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Arthur encore confronté aux garants d'une "morale" hypocrite et pleine de préjugés
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Qu’on aime ou pas Arthur, on ne peut pas accepter qu'il se fasse accuser de gagner de l’argent. Dans ces conditions, n’importe qui peut être abattu par celui qui dispose d’un pouvoir politique ou médiatique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le statut de journaliste ne donne aucun privilège, aucun droit et surtout pas celui de donner des leçons de morale ou d’éthique. Le procès fait à Arthur sur les ondes d’une radio  de grande écoute est assez triste. La liberté d’expression est sacrée, merci Charlie, sauf quand elle sert à détruire ou à humilier.

En s’appuyant sur l’actualité HSBC, qui semble décidé à faire le ménage dans ses comptes et à obliger ses clients à régulariser des situations financières, un journaliste de France Inter s’est permis d’accuser une des vedettes de la télévision d’avoir élu domicile en Belgique et surtout d’avoir récemment gagné 4 millions d’euros de plus-value sans rien faire.

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En moins de 2 minutes, Arthur était accusé de fraudeur, de voleur et de profiteur. Avec quelle preuve ? Quelques rumeurs sans doute. Au nom de quoi, un présentateur de la radio publique peut il s’ériger en juge qui condamne ainsi. On n’est quand même plus sous la révolution française. Sauf que les Danton, Robespierre et Saint-Just existent encore dans quelques studios de France. Arthur n’a pas que des amis et des admirateurs mais renseignements pris, son parcours et ses pratiques sont très clean. Très classique.

Comme beaucoup de vedettes de la télévision, il n’a hérité de rien. Ni d’une fortune familiale, ni d’un nom, ni des relations paternelles, ni  d’un réseau de grande école. Qu’il ait du talent ou pas, il n’a fait qu'utiliser ce qu'il est et ce qu'il était capable de faire. Sa seule chance est d’avoir été en situation de mettre en œuvre ses qualités propres.

Arthur a gagné de l’argent mais pas plus qu’un grand joueur de foot, qu'un acteur de cinéma à succès ou qu’un PDG d’une entreprise. Comme eux, il  n’a jamais volé d’argent à qui que soit.

Arthur a gagné sa vie en "amusant" le public, en produisant un spectacle et de la télévision. Pour bien connaitre le fonctionnement de la chaine qui l’emploie, TF1, personne ne peut croire qu'elle garderait Arthur à l’antenne s’il n’assurait pas l’audience promise.

Arthur a  fait le clown, puis l’animateur de télévision. Pour exercer ce métier, il avait créé avec un de ses amis gestionnaire, une société de production. Laquelle, a été revendue il y a une dizaine d’année à une société étrangère qui voulait s’installer en France : Endemol. Du coup, Arthur s’est retrouvé à la tête d’un joli pactole.

Comme tous les contribuables qui possèdent un patrimoine de plusieurs dizaines de millions d’euros, il s’est retrouvé dans le collimateur du fisc français. Comme tant d’autres, pour ne pas perdre ce qu'il avait gagné, il a trouvé un refuge fiscal en Belgique. Dans des conditions tout à fait légales, il a expatrié cette fortune.

Plus récemment, il a réalisé une plus-value sur l’investissement qu’il avait consenti dans la société Coyote. La plus-value représente 4 millions d’euros. Son seul mérite, c’est d’avoir pris un risque. Mais si, cette plus-value n’est pas légitime, alors, aucun profit résultant d’un investissement à risque ne le sera. Et dans ce cas, il faudra interdire tout investissement à risque, interdire toute innovation et toute création d’activité nouvelle. C’est un peu ce qui explique pourquoi on a si peu de croissance et d’emplois.

Arthur se retrouve obligé de se justifier de toutes ses activités. Encore un effort et il faudra que tous les entrepreneurs, tous les créateurs et tous les inventeurs se justifient et s’excusent de gagner de l’argent avec leur création ou leur invention. Au moment où l’on essaie de s’éloigner de ce genre de procès et de réhabiliter l’entreprise et la prise de risque, c’est plutôt maladroit !

Tout cela prouve qu'on aura décidément du mal en France à sortir de ce piège qui consiste à faire des procès à tous ceux dont la tête dépasse un peu de la norme fixée par les règles administratives. Des procès jugés par des donneurs de leçons et autres surveillants aux entorses de la morale dont ils auraient définis eux-mêmes les règles.

Que l'on ne s’étonne pas, si dans ce pays, ceux qui ont l’ambition d’être plus riche que leurs parents s’en aillent à l’étranger exercer leur talents et créer de la valeur.  Pour avoir un tel problème avec l’argent des autres, ce pays a quand même une majorité de ses élites ou de ses médiateurs enfermés dans un paquet d’hypocrisie et de préjugés.

Comme disait Coluche, "quand est ce que l’on comprendra que le problème de ce pays ce n’est pas les riches. Le problème ce sont les pauvres. Ce n’est pas les riches qu'il faut ruiner, ils partiront avant. Ce sont les pauvres qu’il faut enrichir."        

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