Budget 2014 : pourquoi les économies affichées ne sont que de façade<!-- --> | Atlantico.fr
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Le budget 2014 annonce des économies en trompe-l'œil.
Le budget 2014 annonce des économies en trompe-l'œil.
©Reuters

Efficace ?

Le gouvernement a annoncé 15 milliards d'euros d'économies dans le budget 2014 sur plus de 1 200 milliards de dépenses publiques. Il s'agit en réalité d'une plus faible augmentation des dépenses que de réelles économies.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Le gouvernement a-t-il réussi un véritable tour de force avec le budget 2014. Le tour de passe passe risque de faire flop. En effet, un le déficit public sera toujours au-dessus de 3 % du PIB en 2014 avec un taux qui devrait être de 3,6 %. Les dépenses publiques resteront à des niveaux astronomiques tout comme celui des prélèvements obligatoires.

Alors, le gouvernement met en avant que les administrations publiques économiseront 15 milliards d’euros en 2014. Ce serait du jamais vu. 15 milliards d’euros sur un total de dépenses publiques d’environ 1 200 milliards d’euros. Ces économies si elles sont avérées représenteraient 1,25 % du total des dépenses publiques françaises, une goutte d’eau dans l’océan de la dette publique qui sera supérieure à 1 900 milliards d’euros l’année prochaine.

Pis, il ne s’agit pas d’économies mais avant tout d’une moindre progression par rapport à l'augmentation naturelle des dépenses publiques. En effet, du fait de l’augmentation du nombre de pensionnés, de l’augmentation des traitements des fonctionnaires au nom de l’ancienneté, les dépenses augmentent sans intervention du gouvernement.

Il n’en demeure pas moins que les dépenses du budget général passeront de 295 à 305 milliards d’euros de 2013 à 2014 soit une hausse de 10 milliards d’euros.

Pour l’Etat, les économies se chiffreraient à 9 milliards d’euros. Le gel du point de la fonction publique permettra de supprimer, avec quelques autres mesures de gestion des effectifs une dépense automatique, de 1,7 milliard d’euros. Des économies de fonctionnement sont avancées à hauteur de 1 milliard d’euros. C’est le ministère de la Défense qui est amené à se sacrifier sur l’autel de la rigueur. Les collectivités locales sont les autres grandes perdantes du jeu de bonneteau. En effet, 3,3 milliards d’euros d’économies sur un total de 100 milliards d’euros sont réalisées sur les concours aux autres entités (rassemblant essentiellement les dotations aux collectivités locales). Les communes, les départements ou les régions risquent d’augmenter les impôts locaux d’autant plus que l’Etat a accru leurs marges en la matière en relevant les plafonds des droits de mutation.

Les investissements et les dépenses d’intervention de l’Etat subissent également un coup de rabot avec une économie de 2,6 milliards d’euros. C’est assez traditionnel tout en étant très préoccupant.

Pour la réalisation des autres économies, le gouvernement avance 6 milliards d’euros d’économie sur l’assurance-maladie. L’évolution des dépenses d’assurance-maladie serait de + 2,4 % contre + 2,7 % en 2013. A cette fin, le gouvernement a prévu de baisser le prix de certains médicaments et les tarifs de certaines spécialités. Il attend également des économies sur la gestion du secteur hospitalier ce qui n’est pas gagné.

Autre source d’économies un fallacieuse, les retraites ; le gouvernement met en avant 2 milliards d’euros d’économies qui sont, en fait, un manque à gagner pour les retraités. Ces économies sont issues de la désindexation des retraites complémentaires et du report de l’actualisation des pensions de base du 1er avril a 1er octobre 2013. 

Le jeu d’écriture ne saurait masquer que le budget 2014 fait peser sur les contribuables un effort important d’autant plus que le gouvernement a eu la prudence politique de faire adopter certaines hausses applicables en 2014 il y a un an. Ainsi, le relèvement de la TVA tout comme le plafonnement des niches fiscales sont déjà approuvés.

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