A chacun son heure : cette révolution du réveil que nous ne devrions pas rater<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Photo prise le 26 mars 1976 à Paris de réveille-matin.
Photo prise le 26 mars 1976 à Paris de réveille-matin.
©AFP

Snooze snooze

La pandémie nous a permis d’être plus libres d’adapter nos chronotypes à nos horaires de sommeil et de lever. Et nous devrions tirer les conclusions des bienfaits produits avant de revenir aux rythmes antérieurs façon « taille unique ».

Marc Rey

Marc Rey

Le Dr Marc Rey est président de l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Neurologue, il a été responsable du Centre du Sommeil de l’Hôpital de la Timone – AP-HM à Marseille.

Voir la bio »

Atlantico : Est-ce que le fait d'avoir des chronotypes différents pourrait être pris en compte et modulé dans nos sociétés modernes ? Est-ce viable pour la performance des employés ?

Marc Rey : Il y a un certain nombre de choses qui se discutent actuellement. Par exemple le fait que les cours pourraient commencer plus tard, on sait que les adolescents sont plus du soir que du matin, et qu'il y a un deuxième facteur : le temps de transport entre le domicile et l'école, qui fait que l'on conditionne un lever trop précoce pour les adolescents. Il est évident qu'il faudrait décaler l'heure de début des cours, pour éviter que les adolescents arrivent fatigués à l'école, étant plus souvent du soir que les retraités par exemple.

Il faut savoir que notre chronotype évolue au cours de la vie, on n'a pas le même chronotype étant nourrisson et à 90 ans. Il change, et le besoin en sommeil aussi. Donc oui, le chronotype est très important, et c'est une chose sur laquelle on essaie de faire avancer la société.

En effet, lorsque l'on est en télétravail, nous ne sommes pas tenus de commencer à la même heure, et on gagne le temps de transport. Si vous aviez l'habitude de travailler à 9 h, mais que vous aviez une heure de transport, ça voudrait dire se lever beaucoup plus tôt, alors que là, vous pourrez vous lever à 8 h pour être facilement "au travail" à 9 h. On peut aussi moduler ses horaires plus facilement. Il faut faire attention tout de même, nous avons observé au premier confinement un coucher bien plus tardif, les gens étaient devant leurs écrans, les chaînes d'information ou de divertissement, et le rapport au fait de se coucher tard s'est modifié. Le travail n'est pas le seul facteur à conditionner notre sommeil, on a aussi nos loisirs. Il faut que les gens apprennent à se connaître pour éviter d'avoir des loisirs qui les détruisent complètement.

À Lire Aussi

Pour trouver le sommeil, il faut éviter d'y penser !

Pourrait-il y avoir des bénéfices sur la santé et la qualité du sommeil de pouvoir s'accorder à son chronotype ?

Bien sûr, on sait qu'il existe des typologies. Globalement, il y a 1/3 de personnes (les adultes, entre 25 et 55 ans) qui sont du soir, et les 2/3 du matin. On sait aussi que le facteur varie avec l'âge, les adolescents sont en moyenne plutôt du soir, et les personnes âgées plutôt du matin. On a à la fois un effet génétique et un effet acquis avec l'âge.

Que l'on tienne compte de son chronotype, c'est très important, si quelqu'un est du soir et qu'il décide de faire boulanger, il s'inscrit au malheur à vie. De même qu'un travailleur de nuit, il vaut mieux qu'il soit du soir que du matin. Mais de là à dire que si toute la société pouvait travailler à ses horaires tout serait génial, ce n'est pas réaliste. Nous devons évidemment trouver un rythme commun pour coopérer. C'est l'un des problèmes que nous retrouvons dans les familles recomposées par exemple, où les enfants dorment sur des rythmes différents en alternant entre leur mère et leur père. Nous devons trouver des rythmes communs pour vivre ensemble. Nous avons aussi un bel outil pour huiler les rouages : la sieste. Elle sert plutôt aux gens du matin, et elle peut s'effectuer en fin de matinée ou en début d'après-midi. Une fois que l'on connaît son chronotype, on peut apprendre à gérer son sommeil, pour vivre au mieux en société ainsi que dans notre activité professionnelle ou nos loisirs.

En janvier 2021, nous avons fait une enquête sur les gens qui vont au lit avec leur portable, et qui s'endorment ainsi. Il y en a énormément, et c'est un désastre pour le sommeil.

Qu’en est-il de nos possibilités d’adaptation de ces chronotypes à nos sociétés ? Existent-elles déjà ?

Des gens sont plus couche-tard, d'autres plus couche-tôt, et on ne peut pas dire que tout est bien d'un côté ou de l'autre. Il est certain que les rythmes sociaux se doivent d'avoir une certaine synchronie entre les individus, et que chacun ne peut pas vivre selon son rythme propre. Si chaque élève se permet d'arriver à l'heure qu'il veut en classe, nous serons dans une impasse. Ce que l'on dit pour les chronotypes n'est pas forcément généralisable partout. On se doit d'avoir des données constantes.

À Lire Aussi

La pandémie a changé nos habitudes de sommeil et voilà pourquoi c’est probablement une très bonne chose

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !