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Une gauche sans contre-pouvoir 
en France pourrait bien être 
un désastre européen
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Omnipouvoir

Si le Parti socialiste remporte les élections législatives, il disposera de tous les pouvoirs en France, des villes à l'Elysée, en passant par le Sénat. Sans contre-pouvoir, François Hollande serait libre de mener la politique de son choix, quitte à menacer la fragile stabilité économique de l'Europe.

Aurélien Véron

Aurélien Véron

Aurélien Véron est président du Parti Libéral Démocrate et auteur du livre Le grand contournement. Il plaide pour passer de l'Etat providence, qu'il juge ruineux et infantilisant, à une société de confiance bâtie sur l'autonomie des citoyens et la liberté. Un projet qui pourrait se concrétiser par un Etat moins dispendieux et recentré sur ses missions régaliennes ; une "flat tax", et l'ouverture des assurances sociales à la concurrence ; le recours systématique aux référendums ; une autonomie totale des écoles ; l'instauration d'un marché encadré du cannabis.

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La victoire de François Hollande n’est pas une victoire aussi franche et enthousiaste que celle de son prédécesseur en 2007. Le vote blanc prend d’ailleurs de l’ampleur avec plus de 2,1 millions de bulletins nuls ou blancs. Pour autant, la gauche est en passe d’avoir les pleins pouvoirs à tous les niveaux de décision, des villes à l’Elysée en passant par les territoires, le sénat et en juin, comme c’est probable, l’assemblée nationale. L’arrivée d’un socialiste à l’Elysée consacre néanmoins 5 années de reconquête des territoires. Comme lors de la victoire des municipales de 2008, des européennes de 2009, des régionales de 2010 et des sénatoriales de 2011, le succès repose sur un vote de dépit et non d’adhésion.

L’absence de contrepouvoirs à la présidence de François Hollande plonge non seulement la France dans une zone à risque, mais aussi l’Europe. La presse s’est moquée de l’hyper présidence de son prédécesseur. Mais François Hollande sera demain un président sans aucune opposition, à aucun niveau. Aucune figure socialiste n’osera lui opposer une contradiction ferme ces prochaines années. La seule opposition interne sera celle de l’extrême gauche, verts et communistes, qui continuent (hélas) à nourrir le terreau de la gauche dans sa diversité. Le débat risque donc de se réduire à une surenchère gauchiste, et d’éloigner le PS de son ambition de recentrage vers la ligne sociale libérale prônée notamment par Manuel Valls ainsi que les Strauss-Kahniens dépités.

Quel sera le poids de cette extrême gauche dont le PS se sert comme d’une voiture balais depuis toujours ? Mitterrand a su faire taire le PCF des grandes années, mais c’était un vieux parti d’après-guerre, fatigué et usé. Les verts et le front de gauche sont au contraire jeunes et portés par la dynamique de la crise. Qui l’emportera du camp Valls/Mosco/Cahuzac ou du camp Hamon/Montebourg/Aubry ? Au mieux, Hollande risque de faire ce que Chirac a longtemps fait, c’est à dire rien en attendant que les marchés signent la fin de la récré (ce qui ne saurait tarder).

La politique d’augmentation de la pression fiscale et de la dépense publique de Hollande menace de déstabiliser l’Europe en s’imposant à contrecourant du reste du continent. Longtemps amarrée à l’Allemagne, la France s’est déjà lentement détachée de ce roc sous l’effet de la politique brouillonne et incohérente de Nicolas Sarkozy. Avec l’accélération de la crise des dettes souveraines, la France risque de se détacher plus nettement de l’Europe du Nord, et d’entrainer dans son sillage des pans entiers de la construction européenne.  Elle risque aussi de donner des ailes aux partis socialistes et travaillistes européens, et de diffuser partout cette vision rétrograde de l’économie et du monde.

La gauche n’a pas gagné par son talent, mais parce que la droite était encore plus mauvaise qu’elle. La raison, c’est que le centre et la droite ont perdu leur boussole depuis la création de l’UMP en 2002. En reprenant tous les leviers de commandement sur cette partie de l’échiquier, les anciens du RPR ont asséché les idées et bloqué le renouvellement générationnel de leur camp. Le signal le plus clair de cette sclérose, c’est l’extinction des voix libérales qui avaient tant dynamisé cette famille jusque là. La défaite de l’UMP aux législatives marquera la fin de cette construction monstrueuse qui ne pouvait mener qu’à l’échec.

Il est temps pour les libéraux de reprendre leur indépendance de cette droite monolithique. Il est temps pour les libéraux de reconstruire non pas le projet d’un seul homme selon la tradition de l’UMP-RPR, mais celui d’une famille rassemblée autour de valeurs et ouverte au débat d’idées en France et en Europe. C’est l’ambition du Parti Libéral Démocrate. C’est celle de nos candidats qui poseront la première pierre de cet édifice en faisant la promotion auprès de leurs électeurs de la liberté. Liberté sans laquelle la prospérité et le bonheur ne peuvent exister.

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