Afghanistan : mort de l’émir d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri

Égyptien né en 1951 au sein d'une famille bourgeoise et religieuse cairote, il avait rejoint encore adolescent les Frères musulmans. Cela ne l’avait pas empêché de poursuivre ses études de chirurgie. Fondateur du Jihad Islamique égyptien, il avait été impliqué dans l'assassinat en 1981 du président Anouar Al-Sadate et emprisonné pendant trois ans. Il avait ensuite rejoint l'Arabie saoudite puis le Pakistan au milieu des années 1980. Il y avait participé à la guerre contre les Soviétiques qui avaient envahi l’Afghanistan en 1979 particulièrement en soignant les moudjahidines réfugiés dans des camps dans la région d’Islamabad. C’est là qu’il avait rencontré Oussama Ben Laden.

C’est lors de son séjour au Soudan de 1990 à 1994 que Ben Laden avait finalisé l’organisation « Al-Qaida », Ayman Al-Zawahiri devenant son numéro deux et son médecin personnel. Homme de religion, médecin mais aussi stratège, c’est lui qui a été derrière l’expansion mondiale d’Al-Qaida au Yémen, au Sahel, en Somalie, en Irak puis en Syrie.

Par contre, il n’avait pas apprécié la dérive ultra-violente et surtout anti-chiites d’Abou Moussab al-Zarqaoui, le leader de la branche irakienne d’Al-Qaida qui deviendra, après sa mort en 2006, l’État Islamique d’Irak (EII). Cette matrice fera sécession d’al-Qaida en 2014 sous l’impulsion Abou Bakr al-Baghdadi et deviendra Daech devenant la concurrente de la « nébuleuse » (que par facilité l’auteur qualifie d’Al-Qaida « canal historique »).

Le département d'État américain offrait jusqu’à 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant la neutralisation d’Al-Zawahiri.

Donné plusieurs fois pour mort de maladie en 2020, il était réapparu ensuite dans une série de vidéos. Un comité des Nations unies estimait en 2021 qu'il se trouvait « quelque part dans la région frontalière entre l'Afghanistan et le Pakistan. ».

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahif, a déclaré sur Twitter qu'une « frappe aérienne » avait été menée par un drone américain sur une maison du quartier Sherpour de Kaboul. Il a ajouté : « L'Émirat islamique d'Afghanistan condamne fermement cette attaque […] violation flagrante des principes de l'accord international de Doha » signé fin février 2020 avec les États-Unis.

Washington a confirmé que le tir de deux missiles Hellfire(1) lancés depuis un drone (qui peut être un MQ-9 Reaper, un MQ-1C Gray Eagle ou le dernier né « Mojave »)n’avait engagé personne directement sur le sol. La présence de Zawahiri à Kaboul qui avait été repéré par la CIA depuis le début de cette année constituait une violation du même accord de Doha cité par les talibans.

1.Il est possible qu’ils aient utilisé la « bombe ninja » R9X, une variante sans explosif de l’AGM-114 Hellfire mais doté de lames tournoyantes. Cela permet de neutraliser la personne visée tout en évitant les pertes collatérales.