa majorité sont liés : il est devenu le vrai chef du gouvernement et c’est de lui que l’opinion attend l’action. Là-dessus s’est greffé un second problème : celui de la crise et de l’impopularité de l’exécutif qui ont contraint Hollande à monter au front, à s’exposer, à s’exprimer quasi-quotidiennement. Du coup, il ne reste plus grand-chose de la "présidence normale", si ce n’est un peu moins de pompe élyséenne et une certaine proximité avec les gens ordinaires, lors de ses déplacements. Avec les risques que cela comporte : on se souvient des images récentes de cette dame qui lui conseillait de ne pas se marier avec Valérie Trierweiler, parce qu’ "on ne l’aime pas". Ravageur…

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Le tweet de Trierweiller 

Du tweet, les livres d’histoire ne retiendront rien. Mais l’emballement médiatique qui a suivi laisse encore aujourd’hui des traces. Au-delà du vaudeville qui a fait s’esclaffer les humoristes (et les fait rire encore : il suffit de regarder les Guignols pour s’en convaincre), l’épisode a mis à mal l’image d’un Président qui aspirait à séparer clairement sa vie publique de sa vie privée. Accessoirement, l’image de Valérie Trierweiler a été durablement affectée. Le plus grave, c’est l’impression de futilité répandue, alors que le pays était confronté à la crise.

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L'affaire Cahuzac : alors que François Hollande désirait plus de transparence et une démocratie "propre", ce scandale est l'un des faits les plus forts du quinquennat.

Un ministre du Budget censé lutter contre la fraude fiscale et pris la main dans le sac des paradis fiscaux, c’est en effet une première dans l’histoire de la Ve République. Cependant, après un premier cafouillage, le gouvernement a semblé reprendre la main en attirant l’attention sur la question du patrimoine des élus et des conflits d’intérêt. Bien sûr, le thème de la République exemplaire a pris un rude coup. Mais quand on regarde de plus près les sondages, on s’aperçoit que l’image personnelle d’honnêteté de Hollande n’a pas été profondément écornée et que l’opinion a vécu l’affaire dans une relative indifférence. Pour une raison simple et désespérante à la fois : elle ne croit de toute façon pas ou plus à la probité des hommes politiques. La défiance, ponctuée par les affaires à répétition, n’a fait que s’accentuer depuis 30 ans et touche la gauche comme la droite. De ce point de vue, l’affaire Cahuzac est certes préjudiciable à la gauche, mais plus profondément à toutes les élites politiques. Pour les Français désabusés, elle n’est qu’un épisode supplémentaire d’un feuilleton qui semble ne jamais devoir s’arrêter. Certes, Hollande voulait redonner confiance et espoir dans la parole politique et, de ce point de vue, c’est raté. Mais ce que dit l’opinion, sans illusion sur la moralité des hommes politiques, c’est quelle attend d’abord des réponses à ses souffrances et ses inquiétudes : le chômage, le pouvoir d’achat, les retraites… Si Hollande y répond d’ici 2017, l’affaire Cahuzac sera oubliée. Dans le cas contraire, elle lui reviendra en pleine face.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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