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Alerte météo sur la croissance : l'absence d'hiver plombe encore un peu plus l'économie française
©Reuters

Elle est où la neige ?

Partout en France, la douceur résiste à l'hiver, faisant la joie des frileux. Mais ces températures printanières ont des conséquences économiques dévastatrices.

Jean-Louis Bertrand

Jean-Louis Bertrand

Professeur de finance à l'ESSCA EM, Jean-Louis Bertrand est co-fondateur de Météoprotect, société spécialisée dans la couverture du risque météo.

Ancien trader et trésorier de grands groupes, il gère aujourd'hui l'analyse des besoins clients, la structuration de solutions, le développement des produits de couverture, et encadre les activités de recherche.

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Atlantico : Selon les chiffres de l'Insee du mois de novembre le PIB français n'est pas aussi élevé que prévu. La consommation des ménages serait en baisse à cause du niveau élevé des températures. Comment l'expliquer ?

Jean-Louis Bertrand : La météo guide les décisions d’achat des consommateurs dans de nombreux secteurs. Elle influe sur le type de produit que le consommateur achète, sur la quantité qu’il consomme, sur le moment et lieu où il consomme. Les premières études sur l’influence de la météo sur le consommateur remontent aux années 1950. Elles consistaient à noter le nombre de clients présents dans les magasins en fonction des conditions météo, le type de produits qu’ils achetaient et la quantité qu’ils achetaient. Depuis évidemment, les choses ont évolué et nous disposons d’une quantité phénoménale de données qui nous permettent d’établir un lien très précis entre la météo (température, précipitation, taux d’humidité, etc..) et la consommation d’un bien.

Une étude plus ciblée sur le secteur du textile, réalisée à partir des données de l’Institut Français de la Mode, publiée également par Meteo Protect début 2015, a montré toute l’importance de la météo sur les ventes du secteur textile. En fonction de la saison et du type de réseau de distribution, 1°C en plus en automne fait baisser les ventes de 3 à 5%.

Une étude plus poussée, secteur par secteur, réalisée par Jean-Louis Bertrand et Miia Parnaudeau de l’ESSCA, montre qu’entre 60 et 70% des catégories de vente au détail sont affectées par les aléas météo suivant la saison. Les variations peuvent engendrer des pertes de chiffre d’affaires allant de 3 à 10% par °C, avec des pertes observées sur les 30 dernières pouvant atteindre jusqu’à 30%.

Le secteur de l’énergie est un secteur particulièrement exposé car les variations de température expliquent 85% des variations de consommation. Les températures étant de 2,7°C au-dessus de la normale, il s’en suit une forte baisse de la consommation. Même chose dans le textile.

Quel a été l'impact du climat sur l'ensemble de l'année 2015 ? Comment le climat joue t il sur la consommation des ménages et l'économie ?

L'insee publie chaque mois l'évolution de la consommation des ménages et des ventes au détail. Cette évolution est mesurée par rapport au même mois de l'année précédente. En novembre 2014, les températures avaient déjà été supérieures aux normales (+2,9°C, soit le 2ème mois de Novembre le plus chaud depuis 1900). En 2015, elles le sont à nouveau (+2,7°C, 3ème mois le plus chaud jamais observé).

Cette année pourtant, et à cause des répétitions d’hivers anormalement doux, de plus en plus de distributeurs d’énergie, de producteurs d’énergie, se sont assurés contre les conséquences d’un hiver trop doux à l’aide de solutions financières indexées sur la température. Les entreprises sont indemnisées automatiquement si la température est anormalement élevée. On voit aussi de plus en plus d’entreprises industrielles dont l’activité est affectée par un hiver trop doux (pièces détachées automobiles, pneus, batteries, etc..), ou de détaillants spécialisés ont également décidé de gérer la météo plutôt que de la subir en mettant en place les solutions financières adaptées.

Le réchauffement climatique finira t il par changer l'ensemble de la structure de notre économie ?

En octobre 2015, Meteo Protect, leader européen des solutions de couverture financière climatique, a publié une étude comparée de la vulnérabilité de 5 pays européens aux variations du climat (France, Allemagne, Royaume Uni, Italie, Espagne). Les ventes au détail ressortent comme un des secteurs les plus sensibles aux anomalies de la météo. En France, les variations de températures et de précipitation, par exemple, peuvent couter jusqu’à 3,6 milliards d’euros. Pour nos voisins allemands et anglais, la note est encore plus salée.
Avec le changement climatique, les écarts à la normale ont doublé en 10 ans. Si les consommateurs ont du mal à percevoir cette évolution, les entreprises, elles, l’ont compris. Les chiffres de l’insee sont à ce titre éloquents.

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