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Bobigny : Et vous croyez que c'est pour Théo qu'ont retenti quelques "Allah Akbar" ?
©Reuters

Choses vues et entendues

Ils sont révoltés ? Indignés ? Non ils sont en guerre !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il y a eu, tout le monde le sait, des émeutes d'une extrême violence à Bobigny. Théoriquement c'était pour protester contre l'interpellation brutale de Théo. Ce dernier, tout le monde le sait également,  est un héros national. François Hollande s'est rendu à son chevet et Cazeneuve a rendu hommage à sa dignité et à sa grandeur d'âme. Théo, mais ça on le sait moins, s'était jeté sur les policiers qui cherchaient à interpeller un de ses camarades…

Pour Théo donc la banlieue s'enflamme. Vraiment pour Théo ? Ils crient "justice pour Théo" mais derrière ces mots on devine un énorme "nique la France!". A Bobigny au plus fort des émeutes on a entendu des "Allah Akbar". Nous ne contesterons pas ici l'idée comme quoi Allah serait grand. N'ayant jamais suivi son enseignement nous lui accordons cette présomption de grandeur.

Mais nous savons tous qu'Allah Akbar" est un cri de guerre. Quand les tortionnaires de l'Etat Islamique égorgent leurs prisonniers c'est ce qu'ils crient. C'est aussi ce que crient un peu partout dans le monde arabo musulman les foules fanatisées qui réclament la mort pour les blasphémateurs. C'est ce qu'ont hurlé les assassins du père Hamel.

Crier "Allah Akbar!" à Bobigny a un sens. Ça veut dire "on vous haït". Ça veut dire "vous êtes tous des kouffars". Théo n'est qu'un prétexte. On haït les flics. On hait les pompiers. On hait les urgentistes. On hait les écoles, les bibliothèques, les bureaux de poste. Tous les symboles de l'Etat français vomi et détesté.

Dans les chapelles sociologisantes où s'élabore l'idéologie compassionnelle dominante on analyse doctement nos méfaits et nos crimes afin de comprendre pourquoi tant de jeunes gens, par ailleurs charmants, nous détestent autant. Notre faute est grande, nos errements sont innombrables et  nous devons expier. Quelques voitures cramées, quelques magasins dévastés, quelques flics brûlés… Ce n'est pas bien grave. Car comme dirait Christiane Taubira, qu'il est toujours agréable de citer, nous cassons du "bamboula" et du "bougnoul".

Les "Allah Akbar !" de Bobigny devraient donner à réfléchir. Ils résonnent comme une proclamation identitaire. "Voilà ce que nous sommes et ce que vous n'êtes pas, vous autres mécréants". Ils constituent le point d'orgue d'une déclaration de guerre qui, d'émeutes en émeutes, montre sa rage et sa détermination. Les voyous de Bobigny nous disent : "c'est nous ou vous !". Pour que Houellebecq soit mauvais prophète, et que la soumission annoncée par lui ne s'accomplisse pas, il est encore temps que nous répondions aux "Allah Akbar" par un "ce sera nous"! 

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