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Entre coach et consultant, 
Wenger doit choisir
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EDITORIAL

Arsène Wenger, l'un des coaches les plus respectés du football européen, pige pour TF1. Une collaboration qui ressemble à quelque chose de l’ordre du conflit d’intérêts.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Dans une précédente chronique, j’avais traité de l’actualité politique à la manière d’un commentateur de foot. Le sujet du jour m’invite à la démarche inverse. Je voudrais vous parler d’un grand monsieur du ballon rond qui s’appelle Arsène Wenger comme on pourrait le faire d’un responsable politique. Avec sa voix de basse, ses blazers bien coupés et son humour british, l’entraîneur français d’Arsenal aurait d’ailleurs pu faire carrière à la chambre des Lords.

Wenger figure aujourd’hui parmi les coaches les plus respectés du football européen, fidèle à la même équipe depuis quinze ans où son talent a permis l’éclosion d’une multitude de stars transférées par la suite dans les grands clubs espagnols, italiens ou anglais, comme Thierry Henry ou Robert Pires. Mais il y a un mais.

Wenger pige aussi pour TF1. Il commente au côté de Christian Jeanpierre et Bixente Lizarazu les matchs de l’équipe de France, instillant à petite dose cette expertise technique qui le caractérise. Sa contribution semble appréciée des téléspectateurs puisque le grand blond à la chaussure à crampons envoyé par la Une à la dernière coupe du Monde semble installé sur la chaîne pour longtemps. Pourtant, il y a dans cette  collaboration quelque chose de l’ordre du conflit d’intérêts. Actuellement, pas moins de trois joueurs d’Arsenal figurent parmi les piliers de la sélection nationale : Abou Diabi, Bakary Sagna et le meneur de jeu Samir Nasri. Lorsque Wenger s’ébahit devant la puissance de pénétration de Diabi ou la qualité des centres de son arrière gauche Sagna, n’est-il pas directement intéressé par l’impact de ses louanges sur la côte de ses joueurs dont la valeur marchande s’évalue en dizaines de millions d’euros ? Lorsqu’il épargne Nasri transparent contre la Biélorussie vendredi dernier, réserve-t-il ses critiques pour le vestiaire d’Arsenal ? Pour dire les choses clairement, n’est-il pas dans cette affaire juge et partie ? A titre de comparaison, pourrait-on imaginer que l’éditorialiste politique d’une grande radio du matin soit un député, voire un membre du gouvernement?

Depuis quelques années, nombre d’ex-joueurs ou d’ex-entraîneurs se sont reconvertis dans les médias en qualité de consultant. Leur mission est a priori d’apporter un supplément d’âme, à la fois technique et tactique, aux débats sur le football dont la vivacité n’a rien à envier aux joutes politiques. Il arrive cependant que certains, comme Luis Fernandez par exemple, s’occupe ainsi en attendant la sollicitation d’un club ou d’une équipe nationale. Actuellement, l’ancien entraineur du PSG qui pilote la sélection israélienne a réduit ses activités journalistiques sur RMC Info. Sa position, de toute façon, ne l’expose pas de la même manière que le camarade Arsène auquel je suggère ici de choisir son camp.

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