Absolutely Fabulous : les deux Anglaises les plus déjantées de l’histoire de la télé britannique débarquent sur le grand écran<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Simplement méchantes ou absurdes, Edina et Patsy mettent le feu au grand écran.
Simplement méchantes ou absurdes, Edina et Patsy mettent le feu au grand écran.
©

THE DAILY BEAST

Edina et Patsy sont de retour, toujours aussi alcoolisées et dévergondées dans Absolutely Fabulous. Si la série est mieux que le film, vous allez adorer les retrouver.

Tim Teeman

Tim Teeman

Tim Teeman est journaliste pour The Daily Beast.

Voir la bio »

Copyright The Daily Beast - Tim Teeman

Si la merveille des sitcom de la BBC, Absolutely Fabulous, vous manquait (première saison diffusée en 1992), alors, réjouissez-vous, le film avec Jennifer Saunders et Joanna Lumley, respectivement dans les rôles d'Edina et Patsy, vous réchauffera le cœur ! Le film, à regarder avec des fans qui piaillent et gloussent, aussi ravis que vous de retrouver de vieilles amies, réutilise les blagues et les ressorts comiques de la première saison, l'obsession d'Edina pour son poids et la mort, qui transparait à travers ses régimes dingues et ses tenues immondes, l'extravagance sans limite de Patsy qui descend une bouteille de Chanel N°5 lorsqu'il n'y a plus d'alcool et lèche en vain l'extérieur d'une bouteille de champagne, desespérée qu'il n'y ait plus de breuvage pétillant à l'intérieur.

Lors d'une projection de presse, le générique a été acclamé bruyamment et chaque apparition à l'écran des seconds rôles était ponctuée de petites exclamations : Saffy, la fille raisonnable interprétée par Julia Sawalha, la mère d'Edina interprétée par June Whitfield ou encore Jane Horrocks, l'assistante fofolle d'Edina. Lorsque des stars jouant de petits rôles apparaissent - de Kate Moss à Joan Collins, elles sont nombreuses - les acclamations sont encore plus franches.

Votre capacité à accueillir ces vieilles amies avec joie conditionnera votre appréciation du film. Même les fans les plus dévôts conviendront que l'intrigue est bien trop faible. Les milieux ineptes et vides de la mode et des relations publiques épinglés sans pitié dans la sitcom sont là aussi ridiculisés. Avec le temps, cette satire tout comme les mannequins et personnalités de la mode qui apparaissent également dans le film, a vieilli. Jerry Hall, désormais Madame Rupert Murdoch, se parodie elle-même magnifiquement, expliquant à quel point elle aime Chanel pour, on le suppose, dérober le plus de Chanel possible à un journaliste qui se ronge les ongles d'ennui sur le tapis rouge. On retrouve Stella McCartney (horrifiée par Eddie, qui porte une de ses robes) entourée de top-models qui, s'imagine Edina, la trouvent formidable, mais surtout, il y a Kate Moss. Edina la pousse accidentellement dans la Tamise alors qu'elle essaye de s'en faire une cliente.

Il en résulte un fait-divers qui fait la Une des médias lorsque la mannequin disparue est présumée morte noyée et que les journalistes du monde entier en perdent la tête. Bien sûr, Eddie (bien naïve face à Twitter, la fuite de ses clients et la ruine de son statut) et Patsy décollent pour le sud de la France, espérant y conserver la liberté. Le meilleur du film réside dans le retour à l'esprit de la première saison :  l'infirmière aux lèvres pincées (Llewella Gideon) toujours disposée à dire à Eddie à quel point elle est grosse ; Claudia Bing - l'ennemie jurée d'Eddie – interprétée par Celia Imrie, qui serait ravie de voir Eddie inculpée pour homicide.

Patsy et Edina sont un désastre alcoolisé ambulant à elles seules. Au cours d'une longue séquence durant laquelle elles abusent d'autant de substances illicites que possible, elles ont l'idée brillante d'envoyer Bubble sur la Tamise pour qu'elle retrouve Kate Moss et pensent l'avoir tuée elle aussi. L'humour doit obligatoirement être plus grand public pour le grand écran. Il y a même une scène de course poursuite : Eddie et Patsy essayent d'échapper à la police dans un mini-van. La "désolation" du monde de la mode suite à la mort supposée de Kate Moss est adroitement capturée par les fashionistas, qui se plaignent surtout d'avoir mal aux pieds. Saffy et sa fille Lola (Indeyarna Donaldson-Holness) sont aspirées dans le chaos général. De l'alcool est consommé, royalement. Des tenues impossibles sont portées, cranement. Saffy, le pilier de sagesse du film, se retrouve au Royal Vauxhall Tavern, l'un des plus vieux bars queer de Londres, à chanter devant un parterre de drag queens pour obtenir des informations sur la planque de sa mère.

