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La France a mobilisé des milliers de policiers et de militaires à la la suite des attentats du mois de janvier.
La France a mobilisé des milliers de policiers et de militaires à la la suite des attentats du mois de janvier.
©Reuters

Effet kiss cool

La France a mobilisé des milliers de policiers et de militaires à la la suite des attentats du mois de janvier, si bien qu'il n'a plus été question de criminalité "ordinaire" en France. Pourtant cette dernière n'a pas disparu, bien au contraire : elle se renforce, notamment dans les zones périurbaines.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Aveuglement ? Effet d'aubaine ? Depuis les attentats de janvier (Charlie Hebdo, Hyper Casher, etc.), l'insécurité - braquages, cambriolages - a quasiment disparu des discours officiels et des grands médias. Les ministres parlent de "stabilité" ; publient parfois tel chiffre pris hors contexte - les cambriolages baissent en ville, mais on tait qu'ils montent à la campagne - voilà tout.

Les grands médias d'information, eux, sont muets sur le sujet. Les millions d'euros de subventions qu'ils touchent chaque année de l'Etat les poussent-ils à cette discrétion ? Car, c'est connu, "qui paie l'orchestre choisit la musique"... Tout autant, les arrogants journalistes gauche-caviar qui trustent ces médias méprisent fort ce qu'ils tiennent pour d'anodins et négligeables "faits divers"...

Pourtant, allons sur le terrain. Nous verrons que sous l'éteignoir officiel enfle toujours plus une vague criminelle, qui pourrait déferler bientôt sur le pays. En voici les indéniables signes avant-coureurs, relevés ces derniers mois :

- Les  règlements de comptes entre voyous deviennent épidémiques. Depuis avril, ces fusillades ont fait une douzaine de morts (dont cinq à Marseille, et aussi dans le Rhône, à Trappes, Villeurbanne, Aubagne, Bobigny, Saint-Denis et Montrouge. Près de vingt hommes, (du vieillard à l'adolescent) et de femmes, ont aussi été blessés par balles à Marseille, Nice, Saint-Ouen, Bobigny, Amiens, etc. Au total, ces règlements de comptes ont bondi de + 20% de juin 2013 à mai 2014.

- Dans maintes cités chaudes, les derniers commerçants résistent, toujours plus difficilement, aux pillards et aux racketteurs.

- Dans ces mêmes quartiers hors-contrôle, des racailles lynchent les habitants à la moindre remarque ou regard de travers. Récemment, un locataire est ainsi massacré à Nanterre, en un "terrifiant déchaînement de violence".

- Près de ces zones de non-droit, des voyous embusqués aux feux rouges dépouillent impunément les automobilistes. Ces vols à la portière, la seule Seine Saint-Denis en recense "un millier en 2014".

- Au long des routes, dans des parkings, des nomades criminalisés pillent les camions - récemment, même, un stock de pièces détachées du "Rafale". Ainsi, toujours plus de camions sont braqués (fret, cigarettes, colis, cosmétiques, informatique, etc.).

- En région parisienne, "la communauté asiatique de France dénonce une hausse des agressions";

Bien sûr, l'auteur dispose, et par dizaines, de documents concrets où ces infractions sont détaillées et référencées. Voyons les cas les plus graves.

• Dans la France de 2015, les armes de guerre pullulent

Un exemple parmi cent autres. En avril dernier, dans un snack-bar marseillais servant au trafic de haschisch, la police trouve : un fusil-mitrailleur Kalachnikov avec 400 munitions, un pistolet-mitrailleur Skorpion à silencieux, un fusil de chasse, deux pistolets automatiques, Colt 45 et Zastava 32 et leurs munitions. Idem désormais, dans tout repaire de voyous ou de trafiquants.

• L'amorce d'une explosion criminelle

Pour la population, l'insécurité réelle au quotidien, ce sont les cambriolages et les braquages. Qu'en est-il aujourd'hui de ces deux infractions ?

En juin 2014, la Fédération française des sociétés d'assurances signale une "explosion du nombre des cambriolages depuis 2008" : + 50 % ! Une indéniable, analyse fondée sur les 38 millions de contrats Multi Risque Habitation.

Les "Vols à main armée" maintenant. Ils sont indéniables, car forcément repérés de divers côtés : police ou gendarmerie, mairies, médias locaux, assurances, syndicats divers. Donc, ici, pas de "chiffre noir" (différence entre infraction vécue et infraction connue).

