Bruno Le Maire ou la volonté du renouveau à l'UMP : derrière l'envie, quel potentiel ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire est candidat à la présidence de l'UMP.
Bruno Le Maire est candidat à la présidence de l'UMP.
©Reuters

Le renouveau, c'est maintenant ?

Candidat à la présidence de l'UMP, le député de l'Eure effectue sa rentrée politique ce dimanche à Carnac (Morbihan). L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy estime qu'"il faut du sang neuf à l'UMP".

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Bruno Le Maire a choisi d’axer sa candidature à la présidence de l’UMP autour du thème du "renouveau" des pratiques politiques qu’il défend déjà depuis quelque temps notamment avec ses douze propositions "pour une révolution démocratique" lancées l’année dernière. En quoi les préconisations du député de l’Eure sont-elles novatrices dans le paysage politique ? Qu’est-ce qu’il apporte de nouveau dans le paysage politique français ?

Bruno Jeudy : Avec le créneau du "renouveau", Bruno Le Maire a trouvé un bon thème de campagne pour se faire connaître auprès des militants UMP, ça lui permet de se différencier des "vieux routiers" de l’UMP comme Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Cela lui permet aussi de se singulariser auprès des jeunes militants et d’incarner une page qui tournerait celle des deux dernières années à l’UMP. Il incarne des pratiques politiques différentes et plus transparentes. Pour l’instant, il incarne le renouveau par son âge mais aussi parce qu’il est pleinement entré dans la vie politique depuis une dizaine d’années seulement.

Il a personnellement mis en œuvre le renouveau qu’il prône et joint la parole aux actes en démissionnant de la haute fonction publique ce qui est assez rare pour être souligné. Le député de l’Eure s’est positionné contre le cumul des mandats et il n’a pas voulu être tête de liste à la mairie d’Evreux. Il s’est par ailleurs abstenu sur le Mariage pour tous. C’est un positionnement différent des autres personnalités.

Les propositions de l’ancien ministre de l’Agriculture comme l’interdiction du cumul des mandats et la limitation du nombre de mandats dans le temps à trois successifs peuvent-elles trouver un écho au sein des militants UMP ? Les militants de l’UMP attendent-ils une moralisation de la vie politique, notamment à l’UMP, frappée récemment par l’affaire Bygmalion ?

Les positions défendues par Bruno Le Maire sur le terrain de la moralisation de la vie politique ne sont pas des propositions et des attitudes réclamées à cor et à cri par les militants UMP. Mais il y a une demande de renouveau, de moralisation et de transparence de leur part. Ces deux faits illustrent donc une espèce de contradiction dans les préoccupations des militantsLa force de Bruno Le Maire c’est d'être un homme politique neuf et pas seulement d’incarner le renouveau. Il n’est pas encore très connu et il fait moins de tours de France des fédérations que ses aînés. Pas mal de monde vient l’écouter dans ses meetings à sa surprise même. Son discours mord chez les jeunes et il commence à y avoir une vraie petite percée de l’ancien ministre de l’Agriculture.

En axant tout sur "le renouveau", la stratégie du candidat à la présidence de l’UMP ne trouve-t-elle pas toutefois ses limites ?

Le renouveau c’est bien, c’est un bon thème pour ouvrir une campagne, mais il ne peut pas se contenter d’évoquer uniquement ce mot. Il faut qu’il donne du contenu, qu’il apporte des vraies idées nouvelles et des propositions concrètes pour tourner la page. Il lui manque pour le moment un positionnement plus novateur notamment sur ce qu’il ferait de différent en matière de politique économique et sociale par rapport à Alain Juppé, François Fillon et Nicolas Sarkozy.

Dans le même temps, on reproche souvent à Bruno Le Maire son manque de charisme et son côté un peu trop techno. Peut-il finalement imposer ses idées dans la campagne malgré son manque de notoriété qu’il tente toutefois de combler en "cognant" sur François Hollande ?

C’est vrai que c’est un personnage en apparence un peu lisse. Il dit lui-même qu’il est victime de son éducation. Ce n’est pas un leader comme Jacques Chirac l’était et dont il pourrait capter une partie de son héritage. Ses efforts témoignent de sa tenacité : il s’est fixé un objectif et il y va. Il joue aussi de son côté techno, il sait qu’il ne va pas se refaire là-dessus mais ça ne lui a pas empêché d’être un ministre de l’Agriculture apprécié alors que les agriculteurs ne sont pas facile à amadouer. Il espère que sa présence sur le terrain et sa façon de s’exprimer vont lui permettre de réussir à effacer son manque de charismeDans tous les cas il fait toutefois coup double : il  a écumé les médias cet été et c’est une campagne qui lui sera très bénéfique en étant partie très tôt. Il va en profiter et il n’a de toute façon rien à perdre. Pour lui le plus important c’est d’offrir une image différente.

Peut-on imaginer un ralliement de certains fillonnistes et juppéistes dans les jours ou semaines qui viennent afin de constituer un "front anti-Sarko" qui jouerait donc la carte Bruno Le Maire ?

Même si Nicolas Sarkozy est ultra-favori, Bruno Le Maire peut récupérer à sa cause beaucoup plus de voix qu’on ne le dit. Bruno Le Maire ne souhaite pas avoir le soutien officiel d’un François Fillon ou d’un Alain Juppé mais je pense que certains juppéistes et fillonnistes lui apporteront tout de même son soutien et ses parrainages d’une manière plus discrète. Certains juppéistes et fillonnistes vont lui apporter leur soutien pour que Nicolas Sarkozy ne fasse pas un score de Maréchal à la présidence de l’UMPOn peut imaginer qu’il puisse bénéficier des voix des militants juppéistes et fillonnistes mais au niveau des responsables de l’UMP, il faut voir. Cela va aussi beaucoup dépendre du positionnement de Nicolas Sarkozy dans son lancement de campagne et son discours.

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