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Aéroport d’Orly : rasez ces barbes que je ne saurais voir !
©Reuters

La tondeuse pour tous

La chasse aux barbus est ouverte. Certains se demandent pourquoi. Eléments de réponse.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La barbe fait partie de l’histoire de France. Elle fut triomphante, glorieuse et fleurie sous la Troisième République. Portée fièrement par les radicaux-socialistes, le parti dominant, et par d’autres. Elle était grande et occupait la majeure partie du visage. Une revanche sur les boucs et les barbichettes, misérables ornements du Second Empire de Napoléon III.

Elle n’était ni de gauche ni de droite. Puis elle tomba en désuétude et disparut avec le temps. Ses poils s’entassèrent par milliards dans le cimetière du temps perdu (Proust déjà n’en portait plus). Aujourd’hui, elle revient en force, naturelle, désordonnée, poussant dans tous les sens. La barbe pour tous ? Non, seulement pour certains !

Dans les aéroports de Paris, la fouille des bagages et la palpation éventuelle des passagers sont assurées par une société privée du nom de Securitas. Celle-ci a adressé à ses 16 000 agents un "référentiel vestimentaire" qui stipule que "tout doit être rasé de près : boucs, moustaches et barbes doivent être courts, taillés, soignés et entretenus". En vertu de ce code, Bachir, Ali et d’autres ont été licenciés. Plusieurs agents, en revanche, ont accepté, la mort dans l’âme, de porter le fer sur leur barbe, ne voulant pas perdre leur emploi.

Pour éviter tout amalgame, précisons que les juifs pieux et observants arborent eux aussi sur leur visage une pilosité impressionnante. Mais il n’y en a pas parmi les agents de Securitas. Et de façon générale, on fout la paix aux juifs barbus. Un des employés licenciés a déposé plainte pour "discrimination religieuse". Son avocat s’étonne : "Il portait la barbe depuis longtemps, et c’est seulement après les attentats du 13 novembre qu’on a commencé à l’embêter. Pourquoi ?"

En effet, quel rapport entre la barbe et les derniers attentats ? Quel rapport entre la barbe "made in France" et les barbes des assassins de Daesh ? Quel rapport entre des poils et des égorgements ? Les passagers qui, par millions, embarquent dans nos aéroports ont trouvé, même si c’est injuste, qu’il y avait un rapport. Ils sont devenus pogonophobes (pogon : "barbe" en grec ancien). Oui, des agents de sécurité portant la barbe, c’est anxiogène en période d’attentats.

C’est certainement regrettable pour Bachir, Ali et les autres. Mais ils exercent une profession particulière : agent de sécurité. Et, déplorons-le mais c’est ainsi, les passagers ne se sentent pas en sécurité avec eux. Car, sur les images diffusées par Daesh, les barbes sont toujours tachées du sang des victimes égorgées. Ali, Bachir et les autres devraient essayer de le comprendre. S’ils n’y arrivent pas, ils devraient se diriger vers d’autres métiers qu’agent de sécurité.

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