La bataille d’Angleterre : l'erreur stratégique d'Hitler qui a changé le cours de la Seconde Guerre mondiale<!-- --> | Atlantico.fr
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Le 6 septembre 1940, Hitler ordonne à son aviation de bombarder les objectifs civils.
Le 6 septembre 1940, Hitler ordonne à son aviation de bombarder les objectifs civils.
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6 septembre 1940. En riposte aux raids britanniques sur Berlin, Hitler ordonne à son aviation de bombarder les objectifs civils. Extraits du livre de Luc Mary : "Les décisions les plus absurdes de l'Histoire" (2/2).

Luc Mary

Luc Mary

Luc Mary est un écrivain et historien. Il a notamment écrit Mary Stuart, la reine aux trois couronnes (l'Archipel, 2009) et Jeanne d'Arc (Larousse, 2012). Il a aussi coécrit avec Philippe Valode Et si... Napoléon avait triomphé à Waterloo ? L'histoire de France revue et corrigée en 40 uchronies (Editions de l'Opportun, juin 2011)Il est l'auteur de 20 livres et de plus d'une centaine d'articles. Il rédige régulièrement des textes pour la revue Actualité de l’histoire, une rubrique mensuelle consacrée aux uchronies.

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Devant le refus britannique de céder à ses exigences, Hitler décide, le 16 juillet 1940, d’accélérer le cours des événements en déclenchant l’opération Seelöwe. Il s’agit d’asphyxier l’économie de l’Angleterre et de préparer un débarquement sur ses côtes (Portsmouth, Brighton) par un intense bombardement de ses ports et de ses aérodromes. A priori, le rapport de force est favorable aux avions de la Luftwaffe de Goering. Les Allemands disposent ainsi de la supériorité numérique : pas moins de deux mille cinq cents appareils composent leur flotte aérienne contre à peine sept cents pour les Anglais.

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Après s’être attaqué, sans grand succès, aux ports anglais dès le début du mois d’août 1940, Hitler ordonne à son aviation de changer de cibles et de détruire dorénavant les usines d’armement et les aérodromes du sud-est de l’Angleterre. L’objectif est de clouer au sol les Spitfire et autres Hurricane britanniques avant qu’ils ne décollent. Mais ordre a été donné de ne surtout pas bombarder les villes anglaises. Agissant encore en fin stratège, le Führer comprend que seule la paralysie du tissu militaro-industriel britannique peut faciliter le débarquement des troupes allemandes sur les côtes anglaises. À compter de la deuxième semaine d’août, l’offensive aérienne de la Luftwaffe s’intensifie.

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En l’espace de dix jours, même si la Luftwaffe accuse 367 appareils abattus, les Anglais constatent la perte de 183. Pour couronner le tout, la plupart de leurs aérodromes sont détruits et la moitié de leurs stations radar et de leurs usines d’armement ne fonctionnent plus. Au soir du 24 août, l’Angleterre frôle la tragédie quand un « miracle » survient : un aviateur allemand largue par erreur ses bombes sur la banlieue de Londres. Une erreur de navigation beaucoup moins anodine qu’il n’y paraît… En vérité, ce pilote a malgré lui changé le cours de la guerre.

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Le bombardement de Londres déchaîne la colère des Anglais. À commencer par celle de Churchill. Croyant à tort à une manœuvre délibérée de la Luftwaffe, le Premier ministre de Sa Majesté ne décolère pas : Hitler ose s’en prendre directement à la population civile ! Aussi décide-t-il de contre-attaquer. Sitôt le 26 août, Churchill ordonne à la RAF de bombarder l’Allemagne et en particulier d’écraser sous les bombes la ville de Berlin. « Décision absurde » à plus d’un titre, elle s’avère pourtant très efficace sur le long terme. Expliquons-nous : sur les 81 appareils anglais en partance pour Berlin, seulement un tiers d’entre eux réintègre les aérodromes de Grande-Bretagne à l’issue du raid. En termes clairs, l’opération aérienne sur Berlin est un échec cuisant. Mais c’est sans compter son impact psychologique sur les Allemands : il est énorme. Pour la première fois depuis le début de la guerre, le Grand Reich est attaqué sur son propre sol.

Hitler, le premier, est ulcéré. Tout comme Churchill quelques jours plus tôt, il perd patience et ordonne à ses aviateurs de s’en prendre à leur tour aux agglomérations anglaises. Assurément, l’émotion l’emporte ici sur la stratégie. « Nous raserons leurs grandes villes ! » vocifère le Führer au Sportpalast. C’est l’erreur fatale d’Hitler. Alors que son aviation est sur le point d’anéantir la Royal Air Force, il change brutalement d’objectif sur un simple « coup de gueule ». À compter du 6 septembre 1940, la Luftwaffe déverse ses bombes sur Londres, Birmingham, Liverpool, Manchester.

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Désormais, Hitler ne veut plus détruire le complexe militaro-industriel de l’Angleterre mais en terroriser la population, pensant à tort lui briser le moral. Un autre mauvais calcul. Plus les bombes tombent sur Londres et les autres cités du Royaume-Uni, plus la population enrage et se soude autour de son leader. Mieux encore, le bombardement allemand centré exclusivement sur les villes anglaises permet à la RAF de se refaire une santé. Des aérodromes aux lignes de communication en passant par les centres de commandement et leurs stations radar, les Anglais profitent de l’absence de pilonnage de leurs bases militaires pour les remettre sur pied. S’ensuit un redressement spectaculaire de l’aviation britannique.

Repérée par les radars, l’offensive aérienne allemande du 15 septembre est mise en échec. Harcelés par les escadrilles britanniques, une cinquantaine de chasseurs et de bombardiers de la Luftwaffe sont mis hors d’état de nuire. Les Anglais considèrent le 15 septembre comme « le jour de la bataille d’Angleterre ». Constatant l’échec de l’action de son armée de l’air, Hitler décide de suspendre l’opération Seelöwe.

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Extrait de "Les décisions les plus absurdes de l'histoire", Les éditions de l'Opportun (mai 2012)

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