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Accord May-Macron: on prend les mêmes et on recommence
©Peter NICHOLLS / POOL / AFP

Immobilisme ?

Theresa May et Emmanuel Macron ont signé, à Sandhurst, un accord franco-britannique qui complète les accords du Touquet. La Grande-Bretagne ajoute 50 millions € pour améliorer les conditions de rétention des étrangers à Calais. Le sort des mineurs non accompagnés devrait être amélioré. Pour le reste, rien ne change, ou presque. Brexit ou pas Brexit, la relation entre la France et l’Angleterre ne change pas.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Une fois de plus, c’est une non-actualité qui défraye l’actualité. Emmanuel Macron et Theresa May ont signé un accord qui complète les accords du Touquet. Leur grande nouveauté tient à l’extrême stabilité, voire à l’immobilisme de la relation franco-britannique, malgré le Brexit. C’est un signe important sur le caractère désormais accessoire de l’Union Européenne dans le jeu des puissances continentales.

Un accord sur le retour aux frontières et aux protectionnismes

N’en déplaise à ceux qui imaginaient que le président Macron apporterait un souffle nouveau à l’Europe. En réalité, sa vision de l’Europe s’arrête là où les frontières de la France commencent. L’accord de Sandhurst le prouve: il vise à améliorer la gestion et la tenue de la frontière franco-britannique. Pour ce faire, les Anglais mettront 50 millions € de plus chaque année. 

Ce système, posé par les accords du Touquet, d’une sorte de déport de la frontière britannique à Calais ne manque pas d’air. Il consiste à créer un hotspot en France, comme on en a créé en Grèce ou en Turquie. 

Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes de voir la France et la Grande-Bretagne se mettre d’accord pour créer un camp de réfugiés en France. Les étrangers qui s’y trouvent n’ont aucun avenir, et leur présence sur place n’a aucun sens. Et sous nos yeux, le plus éloquent des démentis aux discours bien-pensants sur les migrations est apporté par un Président qui avait fait de l’Europe ouverte un cheval de bataille. 

En réalité, le bla-bla anti-Brexit sur la lutte de la lumière européenne contre l’obscurantisme nationaliste était une vaste carabistouille. Emmanuel Macron s’accommode très bien du rôle de garde-frontières que la Grande-Bretagne lui fait jouer, moyennant un petit chèque supplémentaire.

Tant pis pour les habitants de Calais. 

La France sans solution face aux réfugiés et aux migrants

Peu à peu se dévoile l’envers du décor à Calais. Pendant que les associations prétendument humanitaires nous arrachent des larmes sur la vie dans ce camp où les principaux fauteurs de troubles seraient les policiers, la réalité mafieuse de l’opération n’est plus un tabou. Calais est d’abord le refuge de trafics en tous genres où des passeurs exploitent la misère humaine. 

Qu’avons-nous à offrir à ces milliers de pauvres gens qui rêvent de passer la Manche? Un camp permanent, démantelé régulièrement et qui se reconstitue par un mouvement quasi-naturel en attendant le prochain démantèlement. 

Sur ce point, Macron ne fait en tout cas pas le jeu du renouvellement. Il prolonge une situation qui rend la ville de Calais invivable et qui n’offre aucune issue aux réfugiés qui y campent. À mesure que le temps passe, la pègre s’installe, et c’est tout une région qu’on torpille sans l’avouer. 

L’Europe impuissante face aux flux migratoires

Dans la pratique, l’accord May-Macron avalise l’impuissance de l’Europe face aux flux migratoires qui la parcourent désormais de façon permanente. Des Afghans, des Africains, aboutissent à Calais comme dans un cul-de-sac et on ne sait qu’en faire. En dehors de la relation bilatérale franco-britannique, aucune solution n’existe à ce problème, si tant est que la France et la Grande-Bretagne aient une solution autre que l’absence de solutions. 

On dira la même chose de la coopération militaire entre les deux pays. La Grande-Bretagne fournira trois hélicoptères de transport aux forces françaises au Mali. Le Brexit passe, mais la relation militaire privilégiée entre les deux pays reste. 

C’est la leçon qu’on retirera de l’accord de Sandhurst. L’Union Européenne ne justifie pas qu’une relation millénaire soit gâchée. On pourra parler de renouvellement tant qu’on voudra, certaines traditions, certains héritages ne changent pas. Décidément, l’Europe reste encore aujourd’hui un ensemble de nations indépendantes.

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