Bizarrement, ces scènes ne sont ni vraiment drôles, ni vraiment sérieuses.

Toujours à la pointe, Absolutly Fabulous : Le film s'intéresse aussi aux transgenres, avec sa brutalité de ton coutumière (les fans se souviendront de la petite opération de Patsy il y a de nombreuses années. Marshall, le premier mari d'Eddie, est désormais "en transition").

Patsy, en tant qu'homme, trouve l'amour auprès de Lubliana (Marcia Warren), la femme la plus riche du monde, dans un grand mélange de genres. Les lents voyages de la riche Lubliana en funiculaire sont l'une des joies visuelles du film. Quant à Lola, elle est tout simplement balayée par la folle cavale de sa grand-mère mais, et c'est un défaut général du film, elle n'a pas grand chose à dire. Elle n'est ni drôle ni sérieuse, ni complice ni influençable. Elle ne fait qu'apparaître dans les scènes.

Les meilleurs passages du film consistent à voir Eddie et Patsy être Eddie et Patsy : simplement méchantes ou absurdes, ou alors en train de radoter sur la vie et l'univers. Le délayage frénétique et exubérant de l'intrigue laisse les fans les plus accro dans la salle un peu silencieux. Mais une réplique percutante arrive toujours à point nommé pour nous faire glousser. Les exigences du grand écran et ce besoin de "monter le volume" du programme télévisé original affectent le spectacle. Edina et Patsy sont assez géniales pour ne pas avoir besoin de passer en mode XL au cinéma, et les apparitions de vedettes sont nombreuses et drôles, mais elles ne peuvent pas vraiment compenser le sentiment que "Ab Fab : Le film", est comme ses deux héroïnes : en fin de course et à bout de souffle.

Puis la démesure et l'humour s'avèrent finalement payants. Jon Hamm se présente, torturé et silencieux, toujours furieux contre Patsy qui lui a pris sa virginité jeune homme. Edina ouvre son cœur et avoue son amour pour Saffy au moment opportun puis est furieuse lorsqu'elle découvre qu'elle n'avait finalement pas besoin de se montrer sincère. Pour les fans, le film recycle d'autres moments classiques de la série, et ainsi se répète (par exemple lorsque Patsy traite Saffy de "troll féminin").

Avec ce sentiment de déjà-vu, le spectateur est laissé avec l'impression que c'était peut-être mieux la première fois. Il est aussi étonnant que dans le film, l'amitié entre Patsy et Edina soit accentuée, alors que la série télévisée présentait leur relation comme plus difficile, avec des liens de codépendance et des jeux malsains. La satire du monde de la mode et des relations publiques n'est plus aussi grinçante non plus, tout simplement parce que "AbFab" l'avait déjà fait au début, il y a 24 ans. "AbFab" avait alors une expertise comique des excès et des fourberies de ces deux univers : d'autres émissions et films l'ont suivi et l'ont imité. Les mêmes ressorts comiques n'ont plus le même mordant. Mais dans la salle, votre fan et tous les autres autour de lui, aiment toujours passer du temps avec Eddie et Patsy. Personne ne fait de bourdes ridicules comme elles. Personne ne boit comme elles. Personne n'abuse de substances illicites comme elles. Personne ne questionne avec cet humour la faiblesse, les ambitions frustrées, la graisse, la mortalité, l'amour... ni comment vivre sur la Côte d'Azur en cavale accusées du meurtre d'une mannequin. Il est dommage que les choses soient résolues abruptement et un peu trop facilement à la fin. Mais, comme le dit Edina à Lola, "c'est ça la vie" et cette caravane d'alcool et de mésaventures se doit d'être savourée.

Pourvu que ces dames se dévergondent encore longtemps et continuent de mettre le feu à nos vies !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !