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Brexit : pourquoi Paris peut toujours rêver en pensant récupérer les activités financières de la City
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Entente cordiale ?

Le vote britannique sur le Brexit se rapprochant à grands pas, de nombreuses interrogations demeurent aujourd'hui. Parmi celles-ci, le devenir des activités financières de la très puissante City. Si la France lorgne déjà avec gourmandise sur un éventuel transfert des activités londoniennes vers Paris, la capitale française ne part clairement pas favorite.

Atlantico : Dans la perspective du Brexit, la place financière parisienne se prépare à concurrencer la City afin de pouvoir récupérer une part des activités de cette dernière dans la capitale parisienne. Ainsi, Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, a déclaré qu’il souhaitait dérouler le tapis rouge à cette fin. La place "finance" de Paris en a-t-elle réellement les moyens ? Quels sont ses atouts et ses handicaps en comparaison avec Londres ?

JNSF : Malgré toute la bonne volonté des politiques, cela me semble difficile. Paris n’a pas la dimension internationale de Londres et reste une place financière très locale. Londres attire non seulement des talents venant de tout le globe, mais constitue aussi un microcosme combinant finance, comptabilité et consulting. Ce microcosme est supporté par un réseau de gros cabinets juridiques internationaux car la common law anglaise est vue comme plus protectrice des intérêts commerciaux et de ceux des investisseurs. Elle est donc utilisée aux quatre coins de la planète. De plus, la langue, ainsi que le système d’imposition, représentent des barrières supplémentaires au transfert des activités en France.

Il me semble plus probable que seules les banques ayant déjà une large présence en France déménagent certaines de leurs activités afin de continuer de bénéficier d’une certaine économie d’échelle. Les banques françaises seraient les premières concernées. Mais aussi, HSBC a ainsi annoncé que plusieurs milliers d’emplois seraient transférés vers Paris, où elle dispose déjà d’activités de trading importantes.

S’il doit y avoir exode d’autres institutions financières, Francfort, Zurich ou le Luxembourg me semblent plus à même de bénéficier de ce mouvement grâce à leur spécialisation dans certains produits bancaires, leur régime fiscal plus favorable, ou tout simplement la proximité avec la Banque Centrale Européenne.

Quels seraient les conséquences du Brexit sur la finance londonienne ? Quelles seraient les activités impactées, et avec quelle ampleur ?

Il est encore trop tôt pour savoir quelles activités seraient affectées et dans quelle ampleur. Tout dépend des négociations et possibles deals entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Londres aurait-elle toujours accès au marché commun ? Et dans quelles conditions ?

Quoi qu’il en soit, il est bien possible qu’une partie des activités de trading de devises, produits dérivés et dettes souveraines Euro soient transférées sur le continent. Le "passeport", qui permet aux institutions financières suisses d’accéder au marché commun nécessite l’établissement d’entités légales dans la zone économique européenne. Dans le cas où Londres quitterait cette zone économique, elle risque de perdre une partie des activités des banques suisses qui se relocaliseraient ailleurs en Europe. Cependant, le directeur général d’UBS a affirmé qu’il n’anticipait pas de changement au business model de sa banque en case de Brexit. Tout reste très confus pour le moment et les partisans du Leave n’ont pas su articuler un plan précis post-referendum.

N’y a-t-il pas, de la part des représentants français, une part de mesquinerie à vouloir récupérer une part des activités londoniennes à Paris, et ce au moment même où un Brexit viendrait porter un coup sans précédent au projet européen ?

On ne peut pas leur en vouloir. Boris Johnson, l’ancien maire de Londres, avait fait de même lors des débats français sur les tranches de revenus imposables. Cependant, il faut souligner une certaine hypocrisie de la part de dirigeants qui avaient clairement pris pour cible le secteur financier (apparemment considéré comme un "ennemi") lors de la dernière campagne présidentielle. Maintenant que la croissance française est atone et que la France ne cesse de reculer dans les classements d’investissements étrangers, les promesses de campagne se sont évaporées et cet ennemi obscur de la haute finance internationale s’est tout d’un coup transformé en ami inespéré…

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