Victoire du FN à Brignoles : l'analyse des résultats montre que le front républicain n'est pas mort partout<!-- --> | Atlantico.fr
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"La gauche et dans une moindre mesure la droite modérée peinent à mobiliser les électeurs en faveur de leurs candidats."
"La gauche et dans une moindre mesure la droite modérée peinent à mobiliser les électeurs en faveur de leurs candidats."
©Reuters

Pas si simple

Le candidat frontiste Laurent Lopez a remporté le scrutin des élections cantonales à Brignoles face à son adversaire UMP Catherine Delzers avec 53,43% des voix.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Avec 53,9% des suffrages exprimés, Laurent Lopez, candidat étiqueté Front national, a donc remporté l’élection cantonale partielle de Brignoles.  Le sursaut de mobilisation des électeurs observé d’un tour à l’autre – l’abstention a chuté de 66,7% à 52,1% en une semaine – n’a donc pas permis à la candidate UMP, Catherine Delzers, d’inverser la tendance qui se dessinait déjà au premier tour.

Brignoles n’est pas la France : d’un scrutin local isolé, il est toujours périlleux voire téméraire de tirer des enseignements nationaux. Toutefois, l’élection cantonale de Brignoles s’inscrit dans une série d’élections partielles. De cette série, au moins deux tendances se dégagent.

La gauche et dans une moindre mesure la droite modérée peinent à mobiliser les électeurs en faveur de leurs candidats. Alors que l’exécutif national enregistre des niveaux d’impopularité élevés et ne parvient pas à convaincre les Français de l’efficacité de son action, ce phénomène est particulièrement visible à gauche. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’un fait nouveau : les élections partielles sont rarement favorables aux candidats issus de la majorité en place au niveau national. Plus surprenant, l’UMP ne bénéficie pas des difficultés du camp adverse. Dans un contexte marqué par des taux d’abstention élevés, les pertes s’avèrent elles aussi non négligeables pour une droite encore convalescente depuis la défaite de Nicolas Sarkozy. Face à eux, les candidats du Front national s’en sortent mieux et peuvent fréquemment compter sur un électorat davantage mobilisé. Ce fut notamment le cas dans la 3e circonscription du Lot et Garonne en juin dernier. Alors qu’au premier tour le nombre de votant baissait de 14 500 électeurs par rapport à celui de 2012, le candidat du Front national enregistrait un gain de 796 voix. A Brignoles, avec un taux d’abstention quasiment supérieur de 5 points à celui de la partielle organisée 2012 et un candidat dissident d’extrême droite en lice, le FN ne perdait que 16 voix au premier tour.

Le front républicain ne suffit plus. Les trois dernières élections partielles ont toutes en commun un second tour du type duel UMP / FN. Ce qui frappe en premier lieu, et suscite beaucoup de commentaires, c’est la capacité des candidats frontistes à engranger de nouveaux soutiens d’un tour de scrutin à l’autre, avec des résultats de seconds tours se rapprochant de ceux obtenus à l’issue de duels gauche / droite.

S’il convenait de douter de la réalité du front républicain lors des législatives partielles de l’Oise (17 et 24 mars) et du Lot et Garonne (16 et 23 juin), la plus grande prudence dans les commentaires s’impose pour le cas de Brignoles. Paradoxalement, c’est à cette élection – la seule de ces trois élections partielles à se solder par l’élection du candidat frontiste – que le front républicain semble avoir le mieux fonctionné. Toutefois, le score de premier tour obtenu par le candidat frontiste (40,4%) et celui du candidat dissident d’extrême droite (9,1%) hypothéquaient sérieusement toute chance de victoire de la candidate UMP. Mais en recueillant 4301 suffrages exprimés au second tour, celle-ci triple ses voix en l’espace d’une semaine (coefficient de 3,07), lorsque celui-ci du FN n’engrange qu’un gain plus limité en proportion (coefficient de 1,85), d’ailleurs équivalent à celui observé dans l’Oise et le Lot et Garonne pour les candidats frontistes.

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Pour cette raison, un enterrement de première classe pour le front républicain apparaît bien prématuré. Les contextes locaux, les personnalités en présence influent sur les comportements électoraux. De plus, le renouvellement des électorats d’un tour à l’autre d’autre doivent inciter chacun à la prudence. Si la configuration de second tour à Brignoles a pu inciter certains abstentionnistes à voter hier en faveur de la candidate UMP, la dynamique issue du premier tour en faveur du Front national a aussi, sans doute, renforcé la mobilisation des électeurs favorables aux idées défendues par le parti de Marine Le Pen. Il apparaît toutefois acquis que le front républicain ne suffit pas à faire barrage au Front national lorsque celui-ci part de haut. Rappelons qu’au premier tour à Brignoles, Laurent Lopez recueillait 40,4% des suffrages exprimés contre 20,8% pour Catherine Delzers.

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