4G : pourquoi elle met si longtemps à se mettre en place chez nous <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Les opérateurs arguent que les constructeurs de mobile ne proposent pas encore une gamme compatible avec la 4G.
Les opérateurs arguent que les constructeurs de mobile ne proposent pas encore une gamme compatible avec la 4G.
©

4ème dimension

La quatrième génération des standards de télécommunication pour la téléphonie mobile, plus communément appelée « 4G », est attendue de nombreux Français. Elle a commencé à être mise en place mais force est de constater que l’accès au réseau est encore très limité.

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle est docteur en sociologie et ingénieur télécom (ENST Bretagne). Elle est professeur à l'ISC Paris et co-fondatrice de la Chaire Digital BusinessSes domaines de recherche couvrent les usages des TIC (téléphone portable, Internet, médias sociaux…)

Elle a publié La télévision mobile personnelle : usages, contenus et nomadisme,  Les usages du jeu sur le téléphone portable : une mobilisation dynamique des formes de sociabilité  aux Editions L'Harmattan et J'arrête d'être hyperconnecté ! : 21 jours pour réussir sa détox digitale chez Eyrolles.

Voir la bio »

Atlantico : Les différents constructeurs de mobiles ont abreuvé le marché de Smartphones dernier cri compatibles avec la technologie 4G, qui permet de bénéficier d'un Internet mobile au débit dix fois supérieur à l'actuel. Pourtant, à la différence de leurs homologues américains, les opérateurs français n'ont que peu déployé leurs réseaux. Pourquoi l’accès au réseau 4G est-il encore très limité en France et plus largement à l’échelle européenne ?

Catherine Lejealle : Alors que la 4G est largement déployée dans le monde notamment au Japon, en Corée ou aux Etats Unis, certains pays d’Europe, et particulièrement la France, ne sont effectivement pas en avance (pas tous en retard en Europe car à Oslo et Stockholm, Telia Sonera avait lancé son service fin 2009). Plusieurs raisons l’expliquent. D’abord, la mise aux enchères des fréquences 4G par l’ARCEP date de fin 2011 en France, donc tard.

Deuxièmement et principalement, l’arrivée de Free en janvier 2012 a considérablement réduit les bénéfices des opérateurs qui ont du se réorganiser pour faire face à la baisse massive des forfaits. Ils estiment alors préférables de rentabiliser leurs infrastructures 3G dont l’investissement est encore récent et qui suffit aujourd’hui à répondre aux besoins des usagers et ce encore pour les deux ou trois prochaines années. Rappelons que la 3G n’a vraiment décollé qu’avec l’arrivée de l’Iphone en 2007 et des smartphones accessibles. Ce n’était pas le cas aux Etats-Unis puisque les réseaux des deux principaux opérateurs (ATT et verizon) n’étaient pas de la qualité des réseaux français et étaient déjà saturés lors de l’arrivée de l’Iphone.

Tersio, les opérateurs arguent que les constructeurs de mobile ne proposaient pas encore une gamme compatible 4G, ce qui est aujourd’hui le cas. Reste à savoir de quelle 4G on parle puisque la 4G actuellement déployée est la version LTE et pas encore la LTE Advanced qui est la vraie 4G.  

Doit-on attribuer ce retard européen à des coûts trop élevés ? La facture des abonnés "très haut débit" est-elle plus élevée que celle des clients 3G ?

La conjonction des facteurs (réseau 3G non saturé, arrivée de Free, fréquences attribuées tard) explique que les opérateurs ne se pressent pas. Les forfaits 4G déjà sortis (SFR le 29/11/2012) et Orange en février 2013, la positionne comme nettement plus chère. Il n’est pas évident que les consommateurs sautent le pas tant que la 3G donne des débits et temps de réponse satisfaisants. Mais pour Orange et SFR la 4G est devenue le cheval de bataille, annoncé à grands coups de marketing (Etes vous 4G ready ?) car c’est leur seul facteur clé de différenciation par rapport à Free.

Le déploiement de la 4G à grande échelle est très attendu cette année. Comment, quand et où va-t-il se faire ?

Le déploiement touche d’abord les grandes villes comme Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Lille, Nantes, etc. Rappelons que les obligations de couverture imposées par l’ARCEP sont pour 2015. Il faudra au 11/10/2015 que 25% du territoire national soit couvert pour les réseaux 2, 6Ghz. Il n’y a donc pas urgence légale mais cela s'avère nécessaire pour se différencier. 

Pour l’instant, Orange est leader du réseau 4G. Comment expliquer que tous les réseaux ne puissent pas accueillir la 4G de la même façon ?

Effectivement, Orange annonce qu’à la fin de l’année 40% de la population (pas du territoire !) devrait pouvoir capter la 4G. Installer des antennes 4G suppose d’avoir des lieux autorisés, actif dont dispose Orange. Par ailleurs, les opérateurs discutent entre eux pour signer des accords de partage de réseau afin de mutualiser les investissements mais rien n’a encore abouti.

L’audit de l’ARCEP au 1er juillet 2013 indique que sur les 3901 sites autorisés pour la 4G, seuls 1381 sont activés. Cela donne une idée de l’état actuel du déploiement. Orange est effectivement le plus avancé suivi de Bouygues puis de SFR. L’avance de Bouygues est également liée à la décision du 14 mars 2013. C’est une date-clé en matière de 4G. L’opérateur a été autorisé a utiliser ses infrastructures 3G dans la bande 1800 MHz pour déployer la 4G à condition de restituer au préalable les fréquences avant le 1/10/2013. Free a fait appel à la décision mais elle est maintenue.

En conclusion, l’arrivée concrète de la 4G en France sera une réalité d’ici Noel 2013 avec des mobiles compatibles, un réseau déjà opérationnel dans les grandes villes et des offres commerciales. Reste à savoir si en temps de crise, les usagers estiment que le delta de prix se justifie ou si compte tenu de leurs usages actuels, la 3G suffit. Ayant pris l’habitude depuis l’arrivée de Free de forfaits illimités peu coûteux et de qualité, quand les usagers en ressentiront-ils le besoin de payer davantage ?  

Propos recueillis par Karen Holcman

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !