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À Rome, sous l'obélisque Mussolini, repose toujours un parchemin visant à transmettre les visées du fascisme aux générations futures des prochains siècles
©Reuters

Héritage

Le Codex Fori Mussolini est un parchemin sur lequel sont écrits, en latin, les accomplissements du dictateur italien lors du régime fasciste qu'il a mené. Si l'écrit demeure inaccessible sous les 300 tonnes que pèse l'obélisque de Mussolini, deux chercheurs ont réussi à retranscrire son contenu en fouillant dans les archives romaines.

L'obélisque Mussolini est déjà une curiosité en soi. Alors que tous les monuments de l'Italie fasciste ont été démolis et que les inscriptions à la gloire du dictateur italien ont été effacées, ce vestige est quant à lui resté debout à l'entrée du gigantesque complexe sportif Foro Italico que Mussolini avait fait construire en prévision des Jeux Olympiques de 1944.

Toujours debout

Mais cet obélisque ne se résume pas à 300 tonnes de marbre de Carrare élevées en 1932 à la gloire de Mussolini, véritable démonstration de pouvoir. Si l'inscription "MVSSOLINI DVX" – Dux voulant dire "chef" en latin – gravée sur l'une de ses faces, menaçait de s'effacer au fil des siècles, les générations futures qui viendraient faire des fouilles archéologiques à cet endroit pourraient tout de même savoir à qui était dédié cet illustre monument. Pour cause, à la base du monolithe repose le Codex Fori Mussolini, un parchemin de 1 200 mots rédigé en latin qui relate les agissements glorieux de l'homme d'Etat italien et les valeurs du fascisme, rapporte le site The Atlantic.

Oublié au fil des années, ce parchemin demeure inatteignable. Pas un problème pour Bettina Reitz-Joosse et Han Lamers, deux professeurs universitaires qui sont allés fouiller dans les archives romaines pour essayer de reconstituer le message porté par le mystérieux parchemin, afin de le publier. La chaîne britannique BBC a révélé une partie de son contenu, rédigé à l'époque par un certain Aurelio Giuseppe Amatucci, en trois parties.

Culte du chef

La première partie est dédiée aux achèvements auxquels a conduit le fascisme ainsi que l'arrivée au pouvoir de Mussolini. L'Italie est décrite comme au bord du désastre après la Première guerre mondiale avant d'être sauvée par le dictateur, qui va alors "régénérer le pays grâce à ses idées et sa détermination, retranscrit Han Lamers. Le texte présente Mussolini comme une sorte de nouvel empereur romain, mais également, dans un langage biblique, comme le sauveur du peuple italien".

S'en suite la deuxième partie, consacrée à l'Opera Nazionale Balilla, une organisation de jeunesse ayant pour but d'inculquer aux enfants et adolescents le culte du régime et du chef. Cette organisation disparaîtra ensuite pour donner naissance à la Gioventù Italiana del Littorio, l'équivalent italien des Jeunesses hitlériennes. Enfin, la troisième et dernière partie du texte parle de la construction du complexe sportif Foro Italico, à l'époque appelé Foro Mussolini.

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Passé et futur

Enterré à la base de l'obélisque en compagnie de plusieurs pièces d'or lors de l'élévation du monument, cette démarche décidée par Mussolini faisait écho aux découvertes archéologiques de l'époque, qui mettaient alors en lumière les vestiges de la Rome antique, préciseThe Telegraph. Une manière pour le dictateur qui se comparait souvent à l'empereur Auguste de concrétiser son rêve : faire retrouver à l'Italie sa grandeur d'antan.

D'où, d'ailleurs, l'écriture en langue latine, que les fascistes de l'époque voulaient à nouveau ériger en langue internationale du fascisme – le fascisme a pour étymologie fascio, le faisceau de verges associé d'une hache que les licteurs, l'escorte des magistrats de la Rome antique, utilisaient en tant qu'arme de répression.

Mais l'ironie principale de ce codex à destination des générations futures se trouve dans l'acte lui-même de l'enterrement. "La découverte du parchemin est conditionnée à la chute de l'obélisque, et donc celle du fascisme. Les fascistes imaginaient donc déjà leur déclin et chute", suppose Bettina Reitz-Joosse.

En tout cas, ils n'imaginaient pas que leur mouvement s'éteigne, mais que leur obélisque demeure debout en plein cœur de Rome. Et pourtant.

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