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Arnaud Montebourg, mauvais camarade
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Zone franche

Arnaud Montebourg met ses camarades au supplice. Il y prend sans doute un immense plaisir mais c’est le pire service qu’il puisse rendre au Parti socialiste.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Petit-fils de charcutier, Arnaud Montebourg est visiblement fort habile dans le maniement du tournebroche. Et les deux cochons de lait qui transpirent dans sa gazinière sont en train de le découvrir à leurs dépens…

Pas question d’imiter son petit camarade crypto-libéral en déclarant trop rapidement sa flamme à l’un ou l’autre des deux derniers candidats en lice. Non, ce serait trop fastoche.

Et d’ailleurs, rien ne dit qu’il le fera. Il l’expliquait hier soir à Pujadas, ces deux-là sont interchangeables : d’indécrottables sociaux-démocrates dont la volonté de démondialiser et de mettre au pas la finance internationale est au minimum douteuse…

Alors il prend son temps, le bougre. Tiens, demain, s’il a cinq minutes, mais ça n’est pas sûr parce qu’il est très demandé voyez vous, il se fendra d’une petite liste d'exigences qu’il adressera à François et Martine (mais qu’il rendra publique parce qu’il n’aime pas les petits arrangements entre amis et qu’en plus, ils ne sont même pas ses amis).

Il la postera en « lettre verte » ― le nouveau courrier écolo qui met trois jours à arriver ― et attendra tranquillement qu’ils viennent lui manger dans la main en accordant des interviews à la presse internationale pour passer le temps.

Remarquez, on peut comprendre. Son quart d’heure de gloire, il peut bien en profiter. Parce qu’une fois la primaire passée, mon petit doigt me dit que les otages ne souffriront pas bien longtemps du syndrome de Stockholm. Car enfin, que représente-t-il au juste dans une élection (une vraie), le néo-protectionniste de Saône-et-Loire ?

17% d’un corps électoral de deux millions et demi de personnes : « l’épaisseur du trait » comme disent les instituts de sondage. Et 17% d'un corps électoral dont on imagine qu'il pourrait être radicalement différent le 16 octobre...

Franchement, quitte à vendre son âme au diable en promettant n’importe quoi, autant le faire en la cédant carrément à Mélenchon et à son armée d’alter-communistes :

« Oui Jean-Luc, je te reçois 5 sur 5. On sort de l’Europe, on nationalise les banques, on revient à la livre tournois et on fait zone économique commune avec le Venezuela. No problemo. Et s’il y a un autre truc, tu me passes un coup de fil, on s’arrange… »

De fait, Arnaud Montebourg est tout simplement en train de fiche en l’air des mois de marketing et d'épuisant travail cosmétique : « Tous unis pour gagner. On fait une primaire pour nous distinguer les uns des autres, mais on a tous le même programme et on est une grande et belle équipe de copains. Une « dream team » comme sous Jospin ! »  Mais c’est fini tout ça : pour satisfaire son égo de « backbencher » monté en graine par un concours de circonstances (« Le gauchiste de service est parti fonder sa propre boutique, il y avait un créneau, je m’y suis garé »), le bonhomme est prêt à faire sauter la baraque.

Finalement, la primaire n’avait qu’un seul défaut : ce mauvais compagnon.

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