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Mark Carney est arrivé à la tête de la Bank Of England ce 1er Juillet.
Mark Carney est arrivé à la tête de la Bank Of England ce 1er Juillet.
©Reuters

Montagnes russes

Mark Carney est arrivé à la tête de la Bank Of England ce 1er Juillet. Un choix éminemment politique.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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En dehors des Footballeurs et des présentateurs télés, il existe depuis peu de temps une nouvelle forme de mercato ; celui des banquiers centraux. Alors que  Barack Obama se chargera de nommer le nouveau président de la Fed au mois de septembre, c’est l’arrivée de Mark Carney à la tête de la Bank Of England qui attire l’attention en ce 1er Juillet.

Après avoir mené la Bank of Canada avec un certain succès depuis 2008, Mark Carney gravit un échelon supplémentaire en arrivant au Royaume Uni. Le gouvernement de David Cameron a réellement fait preuve d’audace en allant chercher ce « non national » afin d’exercer une fonction, qui de fait, dispose du plus grand pouvoir économique de la nation.

Mais ce choix de personne est également un choix éminemment politique.  Le gouverneur n’avait pas attendu longtemps après l’annonce de sa nomination pour mettre le feu aux poudres. Le 11 décembre 2012 Marc Carney prononçait un discours à Toronto en faisant part de ce qui semblait être pour lui la meilleure méthode monétaire : L’objectif de PIB nominal, ou NGDP Targeting. Derrière ce langage barbare se cache une révolution intellectuelle dans la perception de l’économie par les banquiers centraux.

Faisant suite aux méthodes exclusivement dédiées au contrôle de l’inflation, cette nouvelle approche considère de façon brute l’évolution de l’économie, à savoir sa croissance nominale. Par la même c’est la croissance et l’emploi qui vont faire leur apparition dans l’objectif de la banque centrale. Bien que ceci puisse être une évidence, cela n’a en rien été le cas. Et bien entendu il s’agit d’une notion étrangère à la Banque Centrale Européenne, car comme le rappelle régulièrement Mario Draghi « notre mandat n’est pas le plein emploi ». Les 12.2% de chômeurs de la zone Euro sont priés de remercier leur banque centrale d’être parvenue à maitriser les prix avec tant de succès.

Par cette nouvelle technique Mark Carney met au premier plan le travail réalisé par l’économiste Scott Sumner, qui en aura été l’inlassable et plus puissant support. C’est ainsi que l’objectif aujourd’hui recherché par de nombreux gouvernements : la croissance et l’emploi, seront pris en compte au même titre que la maitrise des prix. Plus de choix à faire, plus d’arbitrage politique à réaliser : emploi et inflation sont ici regardés de façon égale, et donc indifférente.

Afin d’imposer sa vue, le nouveau gouverneur devra tout d’abord convaincre ses pairs de la Bank Of England, mais bénéficiera pour cela du soutien de Georges Osborne et de David Cameron. Afin de ne pas choquer les vieilles habitudes de cette institution, Carney pourrait cependant se contenter d’introduire un système dit « d’inflation flexible » qui lui permettra de faire la moitié du chemin sans provoquer trop de heurts.

Le plus important pour nous, européens continentaux, est que Mark Carney va mettre en place un système qui sera directement en concurrence avec la zone Euro. Le Royaume Uni est exposé aux mêmes difficultés, connait les mêmes contraintes, déficits, dettes, faible croissance et chômage encore élevé (bien que sans commune mesure avec la zone euro). A partir de ce jour, le traitement qui va être apporté sera radicalement différent de celui proposé par les européens, et les résultats seront une leçon. Plus vite Mark Carney réussira, plus vite la zone euro devra s’incliner devant ses échecs monétaires. Après les Etats Unis et le Japon, c’est le Royaume Uni qui va contribuer à totalement isoler la doctrine mortifère européenne.

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