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L'alcool tua Amy Winehouse... 
et le business la ressuscita !
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In vino veritas

Les enquêteurs ont remis mercredi leurs conclusions sur le décès d'Amy Winehouse. L'enquête conclut à une mort due à l’alcool. En disparaissant, la star a pris le chemin de la canonisation commerciale.

Clarisse Mérigeot

Clarisse Mérigeot

Clarisse Mérigeot est journaliste. Elle vient de publier Le Club des 27 ans, (LC Éditions - 2011). Elle a débuté à France Dimanche avant de travailler par la presse gay, puis people trash. Elle a publié "Presse People, récit d’une collaboration toxique"  Anabet, 2010. www.clarissemerigeot.com

 

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De quoi Amy Winehouse est-elle réellement morte, qui aujourd’hui le sait ou, plus justement, qui peut se glorifier de s’en soucier ? À l’aube d’une vague - facilement prédictible - d’enregistrements inédits et de témoignages de proches qui attendent dans l’ombre, certains points sont à préciser.

Première leçon, entretenir le mystère pour faire parler

La jeune femme qui buvait, qui se droguait, n’est pas morte d’avoir « abusé ». Amy Winehouse est morte de ne pas s’être sentie suffisamment aimée de « son Blake », comme elle disait. Du moins pas comme elle l’espérait. Cela se sait. Il est évident maintenant que ses chansons lui étaient intégralement dédiées ! Elles n’étaient rien d’autre que des lettres d’amour adressées à l’homme qui a participé à faire d’elle la poupée démembrée qu’elle était avant de faire son entrée dans l’au-delà, le 23 juillet dernier. La fragilité des artistes morts à vingt-sept ans réside sans doute dans la difficulté des choses à accomplir.

La maison d’Amy Winehouse aurait été cambriolée

On aurait volé les cahiers dans lesquels Amy Winehouse notait ses pensées, ses idées de chansons, de paroles... Et même dérobé sa guitare préférée, et l’armature de son troisième album - indéfiniment repoussé - entre autres effets. « C’est un choc pour la famille, a rapporté une source au quotidien. Ils sont choqués de se dire que quelqu’un a pu tomber aussi bas. Sa famille et le label étaient à mille lieues de penser à ce qu’il allait advenir des inédits d’Amy. (sic.) »

La personne en question, au-delà de la douleur de ses proches, ne les a-t-elle pas privés de la possibilité infiniment gratifiante financièrement de mettre en route l’après-mort de la jeune femme en collaboration avec sa maison de disques ? 

Bien heureux soient les ayants droit

Le père de la chanteuse s’apprête à sortir un livre vérité sur elle dont il reversera, dit-il, l’intégralité des recettes à la Amy Winehouse Foundation. Association qu’il a créée pour venir en aide aux jeunes toxicomanes. « Il veut raconter l'histoire de son départ difficile jusqu'à son ascension, puis son statut de star et ses nombreuses luttes contre l’addiction », raconte le porte-parole de l’éditeur. « Il va rassembler les différents aspects de la vie d'Amy. Il y aura le privé, le public ; tout cela pour rendre un hommage parfait à sa fille qu’il a tant aimée. »

Tant aimée. D’après Mitch Winehouse lui-même, il s’agirait pour lui de « faire son propre deuil », et de faire en sorte qu’à travers ses confessions « son nom vive à jamais ». Étonnant ?

Et un £ivre de plus, un !

Le déballage ne s’arrête pas là, à chacun sa part de gâteau choucrouté. Le tabloïd anglais Now a récemment révélé que son ex-boyfriend Blake Fielder-Civil projetait de sortir un livre sur sa relation avec Amy Winehouse. Toujours selon Now, l’ex-mari de la chanteuse ne manquerait pas de matière pour alimenter un livre des plus ignominieux : « Il a pris des centaines de clichés d’Amy dans les pires états », confie un proche. « Il envisage aujourd’hui de trahir sa mémoire car pour sa part, il a besoin de récupérer ce qui lui est dû ».

Son dû, tel que Blake Fielder Civil le considère, se résume à l’héritage de la chanteuse, qu’il n’a pas touché parce qu’elle l’avait rayé de son testament après leur divorce. 
Un héritage de plusieurs millions de livres, engrangés notamment grâce au succès de Back to Black, le disque qu’elle avait composé suite à une énième rupture du couple pour le reconquérir.

Le « Club des 27 ans », Olympe financière des artistes

Janis Joplin, Kurt Cobain, Jim Morrison, Amy Winehouse, Jimi Hendrix. Tous morts à vingt-sept ans suivant une malédiction terrible. Amy Winehouse comme tous les membres du Club a été fauchée en  pleine beauté (certes discutable) et en pleine gloire. Kurt Cobain était un ange blond, un être sensible dont on se souviendra éternellement ainsi. Jamais son image ne sera plus ternie.

Amy Winehouse était jeune. Elle était pour certains une Bardot brune qui diffusait une œuvre pleine de goût, et porteuse d’un message fort. En mourant, Amy Winehouse restera éternellement cette jeune femme brune et audacieusement "choucroutée". Sa musique ne sera jamais souillée. Elle sera au contraire célébrée.

L’album le plus connu de Kurt Cobain et de Nirvana, Nevermind, se vend encore par millions d’exemplaires chaque année.

N’était-il pas temps qu’Amy Winehouse meure ?

Sa dignité de femme et d’artiste n’ont-elles pas toutes deux été ainsi préservées ? Son nouvel album était sans cesse repoussé. N’importe quel artiste aurait vécu sa dernière apparition en concert comme une humiliation. Que serait-il advenu d’elle si elle n’avait pas rejoint le « Club des vingt-sept ans » ? Sa légende et son héritage auraient-ils été d’une telle qualité ? 

La Bardot brune aurait-elle fini éternellement interné dans une suite de désintoxications luxueuses plus ou moins consenties ? Et s’il fallait considérer sa disparition comme un soulagement ? Amy Winehouse fauchée en pleine gloire, certains diront au début d’une pente annonciatrice d’un déclin irréversible et sévère. La Bardot brune s’en est allée au zénith de sa carrière, et son nom, nul doute là-dessus, ses ayants droit s’en occuperont et feront perdurer son œuvre indéfiniment.

Une myriade d’événements médiatiques sont en vue

Morte, la jeune femme a malgré tout - et surtout malgré elle - donné un nouveau souffle à sa carrière, ce qu’elle n’avait plus la force semble-t-il de faire alors qu’elle était encore en vie.

Quelles sont les conséquences commerciales et financières de sa mort ? Une explosion des ventes de ses enregistrements, évidemment. Le plus connu d’entre eux, « Back to Black » a été propulsé disque le plus vendu de l’histoire en Angleterre, et ce en l’espace de quelques semaines seulement.

Amy Winehouse, maintenant qu’elle est morte en pleine gloire, aura droit à tous les (dés)honneurs de la rockstar déchue. Les cahiers de la Bardot brune seront rachetés à prix d’or par des éditeurs, qui sait, peut-être ses parents feront-t-ils de sa maison un musée. Sa famille quoi qu’il en soit s’ouvrira. Ses voisins, ses amis, ses amants, ses cousins. Amy Winehouse aura ses « démos », des cassettes enregistrées par elle seule dans son salon, quasiment inaudibles qui se vendront néanmoins comme des objets de culte précieux. Car n’est-ce pas seulement maintenant que se mettent en branle la fascination et le culte du génie musical de la jeune femme ?


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