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France Qatar : Je t'aime, moi aussi
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EDITORIAL

Si la monarchie qatarie fait d'importants investissements en Europe, un sentiment de dépossession du patrimoine touche un grand nombre de Français. Cependant certains y voient une réussite de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Un vent de xénophobie économique souffle sur notre douce France. A l’origine de ce phénomène aussi incompréhensible qu’anachronique, les investissements importants de la monarchie qatarie en Europe, et notamment chez nous, dans des secteurs très symboliques. En vrac, le Fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA) a pris le contrôle du PSG, acheté les droits de retransmission de la Ligue I et l’hôtel Royal Monceau, à Paris. Le Qatar sponsorise aussi le prix de l’Arc de Triomphe (équitation) et assurera le transport des coureurs du Tour de France via sa compagnie aérienne Qatar Airways (cyclisme).

Toutes ces activités associent le petit émirat à quelques fleurons du sport français, milieu populaire et cocardier, ce qui accentue sans doute le sentiment de dépossession de notre patrimoine par ceux qui dénoncent l’« invasion émiratie » (Abou Dhabi a aussi capté, malgré une vive polémique, un bijou de l’héritage français tel que le Louvre qui devrait ouvrir prochainement une annexe sur une petite île vouée à devenir la vitrine culturelle d’Abou Dhabi).

Pour ma part, je vois là l’une des réussites les plus remarquables de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy qui a compris depuis longtemps que le monde changeait et a décidé d’en tenir compte en tissant des liens puissants avec Doha. D’autres, à droite comme à gauche, en sont encore à prôner la démondialisation… Cette région du monde ne connaît pas la crise. Le budget de QIA est équivalent à celui de la Slovaquie. Pourquoi repousser un partenaire économique comme le Qatar qui, de surcroît, tente de jouer un rôle politique constructif dans cette zone stratégique ? Je rappelle que l’émir Hamad bin Khalifa al-Thani a plusieurs fois rendu des services de médiateur dans les moments les plus tendus du conflit entre Israël et les Palestiniens. Il a parfois aussi aidé les occidentaux lors de négociations pour obtenir la libération d’otages retenus par des organisations terroristes islamistes.

Certes, tout n’est pas rose au pays du gaz. La démocratie avance à pas de fourmi. La presse a très peu de marge de manœuvre. La fameuse chaine d’information Al Jazeera où s’exerce pourtant un certain pluralisme proscrit toute forme de critique à l’égard du régime qatarie qui la contrôle. Mais la charia en vigueur au Qatar n’a rien à voir avec celle qui s’applique en Arabie Saoudite.

En investissant dans l’entertainment hexagonal, Doha cherche à améliorer son image. Souhaitons simplement qu’à la longue, la réalité du pays finisse par se confondre avec sa réputation.

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