Attractivité : la France résiste au Covid, le Royaume-Uni souffre plus du Brexit que du Covid et l’Allemagne est en risque de panne <!-- --> | Atlantico.fr
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Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson posent pour une photo à l'extérieur du 10 Downing Street, à Londres, le 18 juin 2020.
Le président Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson posent pour une photo à l'extérieur du 10 Downing Street, à Londres, le 18 juin 2020.
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Atlantico Business

La France est restée à la tête du hit-parade européen de l’attractivité pour les investisseurs étrangers. Devant le Royaume-Uni qui souffre du Brexit plus que du Covid, devant l’Allemagne qui se retrouve en panne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Selon le baromètre annuel de l’attractivité que mesure le cabinet EY, la France, qui s’était hissée au premier rang de la classe européenne en 2019, juste avant le Covid, a pu conserver sa place de leader en 2020 après un an de crise sanitaire.

Cet indicateur de l’attractivité est fondé sur le nombre et le montant des investissements étrangers. La France a perdu quelques opérations, mais avec plus de 985 opérations finalisées, reste néanmoins en tête des pays européens, juste devant le Royaume-Uni qui totalise 975 opérations et souffre encore plus des effets du Brexit, et l‘Allemagne, en 3e position, qui semble en panne.

Si on ajoute à l’analyse quantitative réalisée par EY des résultats plus qualitatifs qui ressortent des études réalisées par les chambres de commerce internationales, on obtient un tableau assez pédagogique des caractéristiques de cette attractivité. Parce que, ce qui motive les industriels se compose d’une multitude de facteurs (financement, débouchés, infrastructures...).

La France a, pendant cette crise sanitaire, attiré beaucoup de projets logistiques liés au développement du e-commerce et des projets dans le secteur de la santé, qui ont grimpé en nombre de 120%. Mais elle a perdu des pans de secteurs plus historiques, comme l’automobile ou l’aéronautique.

Alors que la crise sanitaire n’a pas été gérée avec toute l‘efficacité qu'on aurait pu attendre, les investisseurs étrangers et les chefs d’entreprises ont considéré que le système français conservait une bonne résilience. Le tissu économique n’a pas craqué, le tissu social a été préservé et compte tenu des aides, les marchés de l’emploi sont restés en bon état et les commerces ont beaucoup d’argent disponible pour rebondir.

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En fait, les investisseurs étrangers considèrent que les facteurs fondamentaux du système français ont été préservés puisqu’outre les qualités historiques et naturelles liées à son patrimoine, à ses acquis et à sa géographie, les étrangers se félicitent que les moyens de transport, l’appareil de santé, le modèle social, l’éducation supérieure n’aient pas été abimés.

Alors il reste bien sûr des facteurs d’incertitudes (lourdeurs administrative et fiscale, endettement et cout du modèle social), mais pour les investisseurs étrangers, ça n’est pas un problème compte tenu de la richesse française accumulée.

Surtout, les chefs d’entreprises étrangers reconnaissent qu’ils n’ont pas de problème pour attirer des cadres en résidence à Paris. La capitale, en dépit des risques gilets jaunes, d’une circulation compliquée et des prix du logement, reste attractive. D’autant que le reste de la France offre des atouts divers et variés qu‘aucun autre pays en Europe ne peut offrir.

Le Royaume-Uni a, lui, certes beaucoup souffert du Covid, mais moins que du Brexit qui a plongé l’économie dans l’incertitude et les investisseurs étrangers dans l’inquiétude. Donc ils sont toujours sur la réserve et ça se voit sur leurs investissements. Beaucoup se rendent compte que Londres ne sera jamais le Singapour de l’Europe et que le Royaume-Uni va avoir des problèmes d’approvisionnement, parce que les Brexiters ont sous-estimé la complexité et l’enchevêtrement des chaines de valeur. L’abandon des normes européennes a cassé les garanties qu‘elles apportaient sur la qualité et la transparence. D’où les retards et même les ruptures d’approvisionnement.

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Résultat : les grands groupes ont tendance à s’expatrier plutôt qu’à se réorganiser, ce qui pourrait couter à la Grande Bretagne plus de 2 points de PIB à l’horizon de 2022... Un rapport, publié le mois dernier par le British Foreign Group, révèle que 12 % seulement des Britanniques souhaitent un Brexit dur et pur, qui se traduirait sans aucun lien de dépendance avec l’Europe. Mais la grande majorité des Britanniques veulent que leur économie puisse maintenir un lien étroit avec l’Union européenne pour pouvoir la rejoindre un jour prochain, ou alors rester en dehors avec les mêmes avantages que ceux qu‘ils avaient avant le Brexit. En attendant, le Royaume-Uni a perdu une partie de sa désirabilité.

En troisième position de ce classement de l’attractivité, l’Allemagne a perdu la performance et presque l’arrogance qu‘elle affichait dans les années 2014 à 2018. A l'époque, le modèle allemand était donné en exemple pour sa rigueur de gestion des dépenses publiques et pour sa compétitivité de ses entreprises. A tel point que beaucoup d’analystes expliquaient que l’Allemagne était le pays en Europe qui avait le plus bénéficié de l'euro.

A voir les résultats aujourd’hui, c’est sans doute beaucoup moins vrai. Les investisseurs étrangers ne considèrent plus le modèle allemand comme le meilleur en Europe.

Son industrie est en risque de panne. L’Allemagne a beaucoup profité de la mondialisation et de sa présence en Asie. Aujourd’hui, son secteur automobile est en proie au doute quant à son avenir. Beaucoup pensent que le règne de l’automobile allemande dominant la planète est révolu.

La présence incontournable des Verts dans beaucoup de structures engendrent des décisions, certes vertes, mais pas forcément propices à la performance économique. On le voit dans le domaine de l’énergie où l'Allemagne n’a toujours pas restauré son indépendance.

La structure politique, elle-même, n’est pas stable. A quelques mois du départ de Mme Merkel, l’Allemagne n’a toujours pas de solutions alternatives, ni de majorité cohérente pour soutenir le prochain chancelier.

Bizarrement, l’Allemagne paraît plus puissante et plus influente auprès des institutions européennes que sur son propre territoire.

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