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Une VIe République 
pour les Britanniques ?
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Zone franche

Alors que les Français s'extasient sur la monarchie, les Britanniques organisent un référendum sur une réforme électorale qui réjouirait nos partisans d'une VIe République...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Croyez-le ou non, la « big news » politique du moment chez nos voisins du dessus, ce n’est pas ce mariage princier dont l’impact sur la marche du pays reste fort limité. La monarchie britannique est un énorme enjeu touristique, OK, mais au plan institutionnel, son tableau de succession au trône compte à peine plus que celui de la Maison d’Orléans pour l'Hexagone…

De fait, ce qui excite vraiment les éditorialistes londoniens depuis quelques semaines, c’est le référendum de jeudi sur le changement de système électoral.

Pour le moment encore, c’est le « scrutin uninominal à un tour » qui prévaut, soit un mode d’élection des députés permettant au candidat le mieux placé d’être élu même s’il n’a pas recueilli la majorité des voix. Mais si le « oui » l’emporte ― ce qui est peu probable, compte tenu de l'avance confortable du « non » dans les sondages ―, le nouveau système ressemblera au concept suggéré pour l'élection présidentielle française par le « laboratoire d’idées » proche du PS Terra Nova.

En deux mots, l’électeur ne choisit plus directement un candidat mais classe l'ensemble des concurrents dans l’ordre de ses préférences. Si aucun d'entre eux n’obtient la majorité des suffrages, le plus mal placé est éliminé et l'on repart pour un tour autant de fois que nécessaire…

Plus de démocratie, moins de stabilité ?

La raison d'un tel changement : le système actuel est insuffisamment démocratique. Il permet en effet l’émergence de « majorités minoritaires », empêche les petites formations d'être représentées au pro-rata de leurs résultats effectifs et favorise de façon disproportionnée les deux grands partis de gouvernement (le « Labour », socialistes, et les « Tories », conservateurs).

Sounds familiar ?

Bien entendu, un intrus réussit parfois à s'imposer, puisque c’est une coalition dirigée par la droite mais intégrant des centristes (les Lib-Dem) [1] qui gouverne depuis les législatives de 2010. C’est toutefois extrêmement rare (deux occurrences à peine depuis 1929).

On s’en doute,  les Tories sont très hostiles à ce bouleversement, quand les socialistes ont le cul entre deux chaises (comme d’hab, quoi…) : ils reconnaissent évidemment l’avancée démocratique qui en découlerait, mais craignent d’y laisser des plumes et ne donnent donc pas de consigne de vote. Les Lib-Dem, en revanche, votent oui avec enthousiasme. Tout comme les Verts et les formations régionalistes (Ecosse, Pays de Galles, Irlande du Nord), qui y voient le moyen d'entrer au Parlement ― voire au gouvernement dans le cadre de coalitions à géométrie variable.

Ironiquement, le BNP, qui n’est pas un établissement bancaire chez les British mais la version locale du Front national, appelle à voter non. L’extrême-droite, ici comme ailleurs, c'est souvent intellectuellement limité…

On l'a dit, les chances de voir les Britanniques entériner ce changement majeur sont faibles, tout comme la réduction de 650 à 600 du nombre de députés (également mise au vote). Il est tout de même ironique, à l'heure où les Français se pâment pour les robes de princesses, de voir des monarchistes réfléchir aux moyens d'approfondir leur démocratie.

Clairement, si le oui l'emporte, ils auront la VIe République avant nous, ces crapules !



[1] Je dis centriste pour aller vite : les Lib-Dem sont plutôt des libéraux de gauche dont le mariage de raison avec les Tories est une vraie curiosité…

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