Désormais, il s'agit d'usage de "braquages de proximité", peu risqués, plutôt que d'attaques de banques, chambres fortes, etc. Le ministère de l'Intérieur dit que ces micro-braquages baissent - affirmation risible : les outils scientifiques de la criminologie constatent qu'au contraire, ces braquages sont plus nombreux, plus violents et touchent des cibles plus diverses que par le passé.

Les sources de terrain révèlent que persistent les braquages "classiques", rapportant quelques centaines d'euros, guère plus : stations-services, pharmacies, supérettes et commerces (boulangeries, jouets, articles de sport...), bar-tabacs, restauration rapide, etc.

Or désormais, de nouvelles cibles sont visées : récemment, des braquages ont visé (un ou plusieurs) : poissonnerie, bowling, salon de coiffure, grossiste en volailles, caserne de pompiers (!), mercerie, camion à pizza, jardinerie, caviste, cinéma, thalassothérapie - et un stade de foot. Même... Le Tribunal de Grande Instance de Nancy !! - preuve flagrante, au passage, du respect qu'inspire aux voyous la justice façon Taubira.

L'auteur compte nombre de magistrats, policiers et gendarmes de terrain dans ses anciens étudiants. Tous confirment ce qu'écrit l'un d'eux, début 2015 : "Les braquages de proximité se multiplient au préjudice des supérettes, bureaux de poste, pharmacies et autres boulangeries. Dans mon ressort, pas une semaine sans un ou plusieurs de ces faits ". Or ces braquages de proximité sont toujours plus violents et adviennent en série, voire par rafales.

• Les braquages violents

Ici, les témoignages abondent. Dans les mois écoulés : "Uckange, braquage d'une rare violence... Commerçants "braqués à domicile et violemment frappés"... A Margnac-sur-Touvre "Le braqueur frappe la vendeuse à coups de pieds et de poing"... A Issy-les-Moulineaux, un distributeur de billets attaqué à l'explosif, " à 8h30 du matin quand la fréquentation des lieux est intense"... Ailleurs, les bandits "ont lancé le véhicule en feu sur l'atelier"... Lyon "Braquage à la kalachnikov dans une rue pleine de monde"... Metz "Commerçant blessé par balles lors d'un braquage"... A Courcelles-les-Lens "la caissière est gravement blessée par balles". Ainsi de suite, parmi cent cas traumatisants.

• Les braquages en série

Centre-est de la France : "cinq bijouteries braquées en moins d'une semaine".

Nantes "L'invraisemblable série de braquages se poursuit".

Arras, supermarché 8 "3e braquage en un an".

Vesoul "Plusieurs commerces braqués depuis le début de l'année".

Béthune, Saint Sébastien sur Loire "deux braquages dans la journée".

Grande Synthe "braquages en série".

Val-de-Marne : les braquages y ont augmenté de 10% en 2014.

Il en est ainsi depuis deux ans, partout en France et au quotidien.

• Qui souffre le plus de cette criminalité incontrôlée ?

Cette criminalité ravage la France périurbaine, les faubourgs, les villes satellites des métropoles et campagnes proches. Là, vit 60% de la population et 80% des classes populaires : ouvriers, employés, petits paysans ou artisans, patrons de TPE. Cette France-là souffre d'une triple insécurité :

- Physique (la criminalité),

- Economique (la crise),

- Culturelle (l'immigration).

Cette population se sent oubliée par la bourgeoisie officielle - seule face aux prédateurs aujourd'hui et peut-être, face aux terroristes, demain.

Cette population est lucide. Les contes de fée sur le "vivre ensemble", les "maquillages" sur la sécurité, soulagent sans doute aujourd'hui les gouvernants - mais à terme, ils sont ravageurs, car le réel criminel existe.

Dans la population périurbaine, enfle ainsi l'explosif sentiment d'un écrasant déni de justice. Sentiment qui, les siècles écoulés, a provoqué jusqu'à des révolutions. Voici en tout cas les premiers symptômes manifestes d'une rage qui monte :

- En France, des magasins placardent désormais les photos des voyous qui les pillent,

- N'en pouvant plus des agressions et des trafics à leurs portes, les commerçants de la rue Jules-Guesde à Lille (ville socialiste...) veulent créer une milice armée.

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