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"Après avoir été sauvées par les États avec de l’argent qui n’existait pas, les banques sauvent les États avec de l’argent qui n’existe toujours pas"
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Abracadabra

Dans "Pourquoi la France va faire faillite", Simone Wapler propose un "kit de survie" pour que chacun comprenne les mécanismes de la crise financière actuelle, puisse éviter d'être euthanasié par les taux bas et l'inflation, et parvienne à protéger son patrimoine, petit ou grand (Extrait 1/2).

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Pendant que d’autres consommaient potions amères sur potions amères, la France trônait au côté de l’Allemagne pour se porter au secours de la Grèce, un sauvetage que notre pays n’a pas les moyens de faire, car charité bien ordonnée commence par soi-même.

La France est surendettée, elle a perdu sa note d’emprunteur vertueux, ce fameux triple A. On peut dire de la crise qu’elle est comme le nuage de Tchernobyl, elle semble s’être arrêtée à nos frontières. « Semble » mais c’est une illusion trompeuse. N’oubliez pas Hemingway « Progressivement… puis subitement ».

La campagne électorale a étalé les faiblesses nationales : propension à faire la charité avec l’argent qu’on n’a pas ou celui des autres, vertu budgétaire essentiellement associée à la levée d’impôt mais surtout pas à la réduction du train de vie public, aveuglement total sur l’économie mondiale et le train de vie de ceux qui nous entourent.

Ceux qui n’ont rien vu venir du désastre de 2008 – hommes politiques de tous bords, intellectuels, économistes et financiers – ont établi un mauvais diagnostic. Ils ont vu une crise de liquidité – c’est-à-dire une simple fin de mois difficile à passer faute de trésorerie – alors qu’ils avaient à affronter une crise de solvabilité. Ils ont appliqué de mauvaises solutions, mais ils sont toujours là. Ne comptez donc pas sur eux pour nous sauver.

Avant de nous plonger dans le coeur de notre sujet, j’ai souhaité rendre la finance accessible. En effet, les nombreux courriers que je reçois de lecteurs avertis, des gens qui savent ce que c’est que de gagner de l’argent et de payer des salariés, me montrent que quatre ans après le début de la plus grave crise depuis 1929 et la Grande Dépression, la finance reste mystérieuse.

708 000 Mds$ de produits dérivés flottent toujours. Les véritables enjeux sont masqués par un incompréhensible jargon : TARP, ZIRP, QE, LTRO, FESF, MES, CDS, twist, effet de levier et LBO, alpha ou bêta, prise en pension…

Lorsqu’en automne 2008, mes collègues et moi-même écrivions les premiers articles indiquant que le quantitative easing ou mesure d’assouplissement monétaire n’était autre que la remise en route de la bonne vieille planche à billets, nous recevions une volée de bois vert (heureusement sous forme de courriers électroniques).

Encore aujourd’hui certains prétendent que les 1 000 Mds€ que la Banque centrale européenne a fait surgir du néant seront sans conséquence (autres que bénéfiques).

Pour comprendre les vrais enjeux de ce qui nous attend, il m’a paru indispensable de poser le décor, de partir de la base financière et économique.

• Qu’est-ce qu’une monnaie, quel est son rôle, qui la crée ?

• Comment fonctionnent véritablement les banques commerciales ?

• Enfin – question suprême – quelle est la mystérieuse relation qui lie les États providence et le système financier ? Qui dicte sa loi et à qui ?

« La finance est hypertrophiée ? C’est vrai. Mais la matière première de la finance, c’est la dette. Or notre économie est surendettée. Réduisons la dette, notamment celle de l’État, et la finance se remettra à sa place. »
Daniel Bouton, ex-Société Générale[1].

Peu après l’octroi des premières facilités de prêts de la Banque centrale européenne aux banques commerciales, Nicolas Sarkozy déclarait à l’agence Reuters que désormais « chaque État pouvait se tourner vers ses banques, qui auront des liquidités à leur disposition »[2].

Début avril 2012, les commissions encaissées par les banques commerciales pour placer la dette des États nécessiteux atteignaient ou dépassaient déjà le niveau des commissions encaissées sur toute l’année 2011[3].

Voilà comment après avoir été sauvées par les États avec de l’argent qui n’existait pas, les banques sauvent les États avec de l’argent qui n’existe toujours pas.

Des États aux banques et inversement, vous voyez ainsi que nous glissons de la finance à l’économie puis à l’économie administrée et à la politique.

______________________

Extrait de Pourquoi la France va faire faillite: et ce que vous devez faire pour en sortirIxelles Editions (23 mai 2012)



[1] Challenges n° 292.

[3] L’Agefi du 3 avril. 98,1 M$ pour BNP Paribas (contre 107,1 Mds pour 2011) et 63,7 M$ pour Société Générale (contre 43,8 M$ en 2011).

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