Et si les hyper riches avaient aussi une utilité sociale...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Et si les hyper riches avaient aussi une utilité sociale...
©

Mécènat

Si les hyper-riches constituent un parfait bouc-émissaire en période de crise, ils n'en sont pas moins utiles à la société. En période de prospérité, ils entretiennent le fantasme de millions d'individus qui placent leurs espoirs dans un monde qui leur serait plus généreux.

François Tripet

François Tripet

François Tripet est avocat fiscaliste.

Avocat au Barreau de Paris depuis 1978, il est essentiellement un " patrimonialiste international " qui, avec son équipe, apporte son concours et son assistance à plus d'un millier de familles réparties sur les cinq continents.

François Tripet est l'auteur de l'ouvrage de réference "Droit Fiscal Francais et Trusts patrimoniaux Anglo-saxons " ( LITEC, 1989 )

Voir la bio »

Débarrassé de tout souci matériel, l'hyperriche est généralement motivé ( sinon obsédé ) par le besoin de laisser de lui une image plus valorisante que celle de l'oncle Picsou assis sur sa montagne de billets de banque. Les Français sont probablement le seul peuple au monde qui pense qu'un hyperriche, lorsqu'il se lance dans des activités valorisantes, cherche d'abord à faire pardonner sa fortune. En fait, un hyperriche n'est jamais préoccupé de s'excuser de sa richesse car il pense toujours l'avoir acquis de façon légitime ; il est bien davantage soucieux de survivre dans la mémoire collective grace à ses actions valorisantes qui prennent deux directions : soit celle de l'art et de la culture, soit celle de la philantropie.

Coté Culture, qui se souvient de Jacob Fugger, banquier richissime qui, vers 1500, financait les papes , les rois et les empereurs ? Personne ! car M. Fugger eut le malheur de ne jamais entreprendre d'autres activités que celles de faire fructifier ses finances. En revanche, chacun se souvient de Crésus, roi de Lydie en 597 avant JC, propriétaire du fleuve aurifère Pactole, qui fit construire le temple d'Artémis à Ephèse, l'une des sept merveilles du monde. Plus près de nous, Henry Clay Frick, le Baron André ou Calouste Gulbenkian seraient probablement passés à la trappe de l'histoire s'ils n'avaient légués au Public des merveilleuses collections que chacun peut visiter à New York, Paris ou Lisbonne.

Coté Philanthropie,on s’aperçoit que de très nombreux milliardaires de la « liste des Mille » développent une activité philanthropique dont l’importance est insoupçonnée, sans doute parce que nombres d’entre eux cultivent la discrétion aussi bien dans leurs affaires que dans leurs activités sociales.

C’est ainsi que, pour ne prendre que quelques exemples autour de la planète :

- le milliardiaire nigerian Dangote, qui pèse 12 MM de $ a consacré plusieurs centaines de millions d’euros à bâtir des écoles, des orphelinats, des dispensaires et des lieux culturels dans six pays de l’Afrique de l’Ouest

-le milliardaire sud africain Johan Rupert (propriétaire de l’empire du luxe Richemont ) est à la base de tout l’ecotourisme sud africain, gage de centaines de milliers d’emplois et de substantielles recettes publiques en provenance de l’eco tourisme des parcs sud africains.

- Li Ka Shing, le milliardaire de Hong Kong qui pèse plus de 26 MM de $, a suscité et finance une considérable economie sociale et hospitalière à Hong Kong qui se chiffre par centaines de millions de dollars.

- Oprah Winfrey, la star noire reine de la TV américaine, qui pèse plus de 2 MM de $ est considérée comme la plus philanthropiste des hyperriches puisqu’elle a consacré plus de 500 M de $ à l’Oprah Angel Network qui œuvre de façon considérable à la scolarisation des enfants des townships d’Afrique du Sud

- bien sûr, chacun connaît la Belinda and Bill Gates Foundation, dotée de 37 MM de $ auxquels s’ajouteront bientôt les 30 MM de $ promis par Warren Buffett, en sorte qu’elle devient le premier empire philanthropique du monde avec des dépenses de 3,2 MM de $ par an( bientôt portés à 6 MM de $ ) pour ses œuvres éducatives et de santé dans le Tiers Monde ( soit le double du budget social public total de l’Australie ! )

- on pourrait citer également la fondation de Georges Soros qui accorde chaque année 90 M de $ d’aides et de bourses d’élèves ou d’etudiants, le chèque de 400 M de $ de John Kluge ( empire multimedia américain ) à la Columbia University of New York, ou la considérable activité de réhabilitation des drogués par la Virgin Unite de Richard Branson.

On pourrait également citer les centaines de millions donnés chaque année par les fondations charitables de personnalités très connues comme le cinéaste Georges Lucas, l’hotelier Barron Hilton, le financier et maire de New York Bloomberg, l’inventeur des ordinateurs Michael Dell et même le jeune Marc Zuckerberg ( Facebook ) au point qu’un club des Donateurs Engagés ( ceux qui se sont liés à léguer plus de la moitié de leur fortune à des œuvres philanthropiques ) s’est constitué dans le monde sous le vocable de « Giving Pledge » et regroupe déjà 54 milliardaires.

Plus étonnant encore est le cas de Liliane Bettencourt, victime d’une véritable omerta de la part des médias français : qui dira qu’elle a doté la Fondation Schueller de 800 M d’€ qu’elle portera vraisemblablement à 1,5 MM d’€ à son décès, et qu’elle est la première philanthrope de France notamment dans le soutien de l’excellence artisanale, la recherche scientifique, l’alphabétisation et l’enfance déshéritée ?

Tous ces milliardaires savent qu’ils oeuvrent aussi à ce que leur nom leur survivent par l’entremise de leurs nouveaux empires « de générosité » pour l'éducation, la santé, la démocratie ou l'enfance.

En définitive, vouloir taxer les riches en période de crise pour les faire disparaitre de l'écran de la jalousie, est aussi vain que le projet de Robespierre de vouloir tuer tous les privilégiés pour créer l'homme nouveau égalitaire. Deux siècles plus tard, ni la richesse,ni la pauvreté, ni l'inégalité n'ont disparu de la surface de notre planète. Il est une vérité qu'il est bon de rappeler : aucun hyperriche ne l'est devenu par intention. Ce sont les autres qui font de l'hyperriche ce qu'il devient : il se contente de ne pas laisser passer sa chance.

En définitive, les hyperriches sont utiles à la société : en période de prospérité, ils entretiennent le fantasme de millions d'individus qui placent leurs espoirs dans un monde qui leur serait plus généreux. En période de crise, ils servent de précieux boucs émissaires canalisant le ressentiment de la cohorte des "souffrants" ( terme contemporain désignant tous ceux qui ne sont pas contents de leur sort ). Quand ils ont disparu, ils nous laissent souvent des traces sublimes de leur bonne fortune par l'effet de leur philanthropie ou de leur merveilleuses collections d'art ouvertes au public.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !