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De tout temps, les révolutionnaires ont entrepris de raser les clochers et d’imposer alentour un silence de bronze. Les cloches sont comme les statues. Il faut les détruire, car ce sont des signes de la civilisation qu’on récuse.
De tout temps, les révolutionnaires ont entrepris de raser les clochers et d’imposer alentour un silence de bronze. Les cloches sont comme les statues. Il faut les détruire, car ce sont des signes de la civilisation qu’on récuse.
©Wikipédia commons

Bonnes feuilles

La France est meurtrie par le terrorisme. Mais il y a plus grave : elle est en train de perdre son identité. Si l’on ne fait rien, selon Philippe de Villiers, la voix du muezzin couvrira le son des cloches de nos terroirs... À travers une mise en perspective vertigineuse, il rappelle comment, depuis les années 1980, notre pays a été lentement mais sûrement "islamisé". Extrait de "Les cloches sonneront-elles encore demain ?", de Philippe De Villiers, aux éditions Albin Michel 1/2

Philippe De Villiers

Philippe De Villiers

Créateur du Puy-du-fou, homme politique, auteur de nombreux livres, Philippe de Villiers se passionne aussi pour l’histoire de France. Il est l'auteur de nombreux ouvrages. Son dernier : Le moment est venu de dire ce que j'ai vu paru le 30 septembre 2015 aux éditions Albin Michel.

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L’heure du Muezzin

Les cloches appartiennent à ce petit monde aujourd’hui menacé des marqueurs symboliques de notre identité. D’ailleurs, de tout temps, les révolutionnaires ont entrepris de raser les clochers et d’imposer alentour un silence de bronze. Les cloches sont comme les statues. Il faut les détruire, car ce sont des signes de la civilisation qu’on récuse.

En 1793, l’ordre fut donné par la Convention de les descendre et de les fondre pour en faire des canons. Ce fut le signal de la révolte paysanne des Vendéens et des Bretons. Plutôt « la mort que la souillure »… En 1889, comme lors des inventaires, en 1906, on recommença la querelle des « sonnailles ».

En 2013, les Femen ont fait irruption dans la nef de Notre Dame, avant de tomber le manteau pour se jucher, seins nus, sur le socle des trois bourdons. C’était leur manière à elles de fêter le jubilé des 850 ans de la cathédrale. Elles déposèrent, au pied de l’autel, le nouveau credo post-moderne, parodiant ainsi la devise américaine In God, we trust. En tapant sur le bronze, elles chantaient : In Gay, we trust. Vaste programme… Elles furent relaxées pour leurs dégradations campanaires. Les surveillants furent condamnés pour les avoir expulsées.

A lire aussi sur notre site : Philippe de Villiers : "L’islamo-gauchisme est partout présent, là où on soigne les gens, là où on les éduque, là où on les distrait, là où on les nourrit"

Partout, en France, les actes de profanation se multiplient : en 2014, sur 807 lieux de culte et sépultures profanés, 673 étaient des sites chrétiens. On n’en parle guère. L’incendie criminel de Saint-Louis de Fontainebleau est passé inaperçu.

Et voici qu’on construit désormais – principe de précaution oblige  – des sanctuaires sans cloches, comme à Sartrouville, l’« église des cités ». Le curé a ainsi justifié cette décision prémonitoire  : « Nous voulons éviter de provoquer [sic] la population de quartiers à majorité musulmane. »

Il va donc falloir apprendre à s’effacer et faire disparaître les configurations familières du temps jadis. En quelques décennies, nos anciennes harmonies sont devenues des nuisances sonores.

Au nom de la laïcité, les autorités se préparent à faire le ménage pour mettre en sourdine tout ce qui serait trop voyant, trop peu laïc.

Je suis tombé de l’armoire en entendant, sur RTL, le président de l’Association des maires de France, François Baroin, qui intervenait trois jours après les attentats du 13 novembre 2015. Le journaliste Yves Calvi lui demande quelle est, selon lui, la voie à suivre pour en finir avec le terrorisme. Il répond qu’il paraît urgent de mutualiser l’espace citoyen, et donc de supprimer les crèches de Noël dans toute la sphère publique. En d’autres termes, pour amadouer les djihadistes, il est recommandé de se priver de nos symboles, de nos traditions, de nos affections. Au nom de la laïcité, on va supprimer les galettes des Rois dans les cantines scolaires au moment d’y faire entrer le halal.

Pour faire reculer l’islamisme, il faudrait éradiquer le christianisme ! Plutôt que de s’affirmer, on bat en retraite ; on va de recul en recul. Tout le pays se laisse envahir par la peur. Il doute de son assise. Après les mosquées, viendra le temps des minarets, comme en Suisse. Puis le temps du muezzin. Au nom de la laïcité, on fera taire les cloches. Mais pas le muezzin.

Quand il y eut en Suisse un référendum portant sur l’interdiction des minarets, au-delà des quatre qui existent déjà, toutes les élites ont multiplié les mises en garde. Le Conseil fédéral a prévenu  : « L’interdiction de construire des minarets pourrait mettre en péril la paix et nuire à l’intégration de la population musulmane. » La Conférence des évêques catholiques de Suisse a évoqué le risque de « fragiliser les efforts nécessaires pour établir une attitude d’accueil réciproque dans le dialogue et le respect mutuel ».

Le peuple suisse n’a pas écouté ses élites. Il fut bien inspiré. Il a voté contre les minarets, les « phares du djihad ». Par les temps qui courent, les peuples n’en font qu’à leur tête. Il a fallu une journaliste syrienne musulmane pour remettre les pendules suisses à l’heure. Elle interpella toutes les belles âmes si sensibles à l’« Accueil de l’Autre »  : « Avez-vous oublié que les sonneries des cloches d’église sont interdites au Koweït ? Avez-vous oublié que la construction d’églises est interdite dans certains pays arabes ? Avez-vous oublié les invocations exprimées dans nos mosquées tous les vendredis et appelant à diviser, à disperser et à anéantir les chrétiens ? Avez-vous oublié les fatwas interdisant de souhaiter bonne fête aux chrétiens ? etc . »

Chez nous, les pouvoirs publics se taisent mais savent très bien quel est le projet stratégique mondial des islamistes  : génocider les chrétiens en Orient et effacer en Occident toute trace de christianisme.

Ce qui se déroule là-bas, sur la terre même qui a vu la naissance du christianisme, devrait pourtant nous alerter. Les patriarches des Chaldéens et des Syriaques nous répètent à l’envi : « Ce qui se passe chez nous se passera chez vous. Ce qui nous arrive aujourd’hui vous arrivera demain. » Personne ne veut voir. Il s’agit d’une des plus brutales persécutions de l’histoire  : les maisons des chrétiens sont marquées d’un N, comme « nazaréen ». Les églises sont saccagées, les monastères sont bombardés. Les manuscrits sacrés de l’époque fatimide sont détruits. Le 26  avril 2016, l’État islamique a dynamité le clocher de l’église Notre-Dame de l’Heure à Mossoul, offert aux Chrétiens d’Orient par l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, en 1860. Pas un mot dans la presse.

C’est la fin d’un ancrage bimillénaire. Le cardinal Bechara Boutros Raï, le patriarche des maronites, nous prédit des jours sombres  : « L’Occident ne comprend pas que le danger guette à sa porte, devenue branlante par l’amoindrissement de ses valeurs. Comment un peuple entier a-t-il pu être expulsé de son sol comme si de rien n’était ? » Il y a un siècle, les chrétiens en Orient représentaient 20 % de la population. Ils n’en représentent plus que 2 %.

« Nous ne voulons pas quitter cette terre. Ici, les pas des apôtres résonnent sous les nôtres. » Ainsi les chrétiens du Levant préviennent-ils des périls à venir les chrétiens du Couchant, pour que l’Occident sorte de sa dormition. Mais nous ne les entendons pas. Le pape François répète à l’envi  : « Nous sommes tous des migrants. » Et si les migrants de demain, c’était nous ?

Extrait de "Les cloches sonneront-elles encore demain ?", de Philippe De Villiers, publié aux éditions Albin Michel, octobre 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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