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Benoît Hamon fracture le PS, François Fillon rassure la droite, les milieux d’affaires s'inquiètent néanmoins des risques de chaos
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Atlantico Business

Les plus cyniques espèrent (secrètement) une implosion du système, les plus raisonnables souhaitent que la droite retrouve un équilibre pour permettre l’émergence d’un homme providentiel.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Apres l’élection de Benoît Hamon pour représenter le parti socialiste à la présidentielle, et les difficultés de François Fillon pour restaurer son leadership, la semaine s’ouvre dans un climat très stressé. Pour les milieux d’affaires, le système politique français risque de se mettre en marche vers le chaos, lequel ne peut déboucher que sur une crise sociale grave au printemps prochain à moins de découvrir d’ici là un homme providentiel.

Les chefs d’entreprises sont plus cyniques et pragmatiques que foncièrement inquiets. Il y aura toujours des solutions. Il y en a cependant certaines, plus douloureuses que d ‘autres. Explications en trois points.

1epoint, la situation conjoncturelle ne s’annonçait pas trop mauvaise pour 2017. Les indicateurs d’activité étaient encore la semaine dernière plutôt bien orientés avec un moral des ménages et des chefs d’entreprise bien orientés. La conjoncture internationale avait même tendance à se redresser. Les analyses d’impact de tous les projets protectionnistes de Donald Trump qui auraient dû plomber l’ambiance, n’ont pas affecté les perspectives. La mondialisation a tellement fragmenté la chaine de valeur que tout retour en arrière paraît très compliqué. C’est la raison pour laquelle, les grandes entreprises américaines qui travaillent dans les nouvelles technologiques (Google, Facebook, Amazon, Apple, Netflix) et qui avaient été malmenées par Trump pendant la campagne présidentielle ont retrouvé la confiance des investisseurs boursiers. En clair, les ambitions protectionnistes américaines feront l’objet d’une communication sans doute agressive mais leur application restera marginale.

Quant aux effets du Brexit, beaucoup pensent qu’ils seront très négatifs pour les Britanniques mais positifs pour le reste de l’Europe qui va récupérer des activités. Ajoutons à cet ensemble de planètes qui s‘alignent dans le bon sens, que la situation politique française offrait jusqu’à la semaine dernière quelques garanties de voir le pays pouvoir se réformer. Donc de se donner les moyens de se débloquer.

2e point, la situation politique nouvelle depuis ce lundi, a suscité quelques incertitudes quant à la stabilité politique nécessaire à la croissance. L’arrivée de Benoît Hamon comme candidat du parti socialiste à la présidentielle n’est évidemment pas l’hypothèse la plus capable de sécuriser le climat des affaires. Benoît Hamon s’est fait élire avec un programme très à gauche et difficilement applicable. D’autant qu’une grande partie du parti socialiste ne va pas le soutenir. Benoît Hamon a très peu de chance d’arriver en finale du deuxième tour de la présidentielle, donc il n’a aucune raison de faire avancer une pédagogie du compromis (puisqu‘il part en sachant qu’il ne sera pas élu) ; cela dit, il a beaucoup de chance de faire éclater le parti socialiste.

La gauche va donc se retrouver paralysée pour proposer une alternative de gouvernement et pour longtemps. Un tel affaiblissement est très préjudiciable au fonctionnement démocratique.

Du coté de la droite, le terrain n’est pas mieux stabilisé. Il y a certes l’extrême-droite qui contrôle tout un segment de l’opinion populaire mais qui ne défend pas une politique de redressement de l’économie.  Le monde du business comptait sur François Fillon qui avait devant lui un boulevard. La question est de savoir s’il réussira à lever les obstacles qui peuvent rendre son parcours difficile. Le discours de la villette a réussi à réunir toute la famille mais le climat est quand même assez lourd dans la France profonde. Cette situation délétère hypothèque évidemment le retour de la confiance qui était perceptible dans le comportement économique.

3e point, les milieux d’affaires en sont à craindre une crise sociale grave pour le printemps si la politique n’est pas en mesure de canaliser les frustrations et les espoirs. Alors ils craignent bien sur que Marine Le Pen profite de cette vague populiste grossie par ces désordres, car l’arrivée de Marine le Pen ne ferait que créer une nouvelle periode d’incertitude. L’hypothèse Macron est évidemment aussi dans toutes les têtes. L’ancien ministre de l'Economie va essayer de récupérer des déçus de la droite qui le mettraient alors en deuxième position face à Marine Le Pen.  C’est le vrai défi pour François Fillon : repousser Macron dans les rangs de la gauche.

A priori, les milieux d’affaires qui connaissent bien Emmanuel Macron n'ont aucun doute sur sa capacité à assumer la réalité des grands enjeux liés aux mutations. Ils n ont aucun doute sur son expertise et sa technicité. En revanche personne ne sait rien sur son assise politique, ses réseaux, son expérience et les moyens qu’il a de faire passer les réformes nécessaires.

Dans l’histoire, les situations difficiles sans solutions politiques se sont dénouées à l issue d une crise grave. Sans remonter à l’après guerre, revenons seulement à la guerre d’Algérie,1958, avec le retour du général de Gaulle. Revenons à l’après 1968 qui avait provoqué le départ du général de Gaulle et l'avènement d’hommes nouveaux comme Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Les grandes crises de l’histoire récente ont toujours accouché de solutions politiques avec des dirigeants au charisme nouveau. Le problème français, c’est que la classe politique n’a pas préparé d‘hommes nouveaux. Elle fonctionne toujours avec les mêmes, issus des différentes chapelles qui existent depuis de lustres.

Dans ces conditions, les milieux d’affaires souhaitent secrètement l’implosion de la situation. Une crise dure et pure qui provoquerait l’accouchement d’une nouvelle génération, avec des nouvelles pratiques et l’ambition de survivre.  

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