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« Pôle bancaire public » : 
mais qui voudrait d'un Dexia géant ?
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Zone franche

Une faillite de Dexia ferait passer la catastrophe Crédit Lyonnais pour une poignée d'argent de poche égarée. Qui peut encore militer pour un grand pôle financier public ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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S'il y a une conviction bien ancrée chez pas mal de Français, c'est qu'un grand pôle public bancaire serait la solution à tous les problèmes de crédit du pays ― de l'endettement des particuliers aux investissements des PME.

Une méga banque sympathique et désintéressée, dont les guichetiers fonctionnaires n'auraient qu'une idée en tête : aider leur prochain et stimuler la croissance.

Irait-elle investir nos éconocroques dans ces affreux prêts subprimes et autres saloperies titrisées ? Évidemment pas ? Tenterait-elle de nous fourguer du produit dérivé indexé sur la parité franc suisse / dollar néo-zélandais ? Encore moins !

Non, elle se concentrerait sur le financement de l'économie « réelle » ― la fabrication de trucs en dur dans des usines bretonnes ou bourguignonnes peuplées de vrais ouvriers en bleu de travail ― et n'aurait que mépris pour les spéculateurs à bretelles des paradis fiscaux.

Ah, il serait tellement formidable, ce grand pôle bancaire public, qu'une partie de la gauche (pas toute la gauche, hein, juste une partie) le verrait bien absorber l'ensemble des établissements financiers du pays histoire de faire un sort à cette terrible et délétère atmosphère de concurrence...

Il est vrai que la fortune engloutie par le Crédit Lyonnais (une vingtaine de milliards d'euros, viatique à Bernard Tapie compris) ou les difficultés de Dexia (dont l'exposition globale atteint un extraordinaire 700 milliards de dollars, soit deux années de PIB de la Grèce si ça vous parle davantage) confirment que l'État est le banquier idéal !

L'outil d'un camp, au service d'une « clientèle »

De fait, l'État est nécessairement le pire des acteurs financiers. Et sauf à se doter d'un gouvernement dont les membres seraient d'admirables purs esprits, totalement étrangers à tout plan de carrière, à toute tentation de favoriser une « clientèle » ou un camp, on voit mal comment un grand pôle bancaire public pourrait être autre chose qu'un instrument partisan.

La Caisse des Dépôts et Consignations, par statut au service de l'intérêt général, est-elle autre chose que le chéquier des gouvernants du moment, investissant dans ceci et cela au nom d'intérêts particuliers ?

La dernière mission en date de la fameuse CDC, d'ailleurs, est justement de prendre le relai de Dexia pour le financement des collectivités locales que la banque laisse en carafe après dépècement par les gouvernements français, belge et luxembourgeois. Une banque publique rattrapant une banque semi-publique par la culotte, quoi...

Au final, la casse est encore relativement limitée, les contribuables des trois pays n'étant engagés qu'à hauteur de 150 milliards d'euros (dont 26% pour la France. C'est la Belgique qui morfle le plus : elle n'avait pas de vrai gouvernement pour la défendre). Mais ça peut encore s'aggraver.

Mais franchement, il y a encore des gens que le concept d'un grand pôle public séduit ? Qu'ils me contactent : je vais bien trouver un truc à leur vendre...

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