Ce que les services de renseignements américains avaient prévu pour cette année il y a 15 ans : mention assez bien

A quoi ressemblera le monde en 2015 ? Telle était l'épineuse question que se posait le Conseil national du renseignement américain (une annexe de la CIA) en l'an 2000, publiant à ce sujet un rapport intitulé "Les tendances mondiales en 2015 : dialogue sur le futur avec des experts non-gouvernementaux". 

Le texte, préparé en collaboration avec nombre d'experts et d'organisations non-gouvernementales, faisait un bond de 15 ans en avant et tentait de prévoir les grandes mutations qui façonneraient le monde, afin d'avoir une photo la plus précise de 2015. Le rapport identifiait plusieurs dynamiques et grands axes d'évolution (telles que les tendances démographiques ou les ressources naturelles), et se penchait sur les régions stratégiques du monde, comme le Moyen-Orient, la Chine, l'Inde, la Russie, l'Europe.

L'exercice est intéressant, il est amusant de jouer au jeu des comparaisons. Sur certains sujets, la boule de cristal de la CIA a bien fonctionné. Le rapport du National Intelligence Council avait notamment prophétisé la volatilité financière, les écarts toujours plus grands des richesses dans le monde, les attaques informatiques anonymes (cf. Anonymous), l'inexorable montée en puissance de la Chine (devenue première puissance économique mondiale devant les Etats-Unis) ou encore l'immigration illégale de plus en plus conséquente aux Etats-Unis.

(Flickr- Vincent Diamante)

Pour les auteurs de ce rapport, la mondialisation était le maitre-mot du monde version 2015. Et si cette mondialisation assurait une certaine stabilité, elle engendrait également des bouleversements majeurs qui modifieraient le rapport de forces au niveau international.

Le rapport estimaient que si les Etats seront toujours les acteurs principaux, les gouvernements auront de moins en moins de contrôle sur les technologies et les transactions financières, et sur les flux d'informations et de migrants. Les gouvernements ne disposant pas des mécanismes suffisamment sophistiqués pour lutter face aux acteurs non-étatiques.Ce qui inspirait à l'époque au Telegraph une photo bien sombre de l'an 2015, où l'actualité internationale ressemblait "au scenario d'un James Bond", dominée par de toutes puissantes organisations plutôt que par des gouvernements.

Mais la photographie de 2015, façonnée par Conseil national du renseignement américain, parait bien fantaisiste sur d'autres points. En effet, le rapport prévoyait la création d'un État palestinien, alors que les négociations sont au point mort depuis plusieurs années. De même, la réunification des deux Corées, semble utopiste étant donné les événements récents entre les deux pays. Le rapport prévoyait également une construction européenne au beau fixe, alors que cette construction est complètement remise en cause par la crise économique sévissant sur le Vieux continent.

Mais surtout, l'année 2015 sera marquée par d'autres tendances, que le rapport ne prévoyait pas du tout. Ecrit juste avant le 11 septembre, le texte ne mentionne par exemple pas le développement du terrorisme et la montée en puissance de l'Etat islamique.

Le conflit en Ukraine, aux portes de l'Europe, sera au centre de toutes les attentions. En Libye, où "une guerre totale se dessine" selon l'ONU, une intervention extérieure pourrait bien être de mise en 2015. Ebola pourrait également continuer de semer la terreur sur la planète. Si le scénario catastrophe d'une pandémie causant 1 million et demi de morts avant janvier 2015 (envisagé par le Centre de contrôles et de prévention des maladies) ne se réalisera pas, le vaccin se fait attendre et les pays touchés par le virus (Sierra Leone, Guinée, Libéria) connaissent une situation sanitaire catastrophique.

Pour aller plus loin dans les prophéties, vous pouvez consulter le rapport suivant, sur le monde en 2020 (le Conseil national du renseignement américain publie un rapport tous les cinq ans). Dans celui-ci, la CIA prophétise une mondialisation accrue qui façonne complètement la planète, la montée en puissance des économies émergentes, et la violence de plus en présente à travers le monde.