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De "pov' con" à "couillon" : comment les Français sont devenus plus indulgents à l'égard de Sarkozy
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Ravalement d'image

Le candidat UMP aurait traité de "couillon" un journaliste, ce jeudi. L'incident a pourtant suscité peu de réactions outragées dans les médias. A croire que le candidat UMP a réussi à changer d'image à l'occasion de cette campagne présidentielle...

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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L’affaire est connue. Quelques mois après le début de son mandat, Nicolas Sarkozy, président de la République, visitait le salon de l’agriculture quand un escogriffe lui dit et lui répéta de ne pas lui serrer la main par peur d’être sali.

Ce citoyen irrespectueux se fit affubler à voix basse d’un « pauvre con » bien mérité.

Dans la bouche d’un président de la République, l’injure était inacceptable pour la quasi-totalité des commentateurs. Elle aurait en quelque sorte avili et dégradé le président, sorte de surmoi de l’homme Sarkozy qui, de par ses fonctions, se devait de contrôler entièrement ses véhémences et son vocabulaire.

Soit.La sacralité du Président est décidément une valeur forte, notamment pour une gauche qui passe pourtant son temps à décrier le caractère monarchique de la Cinquième République. Comprenne qui pourra …

En tout cas, hier, le même Nicolas Sarkozy, toujours président de la République nonobstant sa qualité de candidat à sa réélection, croise un jeune journaliste et que lui dit-il ? En substance : « Je n’en ai rien à foutre de ta question » et « couillon » ! Il ne s’agit plus d’un pékin impoli comme en 2008 mais d’un membre de la corporation puissante et protégée des gens de médias. L’insulte est caractérisée, répétée, assumée.



Et que se passe-t-il ? Observe-t-on un déchaînement dans les médias ? Non. Une ou deux protestations de Manuel Valls et d’un blogueur hébergé sur le Nouvel Obs. Autant dire rien.

Serait-ce que le candidat peut s’affranchir du « parler » présidentiel ? Non, car il y a une semaine encore le même Sarkozy était harcelé sur les plateaux de télévision par le rappel de son écart de langage du salon de l’agriculture.

Alors ? Tout simplement, le vent a tourné. S’il fallait une preuve du regain de faveur dont bénéficie le président sortant, ce serait celle là.

Elle est naturellement difficile à expliquer. Nous fournirons une hypothèse qui en vaut une autre. Au moins autant que les bonnes prestations télévisuelles de Nicolas Sarkozy, son aveu qu’il cesserait la politique en cas d’échec semble avoir eu un effet profond sur l’inconscient collectif de l’ « opinion ». Car ce que voulait une majorité de Français, en décriant Sarkozy et en s’apprêtant à la crucifier électoralement, c’était, symboliquement, voir la tête du roi rouler. Le mécanisme de la victime expiatoire, du bouc émissaire en temps de crise et d’angoisse collective jouait à plein.

Depuis que le roi a mis genou à terre en disant au peuple que : « Oui, il avait parfois fauté » et que : « Oui, s’il n’avait plus sa confiance, il disparaîtrait pour de bon », le meurtre rituel a, en quelque sorte été accompli.

Ce monarque républicain a fait acte de contrition, il est redevenu un peu humain, il a accepté son exécution symbolique. Il peut prétendre à être réélu. Le roi est mort, vive le roi !

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