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Bye bye Duflot ? Pourquoi EELV mise tout sur une candidature de Nicolas Hulot
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Verts d'espoir

Alors que David Corman, proche de Cécile Duflot et secrétaire national d'EELV, est sorti renforcé du premier tour du congrès du parti ce samedi, plusieurs dirigeants pousseraient en coulisses pour une candidature de Nicolas Hulot à la présidentielle. Si ce dernier reste populaire dans l'opinion publique, reste encore à le convaincre de se lancer dans le grand bain.

Daniel Boy

Daniel Boy

Daniel Boy est directeur de recherche (FNSP) au CEVIPOF et enseignant au master de Sciences Po notamment en analyse quantitative des données.

Ses recherches se sont développées dans trois domaines : la sociologie électorale, l’écologie politique en France et en Europe, les relations entre science, technique et société.

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Atlantico : Ce week-end, la motion de David Corman, proche de Cécile Duflot et secrétaire national d'EELV depuis le départ d'Emmanuelle Cosse au gouvernement, est arrivée en tête au congrès du parti. Toutefois, une candidature de Cécile Duflot à la présidentielle de 2017 semble peu probable, puisque d'après le JDD son entourage pousserait en coulisses pour une candidature de Nicolas Hulot. Selon vous, ce scénario est-il plausible ? Nicolas Hulot peut-il se présenter contre François Hollande l'an prochain ?

Daniel Boy : Il y a ici deux questions différentes.

Premièrement, est-il vrai que Cécile Duflot a renoncé à se présenter à la présidentielle de 2017 ? Il faut se méfier des entourages. Tant que je n'aurais pas des certitudes là-dessus, cela ne me paraît pas complètement évident. Il se peut qu'elle ait renoncé au vu des intentions de vote aperçues dans les sondages actuels, où elle plafonne aux environs de 3%. Mais pour l'instant, ce n'est pas fait.

Deuxièmement, quid de la candidature Nicolas Hulot ? À partir du moment où elle n'est plus candidate, est-ce que Cécile Duflot et ses amis, à savoir la mention majoritaire de David Corman, souhaiteraient la candidature de Nicolas Hulot ? On n'en sait pour l'instant strictement rien. David Corman et d'autres sont des gens de nature plutôt pragmatique, donc ils pourraient peut-être l'accepter. Mais pour l'instant rien n'est fait et il est encore un peu tôt pour répondre.

Ce n'est pas une hypothèse à écarter, mais ils ne sont pas les seuls à y penser. Étant donné que Nicolas Hulot est le seul à disposer d'une certaine aura, dont on peut imaginer qu'il ferait un score éventuellement supérieur à 5%, on comprend qu'il y a du grain à moudre…

En 2012, la primaire du parti avait été tendue entre Nicolas Hulot et Eva Joly. Récemment, cette dernière a déclaré que Nicolas Hulot ferait un "excellent candidat". Après des derniers mois très agités, est-ce qu'on peut s'attendre à voir le camp écologiste rassemblé et uni pour 2017 ? 

Tout dépend ce que l'on appelle ici le camp écologiste. Effectivement, la majorité qui sortira du congrès d'Europe Écologie – Les Verts sera clairement anti-Parti socialiste. De ce point de vue, ils vont retrouver une certaine unité, certes peut-être avec des idées différentes, sur le fait que l'alliance avec le PS est terminée.

Maintenant, on tire un trait sur l'alliance avec le PS, mais pour faire quoi ? Il n'y a pas d'accord extrêmement unifié sur cette question. D'autre part, quand vous parlez d'union des écologistes, vous ne tenez pas compte des autres écologistes : ceux qui sont partis, ceux qui sont plus pragmatiques, des gens comme Jean-Vincent Placé, François de Rugy, etc. Ils ne vont évidemment pas se réunir.

Il y aura donc de toute façon désunion avec une branche favorable à une participation avec le Parti socialiste, et même avec une autre plus centriste (Jean-Luc Bennahmias, Corinne Lepage, etc.). Il n'y aura donc pas d'unité du camp écologiste.

Par ailleurs, je veux bien croire qu'Eva Joly a changé d'avis sur le personnage, mais j'aimerais bien qu'elle nous explique pourquoi. En 2012, ce qui lui était reproché, alors qu'il avait un discours très gauchiste devant les instances des Verts, c'était d'être lié au fond avec la grande entreprise en raison de sa fondation qui recevait de l'argent d'EDF et d'autres groupes d'entreprises. Est-ce que c'est fini ? Ce n'est plus un motif de fâcherie ? On aimerait savoir ce qui a changé de ce point de vue-là.

La situation financière du parti est de plus en plus compliquée, notamment en raison de la baisse de son nombre d'élus. Avec l'hypothèse Nicolas Hulot candidat à la présidentielle, EELV peut-il retrouver un élan de popularité et réenclencher la marche avant lors des législatives qui suivront ?

Je ne crois pas. Le capital d'opinion publique favorable à Nicolas Hulot est valable pour l'élection présidentielle, pas pour les élections législatives. Nicolas Hulot ne sera pas un chef de parti. Les électeurs ne voteront pas davantage pour un candidat écologiste uniquement parce qu'il y a eu Nicolas Hulot à la présidentielle. Ce sera difficilement monnayable pour les législatives, qui se joueront forcément autour de 4%, comme toujours pour les Verts. Je n'imagine pas du tout que la figure de Nicolas Hulot, même en cas de score convenable, suffise à faire élire beaucoup de candidats écologistes.

Nicolas Hulot semble encore hésiter à se présenter, pourquoi ? Quels sont les risques pour lui d'une telle candidature, qu'a-t-il à perdre ?

Concrètement, il a à perdre de rentrer fermement en politique. Jusqu'à maintenant, il s'était toujours tenu en marge, c'est-à-dire qu'il entretenait le mystère sur sa candidature, il mettait la pression depuis l'extérieur, il était avec les associations, etc. Il a fait une première tentative avec les Verts qui n'a quand même pas été très positive pour lui. Il s'est fait bringuebaler de façon assez rude. Il est donc un peu échaudé par la politique, et je ne suis pas sûr qu'il ait très envie de retourner dans cette bagarre dans laquelle on est tiraillé de tous les côtés et pas très libre, alors que c'est un homme justement très libre et indépendant.

Je ne suis donc pas convaincu qu'il ait très envie d'y aller pour l'instant ; il faudra à mon avis de solides arguments, et pour le moment ils ne sont pas là.

Propos recueillis par Benjamin Jeanjean

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