Ce que les Chinois voient en Syrie que nous ne voyons pas en décidant d’y investir des millions<!-- --> | Atlantico.fr
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La Chine mise sur les perspectives économiques de la Syrie d'après-guerre.
La Chine mise sur les perspectives économiques de la Syrie d'après-guerre.
©Reuters

The place to be

Alors que la Russie joue son avenir géopolitique au Moyen-Orient avec son intervention militaire pour soutenir le régime de Bachar el-Assad, la Chine mise sur les perspectives économiques de la Syrie d'après-guerre. Et elle a déjà les premières bases d'une stratégie pour (re)construire les infrastructures.

Valérie Niquet

Valérie Niquet

Valérie Niquet est Maître de recherche et responsable du pôle Asie à la FRS.  Elle est l'auteure du livre "La puissance chinoise en 100 questions" aux éditions Tallandier.

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  • Huawei, l'une des sociétés les plus importantes de Chine et le plus grand fabricant de matériel de télécommunications ​au​ monde vient de signer un accord avec la Syrie, notamment ​pour y développer la construction d'un réseau téléphonie.
  • En 2011 déjà, la société avait signé un contrat pour installer des équipements téléphoniques en Iran. A travers son intention d'implanter une de ses grandes entreprises dans la région, les responsables du renseignement américains soupçonnent la Chine de chercher à ​contrôler la région en ​y ​installant un appareil de surveillance solide.

Atlantico : Quelles sont les intentions de la Chine ?

Valérie Niquet : La première de motivations de Huawei et de la Chine en signant cet accord est de conforter la présence chinoise - à la fois économique et stratégique - dans une région d’importance vitale pour Pékin ès aussi le monde occidental. La Chine - et ses grandes entreprises comme Huawei, adoptent une attitude très opportuniste pour pénétrer des marchés, sur des secteurs - construction d’infrastructures ou télécommunication - où Pékin a acquis une vraie compétence, fermés aux entreprises occidentales en raison des risques élevés.

Par ailleurs, la Chine peut également "vendre" aux régimes les plus autoritaires au Moyen-Orient ou en Afrique, son "savoir-faire" en matière de contrôle des communications.

​Quels sont les enjeux pour la Chine​ au Moyen Orient ? Un tel contrat est il susceptible de renforcer le pouvoir local de bachar Al-Assad ?

La Chine est moins engagée que la Russie en Syrie. Ses intérêts stratégiques et ses investissements y sont moins importants. Mais globalement, le Moyen-Orient occupe une place importante dans la stratégie chinoise, en raison notamment de la dépendance croissante de la Chine en hydrocarbures. Il s’agit également pour les entreprises chinoises d’occuper de nouveaux marchés moins concurrentiels et plus ouverts aux entreprises chinoises telles que Huawei.

Enfin, plus globalement, la stratégie de la Chine au Moyen-Orient s’inscrit également dans une stratégie plus large de rivalité avec l’Occident et plus particulièrement avec les Etats-Unis : il s’agit de consolider un "front-uni" contre un "camp occidental" accusé de vouloir favoriser les changements de régimes par la force.

Après avoir posé leur veto en ​2012 en faveur du pouvoir Syrien, Chine et Russie semblent ici partager un intérêt commun. Peut on d'ores déjà parler d'axe Sino-Russe au Moyen Orient ?

En dépit de positions communes hostiles à toute ingérence et d’un partenariat stratégique renforcé par l’isolement de la Russie sur la scène internationale, il n’est pas certain que l’on puisse véritablement parler d’un axe Pékin-Moscou. Si cet axe existe, il demeure fragile et la Russie cherche aussi à défendre ses propres intérêts face à une puissance chinoise dont les avancées en Asie centrale ou sur d’autres terrains peut inquiéter Moscou.

D’un autre côté, on s’aperçoit que si la Chine tire partie des circonstances au niveau économique, elle ne joue aucun rôle dans la gestion ou la résolution des crises telles que la crise syrienne contrairement à la Russie. Enfin, la Russie a démontre une capacité d’intervention militaire importante dont la Chine ne dispose pas encore. Pour Moscou, il s’agit peut-être aussi de démontrer à la Chine où se situe la véritable puissance.

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