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Arrêtons de mentir aux dirigeants des TPE sur les facilités d’obtention des crédits bancaires
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Avec la crise financière et les accords Bâle III, l’accès au crédit est devenu plus compliqué pour les Très Petites Entreprises (TPE) qui ont pourtant impérativement besoins de les négocier facilement avec des banquiers de terrain. Décryptage dans la chronique "Les entrepreneurs parlent aux Français".

Selon le baromètre annuel publié mercredi 12 février par l'assureur-crédit Coface, 63 452 entreprises ont été mises en redressement judiciaire ou liquidées dans l'Hexagone en 2013, un chiffre en progression de 5,3% par rapport à 2012. Ce chiffre est même légèrement supérieur à celui de 2009, une année considérée comme critique avec 63 204 défaillances d'entreprises enregistrées.

Si cette annonce assombrit évidemment l’horizon des entreprises, force est de constater que depuis les vœux du président Hollande, les TPE semblent faire l’objet depuis quelques mois de toutes les attentions gouvernementales.

Il était temps, car les TPE subissent particulièrement les nouvelles contraintes du crédit bancaire.

Les TPE sont loin d’être les entreprises les plus médiatiques, car leur taille modeste les empêche de disposer des mêmes tribunes médiatiques et des accès au pouvoir des sociétés plus importantes. En cas de faillite, la destruction d’emploi passe quasiment inaperçue.

Et pourtant, selon l’INSEE, environ 1 salarié sur 5 travaille dans une entreprise comptant moins de 10 salariés – et 90% des entreprises sont de cette taille. L’impact sur l’emploi – sujet central en ce moment ! – est donc tout sauf négligeable.

Il est donc crucial que les crédits d’investissement, de reprise et de trésorerie puissent être négociés de la manière la plus fluide possible.

Avec la crise financière et les accords Bâle III, l’accès au crédit est devenu plus compliqué pour cette catégorie d’entrepreneurs qui avait l’habitude de négocier « facilement » avec des banquiers de terrain. Autres temps, autres mœurs. Qu’elle parait lointaine aujourd’hui, l’époque où un commerçant, intéressé par une seconde acquisition, ou qui avait un projet d’agrandissement, obtenait le crédit nécessaire de la part de son banquier sans présenter un seul document – uniquement sur le constat que l’affaire ne désemplissait pas !

Solvency II, qui établit un nouveau cadre réglementaire en matière de gestion des risques pour les sociétés d'assurance devrait avoir pour impact le renchérissement du coût du crédit des entreprises. En effet, Solvency II tout comme Bâle III exigent moins de capitaux pour les expositions à court terme, pénalisant de fait les investissements à moyen et long terme indispensables au financement des entreprises.

Aujourd’hui, les nouvelles règles du crédit obligent l’entrepreneur à préparer un business plan  – même si son affaire est florissante et solidement implantée.  Il lui faut faire attention à son bilan, à ses ratios (le coût d’achat, les frais de personnel), être optimiste mais pas trop – voire être pessimiste, mais pas trop ! L’alchimie est difficile à trouver, et de plus en plus souvent deux business plans sont construits : l’un pour le banquier, plutôt pessimiste, avec des ratios usuels, et un autre avec les « vrais » objectifs !

Il nous faut également tirer la sonnette d’alarme entre l’image fantasmée du crédit aux TPE et la réalité vécue dans l’alcôve de l’agence.  

Le fantasme.

Les Banques communiquent beaucoup sur les prêts aux TPE et aux commerçants : on ne compte plus les campagnes d’affichage, voire télévisées, indiquant que les « vannes sont ouvertes ». Et ce discours continue en agence, où, très souvent, les banquiers de terrain formulent des « accords de principe » fort rassurants pour les entrepreneurs, ce qui les démotive pour faire jouer la concurrence… En effet, à quoi bon faire le tour du marché puisque le banquier que j’ai vu m’accorde le crédit à des conditions géniales ?!

La réalité.

Aujourd’hui, quasiment tous les crédits d’investissement et de reprise pour les TPE sont soumis à accord de comité de crédit. Et le constat est double : 1. Les réponses sont souvent longues à venir et 2. Cela peut très bien être un refus, même après avis très favorable de l’agence.

Or, dans un projet de rachat ou de développement de TPE, le facteur temps est crucial. Bien souvent, l’entrepreneur dispose de 2 mois pour trouver son financement. Et faire confiance à une seule banque, qui vous répond finalement non au bout de 1 mois et demi après avoir donné immédiatement un accord de principe, peut faire capoter un projet.

Quelles conséquences ?

Depuis 1 an : nous ne comptons plus les entrepreneurs qui nous appellent, catastrophés, car ils avaient un ou plusieurs accords de principe, qui ont finalement abouti à des refus en comité de crédit. Et repartir à la charge auprès de nouvelles banques avec une « vieille » promesse de vente ou un « vieux » business plan rend forcément méfiants les autres banquiers sollicités suite à ces refus.

Il ne s’agit pas de jeter la pierre aux comités de crédit : bien souvent, leurs refus sont prévisibles et tout à fait compréhensibles, tout simplement car le dossier a été mal ficelé par l’entrepreneur, ou parce qu’il ne respecte pas les ratios attendus (par excès ou manque d’optimisme). Les dirigeants de TPE, les entrepreneurs, n’ont tout simplement pas encore tous intégré qu’il fallait se professionnaliser, et présenter des business plan très lisibles et très cohérents. Aujourd’hui, même un excellent professionnel a besoin de présenter des prévisionnels financiers argumentés de manière très fine.

Les Banques devraient également jouer plus le jeu, et annoncer bien plus clairement à leurs clients et prospects que les « avis favorables » avant comité n’ont pas de valeur, et indiquer en toute transparence quels sont les décisionnaires sur la demande formulée.

Cela aiderait grandement à la fluidité du crédit pour ce type d’entreprises, qui, rappelons-le, emploie environ 5 millions de salariés.

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