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Bye-Bye Bayrou ? Comment les négociations Fillon-UDI compliquent la possibilité d’une candidature du maire de Pau
©DAMIEN MEYER / AFP

Ça sent la fin...

Concurrencé sur son centre-gauche par Emmanuel Macron et sur son centre-droit par l'UDI actuellement en négociation avec François Fillon dans le cadre des investitures aux législatives, la candidature de François Bayrou pour 2017 paraît fortement menacée.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Compte tenu de la situation politique actuelle, comment peut-on évaluer la possibilité d'une candidature de François Bayrou pour 2017 ?

Bruno Jeudy : François Bayrou entretient l'illusion d'une possible quatrième candidature à l'Elysée. Il n'a pas d'autre objectif que celui-ci, faute de pouvoir trouver un terrain d'entente avec François Fillon, ce dernier n'en cherchant absolument pas avec François Bayrou. Ceci s'explique par le fait que François Fillon a été élu sur la base d'un programme assez peu amendable, et encore moins avec le centriste qu'est François Bayrou, qui a voté pour François Hollande en 2012. Dans ces conditions, François Bayrou qui avait misé sur Alain Juppé dans le cadre de cette primaire –  se retrouve désormais coincé ; il n'avait pas imaginé une seule seconde que François Fillon puisse gagner ce scrutin, ce qui explique sa posture actuelle : un homme politique sans moyens, avec un espace politique extrêmement réduit par rapport à 2012, et encore plus par rapport à 2007. Il est désormais concurrencé sur son centre-gauche par Emmanuel Macron qui lui a piqué l'espace, et sur son centre-droit par l'UDI qui semble vouloir chercher une alliance avec François Fillon. C'est donc dans ces conditions que François Bayrou pourrait se lancer dans la course à la présidentielle en mars, après la publication d'un livre en février, même si je pense que l'hypothèse qu'il puisse s'arrêter avant n'est pas à écarter. François Bayrou sait que la présidentielle de 2017 n'est pas celle des revenants, surtout depuis l'échec de Nicolas Sarkozy et le renoncement de François Hollande. Une quatrième candidature pourrait être celle de trop pour le Béarnais, qui pourrait finir avec un score inférieur à celui de 2002, où il avait recueilli 6% des voix. 

Dans quelle mesure les négociations qui ont lieu cette semaine entre l'UDI et François Fillon, en vue des investitures pour les législatives de 2017, peuvent-elles encore davantage fragiliser la possible candidature de François Bayrou à la présidentielle ? S'agit-il là d'une volonté délibérée de François Fillon ? 

Dans l'histoire du centre, il y a toujours eu deux attitudes : ceux qui cherchent à privilégier l'existence d'un groupe au Parlement – en l'occurrence les troupes de l'UDI de Jean-Christophe Lagarde, qui cherchent l'implantation locale et à avoir avant tout une présence à l'Assemblée nationale plutôt qu'une candidature à l'Elysée à laquelle l'UDI a renoncé en ne présentant pas de candidat à la primaire de la droite et du centre – et l'autre branche du centrisme, celle de François Bayrou, qui a toujours défendu l'idée d'un centre indépendant, avec cette obligation donc de présenter un candidat à la présidentielle pour défendre les valeurs centristes, européennes, démocrates-chrétiennes, indépendantes des partis traditionnels de droite quel que soit leur avatar bonapartiste. Dans cette perspective, François Bayrou est fragilisé par le fait que l'UDI – qui dispose déjà d'un groupe à l'Assemblée nationale – cherche à le conforter et à négocier un accord assez large pouvant aller jusqu'à 60-80 circonscriptions. Ceci apparaît effectivement comme une perspective intéressante pour l'UDI qui reste une petite formation politique, elle-même un peu divisée entre ses différents barons. En France, le centre est dans une situation paradoxale où le Modem a un leader mais pas de troupes, tandis que l'UDI a des petites troupes mais pas de leader.

Par rapport à Bayrou, François Fillon reste dans sa logique exprimée lors du second débat de la primaire : il a finalement assez peu de temps à perdre avec le maire de Pau, qu'il respecte par ailleurs, mais avec lequel il ne souhaite pas entamer des négociations visant à modifier son projet. Toutefois, il n'est pas hostile à un accord électoral, mais ne souhaite pas un accord de projet visant à modifier en profondeur celui sur lequel il a été élu à la primaire. François Fillon n'a pas envie de perdre un temps interminable avec le Modem qui pèse politiquement assez peu, d'autant plus que cela sort du cadre de la primaire de la droite et du centre. Ainsi, François Fillon privilégie la négociation électorale concernant les législatives avec l'UDI. Malgré cela, il est important de rappeler qu'il n'y pas de conflit personnel entre François Fillon et François Bayrou, contrairement à Nicolas Sarkozy qui avait un profond désaccord, voire une solide inimitié, avec François Bayrou.

François Fillon ne craint pas François Bayrou, ni pour la primaire, ni pour les législatives, à la différence d'Emmanuel Macron vis-à-vis duquel on sent qu'il commence à redouter la percée dans l'opinion. 

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