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Agriculteur poignardé par un fiché S : la justice ne retient pas le terrorisme contre l’agresseur
©Eric CABANIS / AFP

Justice à deux vitesses ?

L’individu radicalisé qui avait poignardé un agriculteur dans son champ en juin 2017 a été condamné à 3 ans et demi de prison ferme. Il comparaissait déjà détenu dans le cadre d’une affaire précédente. L'acte terroriste n'a pas été retenu par le tribunal.

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WikiAgri est un pôle multimédia agricole composé d’un magazine trimestriel et d’un site internet avec sa newsletter d’information. Il a pour philosophie de partager, avec les agriculteurs, les informations et les réflexions sur l’agriculture. Les articles partagés sur Atlantico sont accessibles au grand public, d'autres informations plus spécialisées figurent sur wikiagri.fr

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Christophe Morineau-Cooks

Christophe Morineau-Cooks

Christophe Morineau-Cooks est journaliste professionnel depuis 25 ans. Toulousain, il est reporter dans de grands quotidiens régionaux du nord de la Loire et à la radio.

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L’homme qui avait attaqué au couteau un agriculteur du Lot-et-Garonne l’année dernière, a été condamné à 3 ans et demi de prison ferme, il y a quelques jours par le tribunal correctionnel d’Agen. La procureure de la République, Manuella Garnier, qui avait requis 5 ans d’emprisonnement ainsi que cinq années d’interdiction du département n’a donc pas été suivie par les juges.

L’acte terroriste non reconnu

Âgé de 42 ans Kamal Belbakkal comparaissait détenu puisqu’il purge déjà une peine de 8 mois ferme pour ne pas avoir respecté le contrôle judiciaire qui lui avait été imposé pour une affaire précédente.

« Evidemment s’il avait pris plus, cela ne m’aurait pas vraiment dérangé », insiste Yves Boussuge, la victime. « Il a quand même dit aux gendarmes qu’il voulait partir défendre ses frères en Syrie et que ce qui s’était passé au Bataclan, c’était bien fait pour nous ! Je pense qu’il finira par tuer quelqu’un ce type. Alors on nous dit qu’il n’est pas dangereux, mais il était quand même encadré par six policiers et une personne de la préfecture est venue dire au tribunal qu’il était surveillé. »

Car si l’agresseur était fiché S, son acte contre cet agriculteur de 58 ans n’a pas été reconnu par la justice comme un attentat. Une position contre laquelle s’élèvent toujours Yves Boussuge et son avocate pour qui il s’agissait bel et bien d’une action terroriste. « Mais pendant l’enquête, la procureure m’a dit que cet homme n’avait pas attaqué un symbole. » En attendant, le céréalier de Laroque-Timbaut, petit village situé entre Agen et Villeneuve-sur-Lot, jure qu’il se souviendra longtemps de cette soirée du 18 juin 2017. Il est alors peu avant 21 heures lorsqu’il moissonne son champ d’orge, en compagnie d’un jeune agriculteur. A cet instant, Kamal Belbakkal circule à scooter sur la route voisine et se plaint des poussières occasionnées par la moissonneuse-batteuse. Yves Boussuge lui répond par un bras d’honneur.

« Si j’avais tourné le dos, j’étais mort ! »

Et là, selon ce dernier, tout dérape. Son assaillant le bouscule et lui assène des coups de poignard au bras gauche, qui lui provoquent une plaie béante jusqu’à l’os. Le muscle du triceps est même presque entièrement sectionné. Le quinquagénaire perdra 1,5 litre de sang, avant que les sapeurs-pompiers ne le secourent pour le transporter de toute urgence à l’hôpital d’Agen.

Au cours de l’audience, Kamal Belbakkal a nié les coups de couteau. Il n’a pas non plus reconnu avoir pénétré dans le champ, ce soir-là. Et il a contesté avoir crié à quatre ou cinq reprises Allah Akbar, comme Yves Boussuge l’a affirmé aux gendarmes. Par ailleurs, il a dénoncé un acharnement et a souligné que, dans cette affaire, l’unique victime c’est lui-même. Il faut bien dire que le couteau, qui aurait été utilisé pour perpétrer cette agression, n’a pas été retrouvé.

« Mais je peux dire que jamais je n’oublierai le regard noir et haineux de cette personne », appuie Yves Boussuge. « Il voulait me tuer et si j’avais tourné le dos, j’étais mort. C’est certain ! »

A présent, l’agriculteur qui habite une maison isolée dit avoir encore peur. Toujours très marqué par ces événements, et se plaignant de douleurs permanentes à son bras, il a demandé au tribunal la possibilité de bénéficier d’une double expertise physique et psychologique.

Article publié initialement sur le site Wikiagri

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