Bruno joue le renouveau, mais cela suffira-t-il à faire gagner la primaire à Le Maire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le député de l'Eure, Bruno Le Maire.
Le député de l'Eure, Bruno Le Maire.
©Reuters

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Le député LR Bruno Le Maire a lancé sa campagne pour la primaire de la droite, samedi à Aubervilliers, aux côtés de Michel Barnier ou encore Yves Jégo.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Après avoir officialisé sa candidature aux primaires de Droite et du Centre de novembre prochain à Vesoul, Bruno Le Maire a réuni ses partisans en banlieue parisienne à Aubervilliers, pour un meeting dont on a noté la bonne organisation, ce qui a un coût. Pour faire campagne, Bruno Le Maire a adopté une formule originale : il ne prononce pas de long discours à la tribune, mais se déplace dans la salle, micro à la main pour répondre aux questions que posent les participants. C'est plus vivant, pas forcément plus spontané, mais cela permet au candidat de se lancer dans de grandes tirades lyriques.

 Dans cette liste de candidats aux primaires qui ne cesse de s'allonger, Bruno Le Maire fait figure de concurrents sérieux car il est certain de pouvoir concourir en novembre prochain. Depuis 2012, mais surtout depuis 2014, année où il s'est présenté contre Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, il a constitué un groupe de parlementaires fidèles qui se réunissent toutes les semaines à l'Assemblée nationale, un groupe d'une bonne trentaine d'élus Les Républicains (LR ; députés et sénateurs), auxquels sont venus s'ajouter quelques UDI, comme le député de Seine et Marne Yves Jégo ou le sénateur de l'Eure Hervé Maurey. Sur ce groupe sont venus se greffer de jeunes maires élus en 2014, des conseillers régionaux de la "cuvée 2016", ainsi que quelques "déçus du sarkozysme".

 Pour le moment, la cote de Bruno Le Maire n'a pas réussi à dépasser celle d'Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy dans le coeur des Français. Mais les sondages, ça va, ça vient. Pour faire bouger les lignes, il cultive la différence avec ses ainés ; cette différence réside dans son état civil : il n'a que 46 ans. Bruno Le Maire se réclame de la génération des Cameron et des Renzi, des Premiers ministres quadragénaires. Loin d'être un novice de la politique (élu député en 2007 après avoir travaillé dans l'ombre de Dominique de Villepin au Quai d'Orsay et à Matignon), il a été ministre de l'Agriculture sous le quinquennat Sarkozy, poste sensible s'il en est !

Aujourd'hui il se pose en homme nouveau. Pendant sa campagne pour la présidence de l'UMP en 2014, il avait pour slogan "Le renouveau, c'est Bruno". Dans son discours il insiste sur le fait qu'il "n'a jamais été Premier ministre ou président de la République". Une vraie pépite que ce concept de renouveau qui lui a permis de prendre la tête de la croisade pour le "renouvellement" des hommes aux élections intermédiaires (municipales, départementales et régionales ) qui ont effectivement vu l'avènement d'une génération nouvelle d'élus. Pour lui, c'est sûr, les Français veulent de nouvelles têtes. Alors, pourquoi cela s'arrêterait-il en 2017 ?

Partisan du mandat unique, Bruno Le Maire n'est "que" député de l'Eure, ce qui lui laisse du temps pour sillonner le pays et organiser ses propres réseaux, dans la perspective de 2017. Bruno Le Maire vise les électeurs de droite, ceux qui en ont assez de ce "système" à bout de souffle, qui confond "solidarité et égalitarisme", où "l'on gagne plus en étant au chômage qu'en travaillant dur". Il veut faire beaucoup de choses : augmenter le budget de la Défense, mettre l'administration au pas : "elle doit être au service des citoyens et pas l'inverse ". Bruno Le Maire promet aussi qu'avec lui, les fautes lourdes des fonctionnaires seront sanctionnées, les "territoires ruraux ne seront plus les oubliés de la République". Il veut, comme ses concurrents, donner plus de liberté aux entrepreneurs.

Toutes ces propositions demandent à être précisées et "mises en cohérence". Pour l'heure, Bruno Le Maire en est encore aux slogans "La primaire, c'est Le Maire" est venu s'ajouter au "Renouveau, c'est Bruno". La députée LR Laure de la Raudière a même osé "Le Maire, c'est révolutionnaire" ! Pour mémoire, il y a quarante ans, un certain Nicolas Sarkozy expliquait qu'être gaulliste, c'est être révolutionnaire !

C'est sur le "segment" des électeurs de la droite des Républicains, celui de Nicolas Sarkozy que Bruno Le Maire se place aujourd'hui. Avec quel succès demain? A droite, tous les candidats auront des programmes similaires, ils sont européens, mais pas trop. Ils s'indigent de l'érection de nouveaux murs à l'intérieur de l'Europe, mais sont impuissants pour en protéger les frontières extérieures. Ils sont unanimes pour préconiser plus de liberté pour les entreprises et le respect de la laïcité. Ils n'ont pas la même approche sur les questions régaliennes, on l'a constaté avec la question de la déchéance de la nationalité. Tous voudront "une société plus juste".

L'envie de renouvellement général des électeurs est très forte. Mais seront-ils prêts à mettre leur destin entre les mains d'un homme certes compétent, mais qui n'a pas encore "pris un de ces coups" qui forgent la personnalité d'un homme d'Etat, et qui préconise comme première mesure "révolutionnaire" au lendemain de son élection, le non cumul des mandats et la limitation à trois consécutifs le nombre de mandats que l'on pourra exercer ? D'ici le mois de novembre, Bruno Le Maire aura le temps de méditer cette question et peut être d'avancer d'autres priorités plus proches des préoccupations de ces Français qui souffrent et dont il veut améliorer le sort.

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