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Avoir un enfant, plusieurs, pas du tout... Bienvenue au XXIe siècle, sous le règne de la honte maternelle
©Reuters

Bonnes feuilles

Métro, boulot, “au dodo”, “allez sur le pot”, “n’ouvre pas le frigo”, “tu as encore renversé la boîte de cacao”, “je ne suis pas au niveau”... Pas évident de cultiver la confiance en soi, quand la vie de maman est un grand n’importe quoi qui se répète inlassablement ! Maman de jumeaux et fondatrice du site fabuleusesaufoyer.com, Hélène Bonhomme vous invite à prendre un peu de recul sur ce quotidien survolté qui veut nous faire croire que nous ne sommes jamais assez minces, jamais assez compétentes, jamais assez présentes… pour découvrir que nous sommes juste assez fabuleuses, et que ça change tout ! Extrait de "C'est décidé, je suis fabuleuse", aux éditions Première Partie (2/2).

Hélène Bonhome

Hélène Bonhome

Hélène Bonhomme a vu sa vie emportée par un véritable tsunami de biberons, de couches et de questions existentielles à la naissance de ces deux jumeaux en 2012. Fondatrice du blog fabuleusesaufoyer.com et aujourd'hui chroniqueuse pour le Point.fr, elle est chef de file d'un mouvement de mamans nouvelle génération et incite les mamans à oser la bienveillance envers elles-mêmes.

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Vous n’avez pas d’enfants : “Comment ça ?” Vous en avez un : “Attention au syndrome de l’enfant unique !”

Vous en avez plus de trois : “Vous êtes du genre catho tradi ou coureurs d’allocs ?” Il y a un grand écart d’âge entre vos enfants : “Mais enfin qu’attendiez-vous ?” Pas assez d’écart : “Qu’est-ce qui vous a pris ?” Vous travaillez hors de chez vous : “Comment faites-vous pour l’organisation familiale ?” Vous ne travaillez pas : “Quel exemple donnez-vous à vos filles ?” Vous n’allaitez pas : “Comment peut-on être aussi égoïste ?”

Vous allaitez encore : “Il serait temps de perdre un ou deux bonnets.”

Ne pas vouloir fonder une famille à tout prix, mais en fonder une quand même. Travailler quarante heures par semaine, mais cuisiner bio, local et maison. Être une bonne mère, mais ne pas paraître trop préoccupée par sa progéniture. Être tout pour tout le monde, mais savoir prendre soin de soi. Bienvenue au XXIe siècle, sous le règne de la honte maternelle.

Un fléau qui touche toutes les femmes, même celles qui ne sont pas mères. Sans enfants, vous n’êtes pas accomplie, et il y aura toujours une bonne âme pour vous le rappeler. Avec enfants, pas non plus d’accomplissement : votre carrière va prendre un coup. Pas grave, vous allez compenser ! Voilà ce pour quoi vous avez été programmée : être une mère irréprochable, accomplir un travail irréprochable, sans oublier d’entretenir une maison irréprochable, tout en étant une personne formidablement détendue (et drôle si possible, Mais sans être bécasse, on s’entend).

C’est simple : vous êtes née pour être irréprochable. Sur tous les plans. Et tout cela naturellement, sans aucun effort ! Il ne faudrait pas que l’on vous voie suer. Vous devez être naturellement belle, naturellement maternelle, naturellement douée pour diriger, avoir une famille naturellement formidable et une activité naturellement florissante. Soyez irréprochable, mais n’allez pas en faire tout un flan. Quand on est vraiment douée, la perfection coule de source !

Si vous faites le choix de rester au foyer, non seulement vous aurez honte pour cause de dévalorisation sociale, mais en prime, vous aurez honte de ne pas être une assez bonne mère. Ben oui, si déjà vous êtes au foyer, alors soyez au moins maternellement parfaite ! “Tant d’années à me morfondre, à me comparer et à culpabiliser parce que je pensais être une mauvaise mère, incapable d’y arriver, m’écrit Laura. J’avais pourtant fait ce choix de devenir mère au foyer, je devais assumer !”

“J’ai été au foyer pendant 6 ans”, me raconte Mireille, 3 enfants, rédactrice en chef. “Ces années ont été marquées par la solitude et un très fort sentiment d’échec pour moi. Quand j’ai repris le travail, j’ai vécu également la solitude, la souffrance de ne pas être là où il fallait quand il le fallait. Il n’était pas bien vu de prendre son mercredi pour s’occuper de sa famille mais il n’était pas bien vu non plus d’abandonner ses enfants pour partir en voyage de presse…”

Et si la liberté de la femme commençait par l’acceptation de ce regard interrogateur que l’autre pose sur nous, et du fait qu’il ne puisse pas comprendre nos choix ?

Jamais assez à la maison, jamais assez au travail, jamais assez ferme, jamais assez douce, jamais assez compétente, jamais assez rentable, jamais assez présente : j’en ai assez du “jamais assez”.

Je suis un être humain à part entière et à ce titre, je m’octroie le droit à l’imperfection. Je veux être une femme libre : libre de la honte. Perdez votre temps à jaser si vous voulez. Moi je n’ai qu’une vie et je compte bien la vivre en étant moi ! 

Extrait de C'est décidé, je suis fabuleuse, aux éditions Première Partie. Pour acheter ce livre, cliquez ici. 

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