Amende infligée à Nicolas Sarkozy : vers une mise en examen de l'ex-trésorière de l’UMP ? Catherine Vautrin convoquée le 4 décembre par 3 juges du pôle financier<!-- --> | Atlantico.fr
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Catherine Vautrin et Nicolas Sarkozy.
Catherine Vautrin et Nicolas Sarkozy.
©Reuters

INFO ATLANTICO

L’instruction de l’affaire concernant l’amende infligée à l’ancien président de la République s’accélère. Catherine Vautrin, députée de la Marne, ex-trésorière de l’UMP est convoquée par les juges. Elle sera soit placée sous le statut de témoin assisté, soit mise en examen.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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On pourrait croire que ce n’est pas le fruit du hasard… Et pourtant ce n’est qu’une coïncidence. Une simple coïncidence qui doit remplir d’aise l’ancien Premier ministre, François Fillon. Lui qui ne cesse de s'arcbouter sur cette histoire d’amende que doit ou ne doit pas régler Nicolas Sarkozy. De fait, l’information judiciaire ouverte début octobre 2014 sur cette affaire, pour abus de  confiance, recel et complicité, instruite par le trio du pôle financier, Renaud Van Ruymbeke, Serge Tournaire et René Grouman vient de s’accélérer. Il y a peu, c’est Fabienne Liadze, ancienne directrice des affaires financières  de l’UMP qui a été entendue comme témoin assisté. Jeudi 4 décembre, ce devrait être au tour de Catherine Vautrin, trésorière de l’UMP - jusqu'en juin 2014 -, qui à ce titre a donné l'autorisation au parti de régler l'amende de 516 615 euros infligée à Sarkozy, d’être convoquée au Pôle financier. La députée de la Marne aura évidemment beau jeu de rappeler que les donateurs du Sarkoton ont agi en toute connaissance de cause. Ils savaient en effet parfaitement qu'une partie de la somme reccueillie - plus de 11 millions d'euros - servirait à rembourser l'emprunt à la Société Générale, une autre à régler l'avance forfaitaire de 153 000 euros consentie à Sarkozy, une troisième à rembourser le montant du dépassement de ses frais de campagne, soit 363 615 euros. De même, Catherine Vautrin pourra rappeler aux juges que le 8 juillet 2013 la totalité du bureau politique de l'UMP avait donné son accord pour procéder à cette collecte. A l’issue de son audition, les juges décideront si l’ancienne ministre déléguée à la  Cohésion sociale sera placée sous le statut de témoin assisté ou celui de mise en examen. Plus tard, pourrait être convoqué l’ancien avocat de l'UMP Philippe Blanchetier, qui fut mandataire de l’Association de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en mai 2012. Pour comprendre cette  histoire, qui donne lieu à des interprétations juridiques différentes et qui devrait déboucher sur l’audition à terme de l’ancien président de la République, un retour en arrière s’impose. Avec en filigrane, la guérilla omniprésente entre Sarkozy et son ancien premier ministre.

En décembre 2012, la Commission nationale des comptes de campagne et des financement politiques estime que Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle de mai 2012 doit rembourser à l’Etat l’avance forfaitaire de 153 000 euros ainsi que le montant du dépassement de ses frais de campagne, soit 363 615 euros… L’affaire agite très vite en haut lieu l’UMP. Finalement, la trésorière du Parti, Catherine Vautrin signe, en novembre 2013, l’ordre de virement émanant du Parti vers le Trésor Public. Au lieu et place de Nicolas Sarkozy. Du côté des commissaires aux comptes, au départ totalement passifs, on commence à se préoccuper de cette histoire. Aussi, le 28 juin 2014, dénoncent-ils ce paiement au Parquet de   Paris comme étant délictueux. Au niveau  du triumvirat – Juppé, Fillon et Raffarin – qui a succédé à Jean-François Copé, ce réglement n’est pas vu d’un bon œil, c’est le moins qu’on puisse dire. François Fillon commence à ruer dans les brancards. Cette amende que n’a pas réglée l’ancien Président, cela commence à l’insupporter. C’est ainsi, à en croire deux journalistes du Monde, qu’il aurait demandé au secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet, lors d’un déjeuner avec ce dernier, en juillet, que l’on accélère la procédure contre Sarkozy dans ce dossier sensible. Fillon démentira  fermement avoir demandé quoique ce soit à son ancien secrétaire d’Etat aux Affaires européennes. Question lancinante : l’UMP avait-elle le droit de se substituer à Sarkozy et régler ces 516  615 euros ? Pour l’avocat de Fillon, Me François Sureau, la réponse est non. Sous  peine de commettre un abus de confiance. Il a développé ses arguments dans une note de 11 pages publiée par L’Express. Du côté de l’ancien Président, une note a également été rédigée. Signée de l’avocat  Philippe Blanchetier, elle estime que cette substitution  de  l’UMP n’a rien de choquant et n’est donc pas illicite… A Bercy, le directeur des affaires juridiques fait  la même analyse. Bref, les trois juges risquent de se trouver face à un casse-tête juridique. Après avoir entendu les arguments de Catherine Vautrin et de son avocat Me Christophe Ingrain, difficile de prévoir la décision qu’ils prendront…

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